Les statistiques, dans n’importe quel sport, sont parfois difficiles à appréhender. Parfois, elles ne reflètent en rien les émotions vécues par le spectateur. Mais parfois, certaines sont amusantes et insolites : aujourd’hui, concentrons nous sur les statistiques les plus folles, les records intouchables de notre sport.
Deux pilotes se démarquent tout de suite à l’évocation du mot « record » : Valentino Rossi et Giacomo Agostini. Les deux Italiens ont dominé le monde des Grands Prix en leur temps, et seules les statistiques permettent de s’en apercevoir correctement. Premier exemple : le nombre de victoires en catégorie reine.
« Vale » en compte 89. Il devance le « Roi Ago », qui en compte 68. C’est 21 victoires de plus, ce qui est absolument énorme : Mais Márquez, lui, détient 56 trophées. Rendez vous compte, il faudrait encore un peu plus de quatre ans de domination totale du champion du monde 2019 (à raison de huit victoires par saison, sa moyenne en carrière) pour égaler le record du « docteur ». Ce n’est peut être pas intouchable, mais c’est déjà très sérieux et aide à bien mesurer ce que représentait Rossi dans ses heures de gloire.
Autre record absolument dingue du n°46 : le nombre de départs. Ce chiffre n’est toujours pas figé, et s’élève à 342 (en catégorie reine uniquement) à l’heure où ces lignes sont écrites. Mais qui est donc deuxième de ce classement ? Ce n’est autre que le brésilien Alex Barros : Il est à presque 100 longueurs derrière (!!!), avec 245 unités, ce qui représente déjà une très belle carrière ! Cette statistique ne sera probablement jamais atteinte de nouveau.
Outre ses 15 titres dans les trois catégories qui sont absolument imprenables, Agostini est aussi un client. Il a par exemple pris (tenez vous bien) sept titres consécutifs en 500CC, de 1966 à 1972. Márquez, le dernière vainqueur du général, doit encore rafler les éditions 2020, 2021 et 2022 pour battre le record.
Agostini est hors catégorie. Sa domination, ainsi que celle de MV Agusta, fut écrasante. Ici au Grand Prix d’Allemagne 1976 en catégorie 350CC. Photo : Spurzem.
Il a également remporté 20 victoires consécutives (sur deux saisons, à cheval entre 1968 et 1969). Pour information, le deuxième derrière lui en compte 12. Pour mettre en relation avec les temps moderne, comparons cela aux pilotes encore en activité. Márquez est à 10, et Rossi à 7 victoires consécutives. Ce qu’avait réalisé Ago était parfaitement ahurissant.
Des records similaires à ceux-ci, les deux compatriotes en ont à la pelle. Mais concentrons nous aussi sur d’autres grands pilotes. Dani Pedrosa est aussi dans les tablettes, mais dans une catégorie plus insolite. Il détient le plus grand nombre de victoires sans jamais avoir remporté un championnat, et l’écart entre lui et Andrea Dovizioso est effarant.
L’Espagnol est monté à 31 reprises sur la plus haute marche, contre 14 pour l’Italien dont 13 chez les rouges. À raison d’1,8 victoires par an pour « DesmoDovi » (sa moyenne annuelle depuis qu’il a rejoint Ducati en 2013), il lui faudrait plus de neuf saisons pour atteindre le record de Dani.
Andrea Dovizioso n’est pas en reste niveau records : il en détient un qui restera sa propriété pendant une paire d’années encore. En effet, il n’a pas raté un seul départ depuis son arrivée en MotoGP, en 2008. Pas un seul. Cela représente 215 extinction des feux consécutives, contre 170 pour Valentino Rossi (de 2000 à 2010). S’il tient ce rythme, ce nombre peut encore grimper très haut. Pour la comparaison, Márquez n’a lui non plus jamais raté un seul départ. Il en est actuellement à 127 unités. Si Dovi mettait un terme à sa carrière aujourd’hui même, il faudrait presque cinq ans sans rater la moindre course au pilote Honda Repsol pour arriver à sa hauteur.
Andrea Dovizioso n’a pas encore raté un seul départ en MotoGP, mais aussi dans sa carrière en général, soit 313 courses.
Cocorico ! Nous sommes aussi dans l’histoire, mais pas avec les chiffres les plus plaisants. En effet, Fabio Quartararo est désormais l’homme qui a scoré le plus de poles positions sans jamais remporter un Grand Prix (avec six unités). Il devance …Johann Zarco, qui en dénombre quatre. On espère bien sûr de tout cœur que ce record ne sera bientôt plus franco-français.
Certaines victoires acquises à des âges avancés, comme celle de Fergus Anderson au Grand Prix d’Espagne 1953 à 44 ans, ne seront pas réitérées. Ces chiffres amusants mettent en lumière autre chose : Au vu de la complexité des machines et de la condition physique nécessaire à l’heure actuelle, certains faits semblent juste être d’un autre temps.
Comment parlerons nous des records de nos pilotes actuels dans quarante ans ? Au final, il ne s’est écoulé (qu’une) soixantaine d’années, nous montrant combien notre sport a évolué, et grandi en peu de temps à l’échelle humaine. Allez, rendez-vous en 2060 !
