Nous perpétuons notre habitude de vous reporter intégralement les propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans mise en forme ou déformation journalistique.
A côté de la communication parfois un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefings passés dans notre rubrique “Interviews“).
Johann Zarco : « c’est une journée qui a bien commencé et qui s’est mal terminée. Ce matin, c’était mieux que ce que à quoi je m’attendais. J’étais heureux d’avoir un bon feeling et un bon rythme en FP1 en utilisant un pneu médium à l’arrière. Je n’étais pas très loin des pilotes de tête. Une seconde peut paraître beaucoup mais je pouvais voir que les autres n’étaient pas si rapides. C’était positif sur un circuit qui normalement me dérange beaucoup et où nous peinons. Mais cet après-midi, j’ai complètement perdu ce bon feeling et, avec les températures élevées, la température de piste était plutôt haute et nous avons complètement perdu l’adhérence avec la moto. La moto réagit alors très très mal, vous ne pouvez pas faire quoi que ce soit et je n’arrive pas aller plus vite. Si vous essayez de passer plus vite en virage, vous dérapez, et si vous essayez de ralentir pour avoir une meilleure accélération, la moto n’a plus d’accélération Nous sommes perdus car nous n’avons pas de solution. J’essaie de faire de mon mieux mais nous sommes très loin et l’écart est très important. C’est triste de ressentir que je donne tout et que rien ne va bien. Il faut accepter cette situation et si je vous disais sur quoi nous pouvons travailler pour progresser, je vous mentirais car nous n’avons pas de solution. Ce n’est pas de bon augure pour ce week-end mais malheureusement il va falloir accepter la situation. Nous nous battrons dans tous les cas, mais quand on se bat pour le podium, cela procure plus de plaisir que quand on se bat pour une 17 place ».
Pour la course, les températures seront plus ou moins les mêmes…
« Exactement ! Notre seule chance serait qu’il pleuve ce qui n’est pas prévu ce week-end. Même si pour moment je ne peux pas le montrer, je donnerai mon meilleur. J’essaierai et j’en retirerai de l’expérience. Mais cette expérience, quand vous donnez tout ce que vous avez et que rien ne se passe bien, est peut-être une mauvaise expérience à avoir ».
Comment expliquez-vous que la piste ait moins d’adhérence cet après-midi alors que les chronos sont bien plus rapides ?
« Je ne peux pas vous le dire. Je n’en sais rien. Je ne suis pas un technicien et nous rencontrons toujours le même problème. Donc mettez un autre pilote sur ma moto et nous verrons ce que la moto fera. C’est la seule chose que je peux vous dire. Mais je suis 5 dixièmes derrière Viñales, et je dirais qu’il n’est pas si loin. Donc cela signifie qu’il rencontre également des problèmes ».
Toutes les Yamaha rencontrent des problèmes. Vous pensez que cela vient d’un manque d’adhérence sur ce circuit ?
« Je le pense, oui. C’est le même problème pour tout le monde mais pour nous, cela paraît encore pire. Donc je ne sais pas quoi vous dire. Je dois l’accepter et je dois me battre avec le même enthousiasme que si je me battais pour le podium. Mais ce sera peut-être seulement pour un top 10 ».
Vous dîtes que vous glissez : c’est de l’arrière ou de l’avant ?
« C’est toujours l’arrière qui glisse le plus et ne vous aide pas à prendre la bonne direction ».
C’est donc en entrée de virage mais est-ce également le cas en sortie ?
« Non, je pense que les entrées de virage ne sont pas mauvaises. C’est un des points forts de la Yamaha. Mais sur la piste, vous devez aussi parfois ouvrir les gaz ! Si nous devions faire les 6 kilomètres du circuit sans accélérer, nous serions compétitifs (rires) ».
C’est le plus mauvais moment de la saison, en termes de performance ?
« Par rapport à la position, oui, je crois. Après, en terme de sensations, on retrouve finalement la même chose, mais la différence est encore pire. C’est très pessimiste tout ce que je dis, mais comment voulez-vous positiver là-dessus ? C’est quasi impossible ! ».
L’année dernière, tu n’as jamais eu de tels problèmes de motricité sur la moto ?
« Non, parce que ça n’allait pas non plus à la même vitesse. Je vais encore plus vite que l’an dernier. Le problème, je n’ai pas encore regardé toutes mes chronos mais j’ai déjà une meilleure mise en route. Donc si je pars d’un niveau plus haut, c’est que je peux mieux progresser. Mais en fait, je pars déjà au maximum de ce qu’on peut faire, donc je ne peux plus progresser. Travailler sur moi-même, mais au bout d’un moment je ne sais plus où aller chercher la différence ».
Tu t’es fait des chaleurs où tu arrives à maîtriser quand la moto part en glisse ?
« Non, ça glisse et ça n’avance plus. Ce n’est pas difficile à faire ».
En entrée de virage, qui a parfois l’impression que l’arrière s’en va. C’est difficile à maîtriser ?
