Nous perpétuons notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.
A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui fait plonger chaque jour davantage les passionnés en immersion dans le monde de la MotoGP…
Johann Zarco : « cela a été une course difficile. Cela n’a pas été dû aux températures élevées, mais je pense que c’est juste nous n’avons pas trouvé la solution pour avoir un meilleur feeling et mieux contrôler la moto. Vendredi, le démarrage a été difficile puis nous avons progressé. J’ai donc pensé que nous tenions la solution, samedi, j’ai vu que non. Nous n’avons pas trouvé quel était le problème et nous nous sommes donc un peu perdus. Et de nouveau, aujourd’hui, je m’attendais à avoir la possibilité de rester avec le groupe de tête. Au début, ils n’étaient pas très loin et après 3 tours, je me suis dit « OK, tu vas trouver le rythme et tu vas les rattraper ». Finalement, c’est devenu de pire en pire, puis je me suis fatigué. Quand vous devez forcer sur la moto, tout devient pire, et il était donc nécessaire de terminer, et c’est la bonne chose de cette journée. Finir la course et marquer des points. Il faut ensuite oublier ce mauvais week-end et ne pas rester sur ce mauvais feeling que j’ai eu. Je suis heureux que pour la prochaine course à Barcelone, nous ayons fait un test là-bas, et que ce test ait été positif. Je m’y suis senti bien sur la moto, ce qui veut dire que tout est OK quand nous pouvons avoir le contrôle. Ce que j’ai vécu aujourd’hui ce week-end n’est pas à l’image de ce que nous pouvons faire avec la moto, et de ce que nous pouvons faire durant la saison ».
Vous avez rencontré des difficultés au Mugello ces 2 dernières années. Est-ce lié à la piste ?
« C’est possible ! Quelque chose en rapport avec la piste, quelque chose en rapport avec moi qui ne comprendrais pas la piste, quelque chose en rapport avec moi et mes réglages qui ne seraient pas adaptés à la piste. Mais même Marc, qui est le meilleur pilote sur la moyenne des 19 courses de la saison, a généralement de mauvaises courses ici. Donc si je peux peut-être me comparer à lui, je suis mal ici mais j’ai de meilleures performances sur toutes les autres pistes ou sur la majorité des autres pistes, nous comprendrons. C’est pourquoi on peut voir que je suis d’habitude devant certains gars qui, au Mugello, sont devant moi. Donc oui, c’est possiblement à cause de la piste. Il y a quelque chose. Peut-être que la vitesse de pointe est importante et qu’elle favorise la bagarre. Elle aide les pilotes Ducati et nous savons aussi que ces dernières sont très fortes en accélération. Et ils s’en servent très bien ! Donc c’est une piste difficile dont je n’ai pas encore trouvé la solution ».
Qu’est-ce qui vous a posé le plus de problèmes ? L’avant, l’arrière ?
« Le pire était l’arrière ! L’adhérence à l’arrière. Mais quand vous n’avez pas le contrôle de votre adhérence à l’arrière, alors vous ne pouvez plus tourner et la moto devient instable. Ce sentiment, pour quasiment rien, vous pouvez le résoudre, mais pour quasiment rien, vous pouvez le perdre. Et ce week-end, nous l’avons perdu ».
Comment peut-on avoir le bon feeling le vendredi, et le perdre les jours suivants ?
« En fait, c’était croire qu’on avait le bon feeling. C’était plus une croyance, des sensations qui étaient plutôt bonnes, et qui nous font sentir que l’on prend la bonne direction, alors que finalement, on était peut-être déjà à la limite de ce que l’on pouvait faire. Donc le vendredi était positif en pensant qu’on allait continuer à progresser. Il n’était pas encore parfait. Mais le fait que l’on n’ait pas progressé, ça nous a mis en difficulté. C’est encore une autre expérience et ça sert toujours, mais là, au niveau des sensations, ça pousse même à se mettre en doute au niveau du pilotage. Mais je n’ai pas envie de partir dans ce truc là et je suis vraiment heureux que pour la prochaine course, on ait pu essayer la moto et la piste, et voir que l’on était performant. Donc je vais arriver sur un circuit où je sais ce que je peux faire, où je sais ce que j’ai fait, à une semaine près. Donc ce sont de bonnes raisons pour retrouver les bonnes performances et l’attaque pour penser au podium, parce que c’est là où on peut se trouver quand tout va bien ».
En anglais, tu disais que tu étais un peu fatigué en fin de course. Pourquoi ?
