Après avoir traité la première partie de la vie et carrière du
légendaire Carlo Ubbiali, il est désormais temps de s’attaquer à la
suite, et à la fin. Après un premier titre mondial avec Mondial (le
jeu de mots n’est pas voulu), il s’en retourna vers la firme qui
l’avait vu naître : MV Agusta.
À partir de 1956, la marche en avant débuta réellement. En 250cc,
il réalisa une année parfaite en remportant toutes les courses de
la saison, un exploit que peu de pilotes à travers l’histoire sont
parvenus à réaliser. Le pire, c’est qu’il faillit faire le doublé
parfait mais son rival Romolo Ferri sur Gilera lui barra la route
sur le Circuit de Solitude en Allemagne.
Au milieu de tout ça, il faut noter que c’est bien lui qui rendit
MV Agusta attractive ! Ainsi, en 1956, la marque
attira l’une de ses plus grandes légendes en la personne de John
Surtees. Ce dernier balaya les deux plus grosses
catégories, à savoir le 350cc et le 500cc. La paire Ubbiali/Surtees
est toujours considérée comme une armada de légende dans l’histoire
de notre sport.
1957 est l’année noire au sein de la carrière du natif de
Bergame. Absent la moitié du temps, il ne put défendre
convenablement ses deux titres mais ce n’était que partie remise
pour ‘58. S’il remporte aisément la 125ccC, Tarquinio
Provini rafle la mise en quarts-de-litre.
MV Agusta se frotte les mains : les quatre titres de champions
leurs sont attribués. Un exploit rare. Entre les deux hommes, une
rivalité importante naquit à compter de ce jour. En 1958,
l’affrontement s’annonçait incroyable.
Les principales firmes italiennes s’étant retirées, seul MV Agusta
pouvait espérer jouer la gagne. Au terme d’un exercice incroyable,
Ubbiali vient s’adjuger les deux titres au nez et à la barbe de
Provini pour deux points seulement en 125cc, et douze en 250cc. Une
fois de plus, il profite de son fantastique style de pilotage,
coulé et très calme pour prendre le meilleur sur son
adversaire.
C’est ce qui caractérisait Ubbiali. La star ne
tombait jamais à une époque où une mauvaise chute était très vite
arrivée. Le « renard » arrivait à faire la part des choses, à
lâcher des points au profit de la constance pour soulever le plus
gros des trophées à la fin de l’année. Son style prudent mais
terriblement efficace lui permit de ne jamais se faire mal en onze
saisons; un exploit !
Ainsi, l’année 1960 fut tuée avant même d’être commencée.
L’annonce du départ de Provini chez Morini ne laissa aucune
place au doute dans les deux plus petites cylindrées. Une
fois de plus, Ubbiali s’imposa tranquillement et décida de prendre
sa retraite instantanément.
Une page se tournait. Ce dernier, toujours très réfléchi, ne voulut
pas attendre de se faire mal pour arrêter et décida de le faire à
son apogée. Neuf titres et bien sûr, le record à
l’époque. Allez, vous voulez une statistique
Ubbialesque ? Il disputa 74 courses en championnat du monde.
Il monta sur le podium à 68 reprises. Les jeux
sont faits.
Légende absolue et respectée de tous, c’est donc un monument qui
s’éteignit en ce 2 juin 2020. Celui qui pava la voie pour Agostini,
Hailwood et posa les fondations de la dynastie MV Agusta en Grand
Prix. Ce véritable passionné, courant encore il y a peu
lors d’événements spécialisés ne sera jamais oublié.
Photo de couverture : Klaus Nahr.