Nous perpétuons notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans mise en forme ou déformation journalistique.
A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui fait plonger chaque jour davantage les passionnés en immersion dans le monde de la MotoGP…
Johann Zarco : « L’époque où tous les sièges étaient occupés est bien loin (rires) mais elle reviendra bientôt. Ce week-end, nous avons le bon Johann, celui qui a un bon rythme. J’ai eu de très bonnes sensations vendredi et samedi, puis une très bonne course dimanche. Et j’ai continué à travailler sur ces sensations le lundi. Je dirais donc que ce week-end, je peux être prêt, en tant que pilote, à forcer les réglages de la moto dans la bonne direction ».
Cette piste ne semble pourtant pas propice aux Yamaha…
« C’est vrai mais quand la première Ducati a triomphé avec Iannone, je crois que Lorenzo était sur le podium. Et l’année dernière, j’ai eu de très bonnes sensations ici, donc je ne dirais pas que ce n’est pas une piste pour Yamaha même si nous peinons davantage avec la motricité maintenant. Car même si vous peinez avec la motricité, il y a aussi beaucoup de temps passé au freinage, et c’est toujours une sorte d’équilibre, donc je ne veux pas perdre mon mental à l’avance. Je veux dire que c’est un petit circuit où on tourne en 1’22 ou 1’23 lors d’un tour rapide, et donc moins vous faites d’erreurs (sur un tour), et plus vous pouvez espérer une bonne place à la course ».
Depuis la Moto2, c’est un circuit que vous aimez. Pourquoi ?
« Je ne sais pas. Vous pouvez séparer la piste en 2 parties. La première, jusqu’au virage 4, où vous avez de forts freinages puis de fortes accélérations, et où vous sortez des virages presque sans aucune vitesse pour atteindre 300 km/h. Puis la 2e avec des virages rapides, mais pas très nombreux. C’est pourquoi vous vous concentrez sur 4 virages et vous avez déjà fini le tour. Et je ne sais pas pourquoi, mais j’aime ça. Vous répétez les choses de nombreuses fois. Il y a beaucoup de concentration, mais sur un court laps de temps, puis vous recommencez. En Moto2, je me souviens du bon niveau d’adhérence et j’avais de bonnes sensations avec le train avant. Tandis que l’année dernière, cela fonctionnait également bien mais je sentais une plus grande différence en Moto2. J’étais plutôt fort dans la 2e partie et c’est vraiment l’endroit où je faisais la différence en Moto2. En MotoGP, c’est sans doute l’endroit où je perds le moins de temps ».
Vous préférez les petits circuits où on doit faire beaucoup de tours ?
« J’adore tout ! J’aime ici, mais si je dis que j’adore les circuits où il faut faire beaucoup de tours, cela serait le cas pour le Sachsenring, alors que c’est peut-être le pire circuit de ma carrière (rires). Donc c’est difficile à dire. Mais peut-être que c’est parce que j’apprécie ici que j’ai plaisir à recommencer après 1 minute 24 secondes ».
Serait-ce un souci de piloter sur le mouillé ici, alors que certains murs sont proches de la piste ?
« Il y a eu des chutes en Moto2 l’année dernière. Je ne pense pas qu’en MotoGP nous ayons roulé sur le mouillé mais nous avons des meilleurs pneus pluie avant que les Moto2. Donc au moins, nous avons une sécurité avec nos pneus avant pluie. Après, je ne sais pas. Généralement, vous ne chutez pas en ligne droite. C’est pourquoi (les murs sont proches). S’ils veulent que les murs soient éloignés dans les lignes droites, alors chaque circuit du monde ne sera pas assez large. En général, quand vous chutez vraiment en ligne droite, vous glissez seulement. Donc il est difficile de dire que ce n’est pas un circuit sûr. Ils ont modifié le dernier virage pour être plus sûr mais les autres endroits semblent plutôt bien. Sur ce circuit, quand vous arrivez très vite et que vous freinez pendant longtemps, le problème est que si vous chutez à ce moment, tout devient dangereux. Mais si vous pensez à ça, vous pouvez immédiatement éliminer le Texas car c’est typiquement ce genre de circuit. Si vous regardez la fin du virage 11 au Texas, il y a beaucoup moins de dégagement qu’ici ».
