L’actualité est ainsi faite que les conséquences des frasques de Romano Fenati ont éclipsé ce sur quoi les journalistes étaient prêts à s’enflammer, à savoir le début en Grand Prix de Christophe Ponsson pour remplacer Tito Rabat blessé.
On avait été jusqu’à interroger Marc Márquez et Valentino Rossi sur la légitimité du pilote français, en sous-entendant qu’il représenterait un grand danger, pour lui-même et pour ses adversaires.
Le pilote du team Avintia n’a guère apprécié cela, mais a répondu de la meilleure des façons, en faisant son job de rookie MotoGP le plus proprement possible et sans la moindre chute.
C’est encore transpirant dans son cuir au terme des 27 tours du Grand Prix de San Marino que Christophe Ponsson a gentiment pris quelques minutes pour répondre à nos questions.
Christophe, commençons par deux questions obligées après ce premier Grand Prix : qu’est-ce qui t’a le plus surpris en pilotant une MotoGP et qu’est-ce qui t’a donné le plus de mal ?
Christophe Ponsson : « tout m’a surpris ! C’est un gros changement par rapport à ce que je connais mais ce qui m’a donné le plus de mal, c’est la rigidité de la moto et les pneus Michelin ».
Concernant les pneus, tu parles de l’avant ou de l’arrière ?
« Plutôt à l’avant. Je n’avais aucune sensation à l’avant jusqu’à aujourd’hui, jusqu’à la course. Ce n’est pas une critique. C’est quelque chose que j’apprends aussi, mais c’est vraiment comme du bois et ça ne procure pas de sensation. Je vais un peu dans l’inconnu à chaque fois, mais c’est le point positif que je veux retirer de cette course : là, par exemple, je suis parti avec un pneu avant soft et j’ai commencé à avoir beaucoup de mouvements qui m’embêtait. Donc je suis passé de vendredi où je n’avais aucune sensation à aujourd’hui où je me demande pourquoi pas essayer de passer un pneu médium. Il y a donc eu un step de fait ».
Les freins carbone ?
« Les freins carbone, c’est impressionnant mais honnêtement tu t’habitues. Ça freine très très fort mais il faut juste freiner plus tard et plus fort. Mais même si c’est quelque chose de difficile à assimiler avec la vitesse, car on arrive vraiment très vite par rapport à ce dont j’ai l’habitude et il faut aussi freiner très tard, une fois que le cerveau assimile tout ça, on s’y fait rapidement. C’était tout nouveau pour moi vendredi mais je pense que les freins n’ont pas été mon plus gros soucis ce week-end ».
Es-tu satisfait de ta progression au fil des jours durant ton premier week-end de Grand Prix ?
« Oui et non. Il est clair que j’aurais bien aimé avoir la 3e séance, la FP3, sur le sec, car elle a été un peu mouillée au début puis sèche durant les 10 dernières minutes. Je n’ai donc pu faire que 6 ou 7 tours à la fin, ce qui résume mon week-end aux 2 premières séances du vendredi, à la FP4 et à la qualification, ce qui est vraiment très très peu avant de se lancer en course. Honnêtement, je pense qu’avant de faire la course, je devais être à 60 tours sur la MotoGP, alors que certains font une centaine de tours lors d’une journée de tests privés. Donc en ayant fini le Grand prix, je pense que cela équivaut à seulement une journée de test terminée. C’est comme ça qu’il faut le résumer ».
On a quand même vu que tu est passé de 7.4 secondes à la FP1, à 5.9 à la FP2, 5.1 à la FP4 et que tu as réussi à te qualifier, ce qui n’était pas forcément évident a priori, à cause de la règle des 107 %…
« Au départ, ce n’était pas évident, surtout en découvrant la rigidité de la moto. C’est vraiment ce qui m’a le plus embêté dans la suite de la progression et pour me lâcher sur la moto. Dès que je faisais quelque chose, pour être honnête, je me le reprenais tout de suite dans la tête. Quand on accélère d’une certaine façon, cela ne convient pas à cette moto et elle commence à louvoyer, d’abord un petit peu, puis de plus en plus et elle n’arrête pas jusqu’à ce que l’on coupe les gaz. La poignée de gaz est également très très courte et il y a énormément de puissance. Il faut être tellement doux, alors que pour moi, c’est plutôt l’inverse : je suis assez agressif sur l’ouverture des gaz. Donc en fait, j’ai appris un autre mode de pilotage en 4 séances ».
