C’est en Supersport que les deux frères catalans Guim et Biel Roda se firent connaître en Championnat du Monde en engageant avec succès une Honda 600CBR pour Joan Lascorz. La qualité de leur travail fut reconnue par Kawasaki qui leur confia en Superbike les rênes de l’équipe officielle Kawasaki Racing team, et qui en fut récompensé par cinq titres consécutifs pour Jonathan Rea.
Le coéquipier de Rea, Leon Haslam, était un petit peu moins rapide que Johnny, celui-ci remportant par exemple le titre l’an dernier avec 663 points alors que le fils de Ron Haslam se classait septième au final avec 281.
L’année 2020 a commencé fort différemment, car Alex Lowes est actuellement leader du Championnat avec 51 points, tandis que Johnny Rea est quatrième avec 32. Si la suite de la saison se poursuit de la même manière, la situation risque de devenir compliquée au sein du KRT.
« Alex et Jonathan ont beaucoup de respect l’un pour
l’autre », a expliqué Roda dans un entretien accordé à
Kawasaki. « Alex comprend et respecte le travail que Jonathan a
accompli par le passé et le fait qu’il peut tirer des enseignements
de son expérience et des informations recueillies par le team. Mais
il souhaite également adopter sa propre façon de piloter et essayer
de faire de son mieux. »
« Nous avons beaucoup œuvré pour comprendre ce dont il a besoin, pour lui faire comprendre que la vitesse n’est pas la seule condition pour gagner des courses. Les courses sont longues, et les choses évoluent. Les pneus et l’état de la piste sont des informations dont il a besoin pour apprendre à maîtriser la moto. »
« Je pense que c’est un pilote rapide; je crois qu’il doit juste tout mettre en ordre et le reste viendra. »
« Nous comptons deux pilotes qui ont le potentiel pour gagner, ce que nous acceptons. Nous devons simplement gérer la responsabilité de chacun. Quand ils doivent se battre sur la piste, ils doivent juste faire attention à ne pas commettre d’erreurs, car les conséquences seraient mauvaises pour l’équipe. Lorsque des coéquipiers doivent se battre pour gagner des courses, le risque pour l’équipe est plus élevé, mais c’est quelque chose que l’équipe accepte. »
« La motivation des pilotes est toujours dans l’intérêt de l’équipe, celui du constructeur. Nous essayons de leur expliquer qu’ils doivent être responsables, mais je pense qu’ils font plus que le comprendre. Ils prennent le risque de repousser les limites sans les franchir. Ce que nous leur demandons, c’est d’être justes, de faire une course intelligente ; ils doivent gagner ensemble. »
« La concurrence est rude. C’est sûr que c’est une année difficile. Yamaha compte deux bons pilotes, ils commencent à avoir beaucoup d’expérience avec cette moto. L’année dernière, Ducati en était à sa première année avec la nouvelle machine et cette année, ils sont plus expérimentés et seront beaucoup plus compétitifs avec les deux pilotes. »
« Je pense que ce sera une année délicate, comme nous l’avons observé en Australie, nous devrons donc travailler très dur pour maintenir la dynamique et gagner. Nous allons voir si nous pouvons recommencer bientôt. »
« Gagner est un peu synonyme de responsabilité, car quand nous avons commencé à avoir du succès, nous n’avions pas la pression de continuer à gagner tout le temps. Nous gagnons maintenant depuis de nombreuses années, si bien qu’un podium sans victoire peut se révéler frustrant. Parfois, nous devons nous rappeler qu’il n’est pas possible de remporter toutes les courses. Nous devons accepter que tôt ou tard, nous ne gagnions pas. Mais en attendant, nous essayons de ne pas perdre notre rythme et de continuer à gagner. »
« C’est une pression supplémentaire pour nous, mais aussi une source de fierté. Lorsque vous gagnez, vous êtes la référence et les gens comptent sur vous pour apprendre. Ainsi, si d’autres équipes ou d’autres pilotes nous regardent pour apprendre et améliorer leur performance, c’est quelque chose dont nous sommes fiers et nous aimerions continuer comme ça. »
Photos © Kawasaki et Worldsbk.com / Dorna