Feriez-vous des changements ici, concernant la sécurité ?
« Non ! Non. Je ne sais pas quoi dire sur les choses à changer ».
Avez-vous regardé le circuit mexicain ?
« Non. J’ai raté la commission de sécurité quand ils en ont parlé. Quand je saurai où cela se situe dans le calendrier, je regarderai (rires). J’ai juste dit à la commission de sécurité que je suis heureux qu’il y ait 20 courses. Je suis toujours dans une période où j’apprécie venir sur chaque circuit. Je ne suis pas blasé et j’ai dit que je m’adapterai à la piste ».
À votre avis, quel serait le nombre maximum de courses ?
« Peut-être que 20 serait bien pour le maximum. Je suis heureux qu’il y en ait une de plus mais je ne serais pas malheureux s’il y en avait même 22. Mais on peut penser que ça ferait beaucoup. Mais nous apprécions vraiment. Même maintenant, avec 19 courses, si vous voulez bien vous préparer, vous ne pouvez pas prendre plus de 3 semaines (de vacances). Vous pouvez les prendre, comme après Valencia à la mi-novembre jusqu’à la fin février où cela fait 2 mois et demi, mais si vous prenez 2 mois et demi de vraies vacances, vous n’avez pas votre place ici. Si vous voulez gagner, vous devez vivre pour la moto ».
Ici, tu as fait le meilleur tour en course l’année dernière…
« J’ai revu la course et j’avais oublié. C’est bien ! Pedrosa m’avait doublé assez rapidement, et je l’ai redoublé et j’ai rattrapé le groupe qui était devant. C’est ça qui m’a fait faire la différence d’un bon chrono. Ce que je garde en tête, c’est que j’ai roulé en 1’25.6 dans mes 5 derniers tours, donc une seconde moins vite, et c’est ça qui fait perdre du temps. Donc si j’ai la capacité d’être en 1’24.6 du premier au dernier tour, je signe pour dimanche ».
Ces problèmes de motricité, vous les compensez par…
« Parfois mieux freiner, et après, dans toute cette partie assez rapide, la Yamaha rentre bien dans les virages et il faut essayer de profiter de cet avantage. Mais bon, en course, là où on économise le plus d’énergie, c’est quand on ne perd pas de temps à la sortie des virages. Donc si on veut rester au contact, il va peut-être falloir se fatiguer plus que les autres ».
L’idée reste toujours de se battre pour le podium ?
« Oui ! Mais il y aura peut-être des courses avec plus de possibilités de podiums qu’ici, parce que là, rien qu’avec les 2 Ducati officielles, cela veut dire qu’il n’y a déjà plus qu’une place. Et pour cette place qui reste sur le podium, c’est rare d’exclure Márquez. Mais bon, s’il y a de la pluie ou des conditions un peu difficiles, il peut y avoir une opportunité à prendre car certains peuvent assurer davantage, et si je me libère à ce moment-là, je peux vraiment espérer de belles choses ».
Tu as déjà couru contre Oliveira. Que peux-tu dire sur ce pilote ?
« Oui, déjà en 125 en 2011. C’est quelqu’un de cool qui réfléchit beaucoup. Même plus que moi ! Là, c’est la régularité qui le met devant au championnat, et sans doute que s’il gère bien la pression, il peut être champion, parce que l’an dernier, avec moins de pression, il a fait une fin d’année incroyable. Mais les années se suivent et ne se ressemblent pas. Là, on ne peut pas dire qu’il pourra faire aussi incroyable que ça, parce qu’il y aura cette pression du titre. Il a une équipe solide, et il aime bien notre manière de fonctionner avec Laurent. Donc dans sa tête, il se colle au même team et se dit « si Zarco l’a fait, moi aussi je peux le faire ». Je sais qu’il reste un peu là-dessus, et tant mieux, ça me fait plaisir. Et on voit que ça lui permet d’avoir une rigueur et de foncer ».
Penses-tu qu’il aura un impact dès sa première année en MotoGP ?
« Je ne sais pas. Si je fais gagner la KTM, peut-être que ce sera mieux pour lui (rires) ».
Retrouvez tous les autres débriefings de Johann Zarco ici !