As-tu été surpris que l’on ait posé des questions en conférence de presse officielle sur la légitimité de ta présence, et comment l’as-tu pris ?
« Je l’ai mal pris ! Parce que, certes il n’y a pas beaucoup de pilotes qui débutent sur une MotoGP pendant un week-end de course, et ça il faut que les gens le comprennent bien, mais on oublie vite qu’il y a déjà eu un pilote australien, il y a 2 ans, dans la même équipe, Mike Jones, qui est venu pour 2 courses pour remplacer Hector Barbera. La première séance, il n’était pas qualifié, la 2e séance il était à 5,7 secondes et c’est ce que j’ai fait vendredi. À la 3e séance, il a encore fait un step car c’était tout sec alors que moi je n’ai pas pu car la piste était « entre deux ». C’est quelqu’un que je connais bien et je lui ai demandé : il m’a dit qu’il n’avait eu aucune critique. Alors que moi, je prends tout sur la tête ! ».
Ce n’était pas personnel par rapport à toi, c’était plus une question de fond…
« Oui, mais je le prends un peu comme ça, car déjà le journaliste qui a posé la question à Márquez et à Rossi me présente comme quelqu’un étant à 10 secondes. Donc eux, forcément, ils ne me connaissent pas et se demandent ce que je viens faire là. Je comprends aussi. Après, il faut me laisser apprendre et quasiment personne n’a eu la lourde tâche d’apprendre sur un Grand Prix ».
En fait, tout le monde avait peur d’une erreur potentiellement dangereuse, alors que tu es propre et que même quand tu t’es pris un tour, tout s’est très bien passé…
« Oui, en plus la Direction de course était venue me voir comme si j’étais quelqu’un de dangereux. Ils m’ont pris comme si j’allais découper les autres… Donc je l’ai vraiment mal pris. Après, en course, quand ils sont revenus, ce qui était logique au vu du week-end, je les ai évidemment laissés passer pour finir leur course, et puis c’est tout ».
Comme tu nous l’as confié précédemment, tu confirmes ta présence en Aragon ?
« Oui ! J’ai hâte d’y être pour continuer ma progression, et surtout pour être mieux le vendredi. Parce que, encore une fois, comme j’ai tout découvert le vendredi, c’est un peu comme une journée de perdue par rapport aux autres. Si je ne me trompe pas, ils ont fait 32. 2 le vendredi, et la pole est en 31.6. Donc leur marge est très petite. Pour le prochain vendredi, je connais déjà la réaction de la moto, les freins, l’accélération est maintenant un peu plus les pneus Michelin aussi, donc j’espère que je vais moins perdre de temps le vendredi à me mettre en action, et essayer de me rapprocher plus. J’apprécie aussi plus Aragon qu’ici, et ça devrait m’aider ».
Grand Prix de San Marino, Misano, MotoGP J.3 : Classement
1 4 Andrea DOVIZIOSO Ducati 42’05.426
2 93 Marc MARQUEZ Honda +2.822
3 35 Cal CRUTCHLOW Honda +7.269
4 42 Alex RINS Suzuki +14.687
5 25 Maverick VIÑALES Yamaha +16.016
6 26 Dani PEDROSA Honda +17.408
7 46 Valentino ROSSI Yamaha +19.086
8 29 Andrea IANNONE Suzuki +21.804
9 19 Alvaro BAUTISTA Ducati +23.919
10 5 Johann ZARCO Yamaha +27.559
11 9 Danilo PETRUCCI Ducati +30.698
12 21 Franco MORBIDELLI Honda +32.941
13 30 Takaaki NAKAGAMI Honda +33.461
14 41 Aleix ESPARGARO Aprilia +35.686
15 51 Michele PIRRO Ducati +35.812
16 38 Bradley SMITH KTM +46.500
17 99 Jorge LORENZO Ducati +46.614
18 43 Jack MILLER Ducati +50.593
19 55 Hafizh SYAHRIN Yamaha +55.168
20 17 Karel ABRAHAM Ducati +1’02.255
21 45 Scott REDDING Aprilia +1’09.475
22 12 Thomas LUTHI Honda +1’12.608
23 23 Christophe PONSSON Ducati 1 tour
Non classés
6 Stefan BRADL Honda 10 tours
44 Pol ESPARGARO KTM 10 tours
10 Xavier SIMEON Ducati 25 tours