Ángel Nieto et Giacomo Agostini. Seuls ces deux pilotes comptent
plus de titres que Carlo Ubbiali au total. Avec neuf unités,
l’italien égale son compatriote Valentino Rossi et le grand Mike
Hailwood, mais n’en reste pas moins inconnu au bataillon
pour autant.
Dernier témoin de la genèse des Grands Prix en 1949, Carlo nous
quitta ce 2 juin dernier. Mine de rien, c’est un pan de l’histoire
moto qui s’en alla, tant l’héritage du bergamesque fut grand.
En 1947, l’adolescent décida de prendre le chemin de la compétition
moto représentant la vitesse, le danger et l’adrénaline. Une
véritable passion en découla, et c’est tout naturellement qu’il
s’orienta vers des courses de plus en plus conséquentes.
Se cherchant encore, il tenta le Concours International des Six
Jours d’enduro, célèbre et mythique course sur terre. Dans le même
temps, une petite marque se monait du côté de Varèse en Lombardie.
La firme MV Agusta, encore familiale, s’orientait de plus en plus
vers la course dans la plus pure tradition italienne :
la série finançant la compétition.
Les objectifs de cette famille descendante du célèbre comte
Giovanni Agusta étaient encore flous, mais c’est bel et bien vers
1945 que la question se posait vraiment. Toujours dans le même
temps, la Fédération Internationale de Motocyclisme, en pionnière,
décida de monter le premier championnat du monde de
l’histoire en 1949.
Vous l’aurez compris. Ubbiali se fait de plus en
plus remarquer, mais son manque d’expérience l’empêche de prétendre
aux motos italiennes les plus performantes comme les Moto Guzzi,
Gilera et autres Mondial.
Il décide d’opter pour la nouveauté, c’est à dire la voie MV
Agusta. C’est bien simple : seulement trois
pilotes (Giuseppe Matucci, Franco Bertoni et Ubbiali lui même)
représentaient la toute nouvelle firme pour cette première année à
la sauce mondial.
Tous concourraient en 125cc, pour des raisons évidentes de coûts.
Instantanément, Ubbiali se démarqua de ses compatriotes en
terminant la saison en quatrième place. Ceci ne manqua
sûrement pas de démoraliser Bertoni, qui avait été le principal
développeur de cet engin.
Le talent de Carlo crevait les yeux, mais la machine n’était pas
assez bonne. Ainsi, pour 1950, il décida de changer de monture pour
une Mondial, toujours en 125cc. La firme, bien installée et très
compétitive, lui offrit sa première victoire sur l’impardonnable
tracé de l’Ulster. L’année suivante, ce qui devait arriver arriva :
un premier titre bien mérité.
Mais en 1952, la concurrence fut plus rude en 125cc. En ne
réalisant que des deuxièmes places toute l’année, il fut détrôné
par Cecil Sandford sur …MV Agusta. Ces dernières avaient énormément
progressé et rivalisaient avec les Mondial. Étonnamment, Ubbiali
préférait rester dans les plus petites catégories et ne fit jamais
de 350cc – encore moins de 500cc – toute sa carrière
durant.
Sentant le vent tourner, Ubbiali signa de nouveau avec l’écurie qui
le fit démarrer en Grands Prix pour le restant de sa carrière. En
effet, Carlo fut fidèle à la marque italienne pendant les huit
années suivantes. Choix payant.
Malgré deux échecs en 1953 et 1954, l’italien parvint à redresser
la barre et à s’adjuger son deuxième titre mondial en 1955. Il ne
fit qu’une bouchée de la concurrence sur une machine bien
supérieure. C’est en cette même année qu’il testa pour la première
fois la 250cc et ce avec grand succès. Il remporta le très
prestigieux Grand Prix des Nations à Monza lors de son tout premier
essai. Cette course plus qu’encourageante qui lui fit passer le
pas. Jusqu’à la fin de son aventure en moto, il courra dans
les deux catégories simultanément.
Ce début de carrière plus que prometteur ne laissait entrevoir que
des événements magnifiques. Affaire à suivre …
Photo de couverture : Anefo.