Nous perpétuons notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans mise en forme ou déformation journalistique.
A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui fait plonger chaque jour davantage les passionnés en immersion dans le monde de la MotoGP…
Johann Zarco : « Je suis heureux d’être à
Silverstone. C’est une belle piste et une piste historique. Je
ressens cela car c’est assez rapide et dans la partie entre le
virage 1 et le virage 7 vous avez l’impression que c’est un vieux
circuit, et j’aime cette sensation ici.
Il devrait pleuvoir ce week-end donc cela peut être une chance pour
moi de revenir sur le podium. Vous avez moins de problèmes avec la
moto quand il pleut car les autres ont besoin de plus de temps pour
tout régler. Nous sommes donc plus à égalité et cela peut
être une chance pour avoir un bon week-end ».
Il y a quelques semaines, vous avez dit avoir retrouvé un bon feeling. Cela est-il toujours le cas ?
« Je l’espère ! Après la République Tchèque, je suis
revenu dans un bon rythme. Puis en Autriche, je n’ai pas eu une
bonne course. C’est difficile de dire pourquoi, mais du premier au
dernier tour, je n’ai pas pu bien gérer la moto et j’ai connu une
course difficile. Mais de retour à la maison, j’ai fait deux
entraînements personnels qui m’ont procuré de bonnes sensations et
de bons espoirs pour ce week-end.
Je me souviens de la victoire de Vinales avec la Suzuki, donc c’est
peut-être une piste où, si vous avez l’énergie et que le pilote
apporte quelque chose de plus, vous pouvez combler l’écart ou faire
la différence. J’aimerais connaître cela ce week-end : faire
la différence et trouver un avantage quelconque ».
A quel point cela va-t-il être difficile de tester tous les pneus proposés, y compris possiblement les pneus pluie ?
« Je pense que nous connaissons les pneus que nous avons, même si nous avons 4 différents pneus. Nous avons maintenant de l’expérience et nous savons comment la moto fonctionne avec les pneus. Dons je ne pense pas que nous allons utiliser ou tester les 4 pneus : nous irons avec ce que nous pensons bien fonctionner, et nous travaillerons avec ça pour préparer la course. Je pense que les 4 options sont juste là au cas où le nouvel asphalte changerait totalement nos plans. Alors nous nous servirions de la 4e option ».
Le revêtement semble toujours bosselé. Faites-vous comme Jack Miller qui s’en préoccupe peu ?
« J’ai entendu que le nouvel asphalte n’avait plus de bosses dans un premier temps, mais qu’on les sentait de nouveau. Avec le scooter, hier, oui, j’ai ressenti de nouveau des bosses. Je ne pense pas que ce soit un gros problème pour moi car quoi qu’il en soit c’est la même chose pour tout le monde et passer sur les bosses, ici à Silverstone, n’était pas un gros problème l’année dernière. Je pense que demain et tout le week-end, ce sera Ok, et encore davantage sur le mouillé car vous les ressentez moins ».
Vous vous battez avec Cal Crutchlow et Danilo Petrucci pour le titre de pilote indépendant. Pensez-vous pouvoir reprendre le leadership dimanche ?
« Personnellement, j’aimerais être sur le podium, donc si je suis de retour sur le podium, j’aurai d’un coup beaucoup de points au classement des pilotes indépendants. Nous verrons bien. J’étais premier, Danilo a pris la tête à la dernière course mais je me bas toujours pour ça. Mon objectif est d’être sur le podium quand je le peux, et je sais que si je peux atteindre cet objectif aussi souvent que possible, le trophée des pilotes indépendants sera là. C’est un championnat dans le championnat et c’est bien car actuellement il y a un pilote indépendant en 6e position, comme l’année dernière. Nous nous battons pour la 6e position mais nous sommes très proches du 3e. Peut-être pas le 2e mais le top 3 n’est pas très loin pour nous, donc nous verrons bien ce qui se passera lors des prochaines courses. Mais je veux vraiment avoir de bonnes sensations, et même si la moto ne fonctionne parfois pas bien, je veux donner le meilleur en tant que pilote et être sûr que j’ai fait le boulot en tant que pilote. Je pense qu’avec juste ce feeling, j’aurai beaucoup de points à la fin du championnat ».