« Non, ça va. C’est plus que même si on a une bonne moto pour bien rentrer dans les virages, il y a toujours une certaine vitesse à respecter parce que tu ne peux pas non plus rentrer trop vite, sinon tu empires encore plus ta sortie. C’est dur à vivre, c’est tout. C’est frustrant et il faut quand même que je prenne du plaisir là-dedans ».
Du plaisir ou du métier ?
« Les deux. Ça fait de l’expérience mais là, ça fait même de la mauvaise expérience. Mais je ne commence pas à douter car quand j’attaque un bon matin comme ça, c’est signe que je reste performant ».
Ton équipe technique a quelques idées pour essayer d’améliorer les choses ?
« Depuis la mi-saison, on croit, mais en fait c’est sans issue. Comme on n’a plus rien à perdre, je leur ai demandé d’essayer encore autre chose. Je n’ai plus rien à perdre donc si on veut révolutionner les choses, on verra où ça nous mène. Je pense qu’on n’aura plus ça l’an prochain. En espérant que la moto… Moi je vais travailler pour être bon, et avec une équipe qui veut avancer. Là, notre équipe ne peut rien faire car elle est bloquée aussi. Mais avec une usine et l’équipe à côté qui a envie, ce sera bien. Là, tu as le pilote et l’équipe, oui, qui veulent bien faire des choses, mais on ne peut plus avancer ».
Tu es déçu du manque de soutien de Yamaha ?
« Non, parce que je me rassure en voyant la performance des officiels. C’est limite le seul coté rassurant. On serait peut-être meilleur qu’eux, mais eux qui ont beaucoup plus travaillé et qui ont pu changer les choses, ils n’ont pas non plus trouvé le bon truc. C’est signe que la situation est compliquée ».
Est-ce que dans la fin de saison, il y a encore un circuit où tu peux espérer quelque chose de bien ?
« Aucune idée ! Je vais vivre chaque course avec une bonne intensité et voir où cela me mène. Là, vraiment, la mise en rythme de ce matin n’était pas pourrie. Tu prends Lorenzo, il s’est moins bien mis en rythme que moi, donc c’est signe qu’à un moment, il attend que sa moto elle fasse. Quand sa moto elle fait, il est 2e. Mais lui, il ne va pas se faire chier : il attend et quand ça vient, boom ! Moi, je ne peux pas attendre, parce qu’il n’y a rien qui vient ».
Retrouvez tous les autres débriefings de Johann Zarco ici !
Grand Prix d’Aragon J.1 : classement
1 | 93 | Marc MARQUEZ | Honda | 1’47.382 | ||
2 | 99 | Jorge LORENZO | Ducati | 1’47.520 | 0.138 | 0.138 |
3 | 4 | Andrea DOVIZIOSO | Ducati | 1’47.835 | 0.453 | 0.315 |
4 | 35 | Cal CRUTCHLOW | Honda | 1’47.862 | 0.480 | 0.027 |
5 | 29 | Andrea IANNONE | Suzuki | 1’47.919 | 0.537 | 0.057 |
6 | 9 | Danilo PETRUCCI | Ducati | 1’48.134 | 0.752 | 0.215 |
7 | 26 | Dani PEDROSA | Honda | 1’48.389 | 1.007 | 0.255 |
8 | 19 | Alvaro BAUTISTA | Ducati | 1’48.452 | 1.070 | 0.063 |
9 | 46 | Valentino ROSSI | Yamaha | 1’48.501 | 1.119 | 0.049 |
10 | 25 | Maverick VIÑALES | Yamaha | 1’48.552 | 1.170 | 0.051 |
11 | 21 | Franco MORBIDELLI | Honda | 1’48.654 | 1.272 | 0.102 |
12 | 43 | Jack MILLER | Ducati | 1’48.680 | 1.298 | 0.026 |
13 | 41 | Aleix ESPARGARO | Aprilia | 1’48.808 | 1.426 | 0.128 |
14 | 44 | Pol ESPARGARO | KTM | 1’48.850 | 1.468 | 0.042 |
15 | 38 | Bradley SMITH | KTM | 1’48.861 | 1.479 | 0.011 |
16 | 42 | Alex RINS | Suzuki | 1’48.902 | 1.520 | 0.041 |
17 | 5 | Johann ZARCO | Yamaha | 1’48.997 | 1.615 | 0.095 |
18 | 17 | Karel ABRAHAM | Ducati | 1’49.016 | 1.634 | 0.019 |
19 | 30 | Takaaki NAKAGAMI | Honda | 1’49.123 | 1.741 | 0.107 |
20 | 45 | Scott REDDING | Aprilia | 1’49.441 | 2.059 | 0.318 |
21 | 12 | Thomas LUTHI | Honda | 1’49.690 | 2.308 | 0.249 |
22 | 10 | Xavier SIMEON | Ducati | 1’49.925 | 2.543 | 0.235 |
23 | 55 | Hafizh SYAHRIN | Yamaha | 1’49.937 | 2.555 | 0.012 |
24 | 81 | Jordi TORRES | Ducati | 1’51.081 | 3.699 | 1.144 |