« Je crois que c’est à cause de l’adhérence avec le pneu arrière. Pas à cause du choix de pneus, mais simplement de la piste et de la moto. En général, on arrive à contrôler, même si le Grip arrière est souvent un point récurrent dont on se plaint, mais c’est aussi le feeling général du pilote parce que c’est presque la condition la plus importante pour conduire des grosses motos comme ça. Si on n’a pas le contrôle de cette motricité derrière, on ne peut presque rien contrôler. Donc on cherche toujours ça, mais là c’était encore pire. Le fait qu’on n’arrive en général a assez bien utiliser sur plein de circuits lors du championnat, et qu’ici on peine, ça ressemble presque à une situation comme celle de Marc. Donc d’un côté, on peut se dire « tiens, c’est vraiment spécifique à ici » et il y a quelque chose, ou dans le pilotage ou simplement dans le style entre réglages de la moto et pilotage, qui ne colle pas. Si j’avais la solution, on n’aurait pas peiné comme ça. Là, j’ai encore le point d’interrogation, et c’est pour cela qu’il faut faire un reset dans la tête. J’ai voulu prendre du plaisir aujourd’hui, et j’ai pu en avoir, mais le fait de se fatiguer parce que la moto devient de moins en moins contrôlable, on tire la langue. Voilà, on voit que l’on est pas à l’abri d’une erreur : je l’ai faite il y a 15 jours, Marc l’a faite ce week-end, donc c’est signe qu’on pousse tous ».
Tu t’es battu avec Vinales et Bautista mais tu n’as pas pu résister…
« J’étais devant Vinales et Bautista et j’avais un rythme autour des 48. Et là, Vinales m’a passé, et d’un seul coup ça change de trajectoire et ça change de rythme. On a beaucoup perdu de temps. Bautista a enchaîné et m’a passé aussi, et là, même en voulant reprendre mon pilotage et le rythme en 48, je n’ai pas pu. Ensuite, au fur et à mesure de la course, la fatigue augmente, et le fait d’avoir de moins en moins d’adhérence fait que cela devient de plus en plus dur. Donc quand ils ont eu 5 secondes d’avance et que j’ai vu que je ne pouvais plus les rattraper, et même qu’ils me lâchaient, j’ai assuré les 2 derniers tours ».
Le cavalier seul de Lorenzo, tu l’en croyais encore capable ?
« Non. Je n’y ai même pas du tout pensé. On commençait presque à avoir l’habitude qu’il parte tellement fort et qu’ensuite il calme le rythme. Ici, on sent que le travail de Ducati a servi, et là le pneu a peut-être finalement moins de pertes de performance du début jusqu’à la fin de la course. On va dire qu’il glisse mais qu’il est presque constant tout du long. Et le fait qu’il ait trouvé son rythme dès le départ, lui a permis de ne pas le perdre ».
Lors du test de Barcelone, as-tu travaillé en conditions de course à l’heure de la course ?
« Oui ! On est censé ne pas être dans la même situation difficile de l’an dernier. L’asphalte a changé et ça y fait beaucoup. Et j’ai aussi progressé dans mes sensations. Et l’an dernier, je me souviens que le samedi après-midi j’ai compris quelque chose en pilotage, et d’un seul coup ça a enlevé énormément de problèmes à la moto. Et là, le fait d’avoir roulé la semaine dernière, je me suis déjà souvenu de ça et on va dire que j’ai un an d’avance. Et ça, je pense que cela doit servir ».
Grand Prix d’Italie Mugello MotoGP J.3 :
Classement
1 99 Jorge LORENZO
Ducati 41’43.230
2 4 Andrea DOVIZIOSO
Ducati +6.370
3 46 Valentino ROSSI
Yamaha +6.629
4 29 Andrea IANNONE
Suzuki +7.885
5 42 Alex RINS
Suzuki +7.907
6 35 Cal CRUTCHLOW
Honda +9.120
7 9 Danilo PETRUCCI
Ducati +10.898
8 25 Maverick VIÑALES
Yamaha +11.060
9 19 Alvaro BAUTISTA
Ducati +11.154
10 5 Johann ZARCO
Yamaha +17.644
11 44 Pol ESPARGARO
KTM +20.256
12 55 Hafizh SYAHRIN
Yamaha +22.435
13 53 Tito RABAT
Ducati +22.464
14 38 Bradley SMITH
KTM +22.495
15 21 Franco MORBIDELLI
Honda +26.644
16 93 Marc MARQUEZ
Honda +39.311
17 10 Xavier SIMEON
Ducati +1’01.211
18 30 Takaaki NAKAGAMI
Honda 5 Tours
Non classés
41 Aleix ESPARGARO Aprilia
4 Tours
43 Jack MILLER Ducati
22 Tours
12 Thomas LUTHI Honda
22 Tours
N’a pas fini le premier tour
26 Dani PEDROSA Honda
0 Tour
17 Karel ABRAHAM Ducati
0 Tour
45 Scott REDDING Aprilia
0 Tour