Nous perpétuons notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans mise en forme ou déformation journalistique.
A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui vous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…
Tu es impatient de rouler ce week-end ?
« C’est certain. C’est une piste que j’aime bien. En Moto2, ça a bien performé et l’an dernier ce n’était pas mauvais. Après, ce n’est pas une piste facile. Elle est assez serrée et on va faire beaucoup de tours. Et ça, c’est assez physique durant toute la première partie. Mais elle me plaît. Après, si on a des conditions constantes, je m’attends à un week-end difficile parce que le manque d’essais ici peut nous faire prendre un peu de retard. Il faut que j’arrive à me détacher de toutes ces pensées pour foncer et voir où cela me mène ».
Ces essais que tu n’as pas faits, c’est un gros désavantage ou cela va se rattraper rapidement ?
« Si je le rattrape, tant mieux ! Cela voudrait dire que je suis vraiment en forme, et ce serait bon pour moi. Et si je sens qu’il y a du retard et que j’ai du mal, il faut vraiment que je ne m’énerve pas pour cela, parce que sur des pistes techniques comme ça, des petits changements peuvent vraiment vous libérer. Mais ça prend du temps de trouver ces petits changements ».
La première ligne à Silverstone que tu n’as pas pu exploiter, c’est frustrant ?
« Pas du tout ! Il n’y a que le côté positif de Silverstone, où j’étais en forme et j’ai bien roulé, que ce soit dans des conditions sèches ou des conditions séchantes comme lors de la qualification. Ce sont des conditions que j’adore. Et donc, je reste sur ce positif. Ne pas avoir fait la course était raisonnable et il n’y a donc aucune frustration sur cela. C’était plutôt très positif d’avoir été très performant en qualif, parce que mon tour était un tour pour la pole position ».
Concernant Silverstone, il y a eu un peu de confusion puisqu’il a été reporté que tu voulais courir alors qu’Aleix Espargaro vient de dire que tu étais le plus virulent contre la course…
« Le plus virulent, je ne sais pas mais je suis surtout un des seuls qui ait parlé. Miller a essayer de trouver un soutien de ma part pour plonger et faire la course, parce qu’il sait que, souvent, je peux partir. Mais là, je trouvais dans ma tête plus raisonnable de ne pas partir. Si on partait à 17 heures, ça nous rendait ridicule parce qu’on aurait pu partir à 11h30. Je trouve qu’il n’y avait pas moins d’eau. Donc j’ai opté pour ne pas courir car comme nous n’étions pas partis à 11h30, cela ne servait à rien de partir après ».
Si la majorité avait décidé de courir, tu aurais suivi le mouvement ?
« Oui, j’aurais suivi le mouvement, mais comme là, vraiment, la majorité n’était pas prête pour ça, j’ai essayé de raisonner et d’analyser pourquoi. Pour la majorité qui ne voulait pas rouler, ne pas faire la course ne leur donnait pas spécialement un avantage au championnat. A Márquez, peut-être que oui. À Rossi, oui. Mais à Lorenzo, presque non. Encore que sous la pluie, il n’aurait peut-être pas été aussi excellent qu’il l’a été sur le sec ces derniers temps. Et Aleix a bien dit que l’on pouvait déjà s’estimer heureux que Rabat ne s’est cassé qu’une jambe. Parce qu’il a un peu vu l’action et a dit « tant mieux qu’il n’y ait qu’une jambe ».
Ce week-end, tu ne devais pas annoncer quelque chose concernant la situation avec Laurent (Fellon) ?
« Non. Il n’y a pas d’annonce officielle à faire. J’ai sans doute annoncé Misano en sachant que tout ce qu’on essaie d’évoquer, on pourrait mieux le mettre en place courant septembre. L’objectif est de garder notre manière de s’entraîner ensemble, garder cet œil qu’il a en bord de piste qui peut aider même pendant les Grands Prix. Pas systématiquement car il ne peut pas être là tout le temps, mais sur un Grand prix, quand il est là, surtout quand on développera une moto, avec simplement parfois quelques mots cela peut me permettre de ne pas se poser les mauvaises questions. Pour ma part, en m’entraînant avec lui, il m’aide à toujours revenir à l’essentiel. Et quand on est dans une catégorie où on peut parfois vite se prendre la tête sur des problèmes techniques, revenir aux bases fait du bien ».
Maintenant que le plateau MotoGP 2019 est quasiment défini, as-tu eu le temps de réfléchir à l’équipe technique dont tu disposeras l’année prochaine ?
« Cette équipe est fixée, mais c’est plutôt à KTM de l’annoncer. J’ai tenté d’avoir quelqu’un mais je suis heureux de ce que j’aurais l’an prochain. Pas « mais », « et » ! J’ai tenté et je suis heureux. Je n’ai pas eu la personne que je souhaitais au départ, mais cela va me permettre de connaître de nouvelles personnes. Et par rapport aux gens qui me connaissent et m’apprécient dans le paddock, je sais que je peux avoir une équipe intéressante avec qui nous allons foncer dans la même direction ».
La personne que tu voulais, tu peux dire qui c’était, ou pas ?
« C’était celle avec qui j’ai été champion du monde 2 fois en Moto2. Ce fameux Massimo. Mais lui-même a dit que le projet Moto2 Triumph, et la place qu’il a actuellement chez Ajo, le satisfont complètement, et qu’il préfére garder ce rythme de vie plutôt qu’un rythme Factory Racing qui est parfois plus intense que ce qu’il a actuellement ».
Tu dis que Misano est une piste technique. En quoi ? Et sur ce tracé qui comporte plusieurs parties très différentes, quels sont les points forts et les points faibles de ta moto ?
« Quand je dis technique, c’est que tout s’enchaîne très
vite sur cette piste. On est dans un virage… boum, on est déjà dans
l’autre, et ensuite ça enchaîne : dès qu’on accélère à la sortie du
virage 3, il faut déjà freiner pour le 4, le 5, le 6. Avec tout ça,
on a vite tendance à être en apnée. Tout saute aux yeux et ça
fatigue, et on force sur la moto. Alors que si d’un seul coup, tout
ça pouvait sembler se dérouler au ralenti dans ma tête, je sais que
je pourrais en tirer un avantage.
Après il y a, une, 2,3 accélérations ou peut-être que les Ducati et
même les Honda pourront mieux passer leur puissance, alors que cela
peut être un point faible pour la Yamaha. Mais là, on parle déjà
dans le trop technique et je n’aime pas rentrer
là-dedans ».
Rossi a dit que l’enchaînement du triple droit était toujours impressionnant, même maintenant et pour lui. Est-ce également le cas pour toi ?
« J’ai expliqué à mon père, hier ou ce matin, qu’en 125, en
Moto3 ou en Moto2, on ne freine pas dans cette première cassure. Ça
fait vraiment comme une ligne droite plus une cassure. Mais en
MotoGP, quelque chose que tu vois comme presque droit t’oblige à
freiner, parce que sinon cela ne passe pas. C’est excitant pour le
pilote. Ce qui est bien, c’est que le premier virage rapide, le 2e
un peu moins, et le 3e encore moins. Et une fois que l’on a passé
le 3e, ouf on se sent bien ! Mais les 2 premiers, oui, c’est
intense. Encore que l’on est à peine à 300 ! Par rapport à
340, 300 est presque comme une routine. C’est peut-être parce que
ça bouge. S’il n’y a pas de vent, on est mieux, mais s’il y a du
vent, ça nous perturbe plus ».
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