Jean Graton, monstre sacré de la
bande-dessinée, passionné de sports mécaniques en tout genre et
père de Michel Vaillant, s’en est allé. Bien que
le héros de notre enfance soit pilote automobile avant tout, la
moto prend également une place très importante dans l’univers créé
par le scénariste et dessinateur français.
C’est une partie de la bande-dessinée franco-belge qui décède
aujourd’hui. Né à Nantes en 1923, Jean Graton
connut une enfance très difficile avant de se passionner pour le
dessin. À la suite du décès de sa mère à 11 ans seulement, il fut
élevé par son père ; c’est ce dernier qui emmena le petit Jean
aux 24 Heures du Mans auto pour la première fois,
à l’âge de 14 ans.
Deux ans plus tard, en pleine Seconde Guerre
mondiale, son paternel est fait prisonnier par les forces
allemandes. Après des expériences infructueuses dans le monde
ouvrier, sa passion pour le dessin prit le dessus. Il rejoignit
Bruxelles en 1947, capitale mondiale de la bande
dessinée, pour essayer de se faire une place en plein âge d’or du
neuvième art.
Michel Vaillant apparaît quelques temps plus tard dans
Le Journal de Tintin en 1957. Le coup de crayon plaît
instantanément aux jeunes lecteurs, ce qui ouvre la porte à un
premier tome complet. Deux ans plus tard, l’attendu album, Le
Grand défi, paraît.
La machine est lancée. Dénombrant 76 albums à
l’heure où ces lignes sont écrites, car toujours en cours, la saga
Michel Vaillant est l’une des plus riches du monde de la BD
francophone. Tout le monde, à un moment ou un autre, fut touché par
le héros, sa famille et ses amis, de Steve Warson
à son frère Jean-Pierre en passant par la
Jonquière, le repère familial. Entre temps, son fils Philippe
rejoignit l’aventure, tout comme d’autres scénaristes et
dessinateurs importants tel que Benjamin Benéteau,
Marc Bourgne et Denis Lapière
(entre autres).
La moto eut une place de choix dans l’univers Vaillant. Le
personnage de Julie Wood (qui connaîtra sa propre
saga à partir de 1976) est porté sur le deux-roues, tout comme
certaines aventures de Steve Warson. Ainsi, le
Dakar, mais aussi le trial, le motocross, les
courses de vitesse et les courses sur route (Rendez-vous à
Macao) furent mises à l’honneur.
Jean Graton arrêta le dessin en 2004, s’octroyant
une retraite bien méritée. Ce dernier, qui parcourait le monde pour
coller au plus proche de ses histoires, nous laisse aujourd’hui une
œuvre absolument monumentale et intemporelle.
Le monde des sports mécaniques est, par le fait, très attristé de
cette disparition. En effet, Graton était proche de nombreux
pilotes comme Jacky Ickx, vainqueur des 24
Heures du Mans à six reprises ainsi que d’Alain
Prost, quadruple champion du monde de Formule 1 (1985,
1986, 1989, 1993).
Le courage, la détermination et l’abnégation sont des valeurs
importantes transmises dans Michel Vaillant qui ne
maqueront pas de retentir à jamais dans le cœur des
nostalgiques.
« Celui qui est capable de ressentir la passion, c’est qu’il
peut t’inspirer. »
Marcel Pagnol.
Photo : Cees de Boer, Zandvoort 1983 (avec Patrick Tambay).