Est-ce parce que c’est une piste qui convient aux Yamaha que le podium est un objectif réaliste ?
« Je voudrais répondre oui. Mais avant tout car nous aurons des conditions délicates, et c’est une opportunité d’obtenir un très bon résultat. L’année dernière, Valentino a fait une super course, Vinales a terminé 2e, avec des pneus pluie différents, et je n’étais pas si loin. Donc nous verrons bien. Il est important de se fixer un objectif élevé et d’attaquer pour cela. Puis on verra si ça vient ou pas ».
Il y aura 4 pneus différents…
« Je pense que nous connaissons plus ou moins bien ces 4 pneus. Et avec les conditions délicates, on a déjà planifié de ne pas utiliser les 4 pneus. Nous allons rendre les choses plus simples car la 4e option est simplement là au cas où l’asphalte détruirait tout. On devrait alors mettre cette 4e option ».
As-tu eu des retours des tests qui se sont déroulés à Misano ?
« Non, aucun. Je n’ai pas cherché à en avoir. Je travaille sur moi-même pour reprendre un niveau de pilotage qui me mènera au podium. Même si ça ne l’est pas avec ma Yamaha avec laquelle je vais terminer l’année, si je sais au fond de moi que le rythme est dans le pilote, ça sera le plus important ».
Tu as parlé de 2 entraînements. C’était au niveau physique ou en moto ?
« Entraînement sur la moto. Supermotard pour l’instant. Il me manquait quelques dixièmes, mais là ça commence à revenir dans du sérieux. Avec Laurent, on a passé deux bons jours, et lui-même était satisfait. C’est ça qui est agréable ».
Tu dis que tu ne sais pas bien pourquoi tu as souffert en Autriche. As-tu quand même une idée sur quoi tu vas travailler ce week-end ?
« Avant tout, je travaille sur moi. Les solutions techniques, je ne les ai pas. Donc quand je terminerai le week-end et qu’il n’y aura pas de doute sur moi, ça sera déjà un gros soulagement ».
On a vu un reportage montrant les pilotes de la VR Academy s’entraînant en apnée, comme toi. Quel en est le bénéfice ?
« Avec mon préparateur physique, ça fait maintenant 4 ans, depuis 2014, et on a un peu intégré le côté apnée à l’entraînement depuis cette année. D’après Stéphane, qui a poussé très loin ce domaine là, faire des exercices en apnée te pousse à une certaine condition que tu peux retrouver quand ton cœur bat très vite, mais le fait plus rapidement pour le cerveau et tout le corps. Ca permet tout de suite d’ouvrir des portes dans ton cerveau ».
Tu es moins bien placé que l’année dernière, mais tu roules plus vite partout…
« Sauf en Autriche ».
Tu as l’impression de progresser encore en pilotage ou tu es limité par ton matériel ?
« Je pense que c’est un peu comme quand Marquez est arrivé en 2013 : ça a réveillé Lorenzo, Pedrosa, et même Rossi. Quand je suis arrivé en 2017, ça a réveillé ceux qui sont le cran en-dessous. Je le vois un petit peu comme ça. Et comme tout le monde se bat et qu’on se rend compte qu’on est déjà chanceux d’être à ce niveau là, ils ne lâchent pas le morceau. Après, je crois que Danilo n’a pas eu de chance l’an dernier, et comme il sera pilote officiel l’année prochaine, quand on sait les pas qu’ils arrivent à faire, ce n’est pas négligeable. Ça ne veut pas dire que je ne serai pas devant à la fin de l’année, mais ça rend le travail plus dur ».
Les Ducati seront-elles une grosse menace ce week-end ?
« Les conditions vont fausser la donne. On n’a plus qu’à espérer ça sur les 7 prochaines Grands prix (rires) : la pluie deux jours sur trois, et c’est bon.. c’est le podium à la fin de l’année (rires) ».
Retrouvez tous les autres débriefings de Johann Zarco ici !