Certains tracés, à l’image du Mugello, se
distinguent par de magnifiques courbes rapides. D’autres, comme
Assen, impressionnent de par leur histoire. En
revanche, certains circuits ne correspondent tout simplement pas à
la MotoGP. « L’Indianapolis infield »,
ou « circuit intérieur d’Indianapolis » en français, est
de cette catégorie.
Construit en 1909, le circuit de vitesse d’Indianapolis s’impose
rapidement comme l’un des plus prestigieux sur le globe.
Accueillant les fameux 500 miles chaque
mois de mai, il bénéficie d’une grande réputation.
À la fin des années 1990, les instances jugent bon de refaire venir
la Formule 1 en Indiana. Autrefois, les 500 miles comptaient pour
le championnat du monde des pilotes et il n’était pas rare de voir
des stars (Jim Clark, Graham Hill) disputer
l’épreuve.
Il faut être honnête : une course sur l’ovale n’aurait pas de
sens. C’est pour cette raison que fut construit un circuit
intérieur pour l’an 2000. Plat, le circuit peine à convaincre.
Le scandale de 2005, où six voitures seulement
prirent le départ à cause des pneumatiques fit peine à voir.
Fin 2007, la F1 quitte les lieux pour laisser place … à la
MotoGP. Les organisateurs, afin d’adapter le circuit aux
motos, décidèrent de changer le sens du tracé. Une décision rare,
qui toucha aussi Misano
après l’accident de Wayne Rainey en 1993.
La venue du mondial, sponsorisée par Red Bull,
se fait en grande pompe. En effet, cela faisait 99 ans que les
deux-roues n’avaient foulé le tracé. Une véritable célébration
constituée de plusieurs courses et autres activités était
planifiée.
Au final, pas grand chose. Tout d’abord, le week-end 2008 fut
marqué par le passage de l’ouragan Ike, responsable de l’annulation
de la course 250cc. Valentino Rossi s’impose tout
de même en catégorie reine, suivi de Nicky Hayden
et Jorge Lorenzo. La course fut stoppée au bout de
vingt tours, en raisons des conditions climatiques affreuses.
D’ores et déjà, l’asphalte pose question. Ce dernier n’est
définitivement pas adapté pour les motos et c’est bien dommage. Le
tracé, parlons-en. Anti-horaire, il s’ouvre sur une grande courbe à
gauche, reprenant le profil du virage n°1 de l’ovale. S’en suivent
un série de virages tortueux, puis le « clou du
spectacle » : le virage n°5.
Ce long gauche, autrefois favori de Marc Márquez,
permet de belles glisses. Il est aussi possible de mentionner le
dernier secteur, bien que dessiné pour la Formule 1. C’est tout.
Sans aucun dénivelé, le tracé ne présente que très peu
d’intérêt.
Certes, de belles batailles y prennent place : en 2014, Jorge
Lorenzo et Marc Márquez croisent durement le fer, à l’avantage de
ce dernier. Fan des « gauches », c’est bien le génie de
Cervera qui détient le record de victoires, avec cinq unités toutes
catégories confondues.
Ces quelques fait d’armes ne peuvent cacher le reste. En 2012,
Casey Stoner s’envole littéralement dans les cieux
de l’Indiana après une subite et étrange perte d’adhérence de
l’arrière. En 2015, Livio Loi triomphe lors d’une
course ubuesque, où certaines Moto3 se sont arrêtées au stand
changer de gommes comme en endurance !
La qualité et l’inconsistance du bitume est pourtant le
point sensible : plusieurs types d’asphalte sont disposés
sur le circuit en même temps. En 2015, Márquez, encore lui,
remporte le dernier Grand Prix d’Indianapolis organisé à ce
jour.
Huit ans, ce n’est déjà pas mal mais diablement court en
comparaison avec d’autres tracés plus récents. Pourtant, l’idée
originelle n’était pas si bête, mais parfois, deux entités
mythiques collées ensemble n’en font pas un troisième.
Photo de couverture : Box Repsol