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Ce début de saison 2020 reporté en MotoGP fait grand bruit. Même si les circonstances sont particulières, bien d’autres manches ont été annulées ou boycottées par les pilotes. Remontons le temps : nous sommes le 14 mai 1989, à Misano Adriatico.

Les contemporains y vivent une situation pour le moins exceptionnelle. Sur le circuit de Santa-Monica (l’actuel tracé Marco Simoncelli) venait d’être apposé un nouveau revêtement, mais qui présentait des imperfections. En effet, ce dernier ne drainait pas la pluie correctement et pouvait s’avérer très dangereux dans ces conditions. Mais bon, à Misano, ne fait-il pas toujours beau ?

Le début du week-end se passe merveilleusement bien. Les fans italiens verront, normalement, une formidable explication. Wayne Rainey, Eddie Lawson et Kevin Schwantz sont dans un mouchoir de poche au championnat.

 

 

 

Eddie Lawson déclara que la piste fut vraiment trop dangereuse et les limites dépassées. Ironiquement, on le vit acclamer les pilotes en piste depuis les tribunes. Photo : Stu Newby

 

La tension est présente dès les qualifications, mais comme souvent, c’est Schwantz qui s’en sort le mieux dans l’exercice. Prêt à s’élancer, l’Américain ne peut percevoir que des menaçant nuages gris dans le ciel, mais la course est bien déclarée « sèche ».

Les lions sont lâchés. Schwantz réalise un départ énorme, mais est vite rattrapé par Pierfrancesco Chili sur Honda Gallina. Ce qu’il devait arriver arriva. Mère nature pleure, obligeant Kevin Schwantz, en tête, à lever la main pour arrêter la course.

Normalement, un nouveau départ, mouillé cette fois, doit être donné, mais la piste est bien trop dangereuse. Une discussion s’établit entre les pilotes et l’organisation : les concernés souhaitent au moins une séance d’essai pour tester les conditions et prendre confiance. L’organisation refuse catégoriquement, et demande un départ incessamment sous peu.

Après concertation, les pilotes décident de boycotter la course. En théorie, quand Lawson, Schwantz, Rainey, ou Doohan refusent de courir, personne n’y va. Cela aurait très bien pu se terminer en annulation de Grand Prix… Sauf que Chili, qui se battait devant, voulait absolument courir !

Lancé à 17 h 40, la deuxième course est une parodie de Grand Prix. Les pilotes ne roulent pas vite du tout, tant le tracé est dangereux. Seul « Franky » Chili tire son épingle du jeu, et remporte le grand prix avec 30 secondes d’avance. Sa seule victoire en 500cc reste donc assez controversée. Il est rejoint sur le podium par un illustre inconnu, Simon Buckmaster.

 

Il ne pleut pas souvent à Misano, mais quand cela arrive, cela mène la plupart du temps à des difficultés. Rappelez-vous l’édition 2015, avec un podium de Scott Reding …malgré le fait qu’il soit tombé. Photo : Toni Pecoraro

Ce britannique n’avait jamais fait mieux que 12e en 35 Grand Prix, et se retrouvé tout à coup propulsé à la deuxième place ! De beaux souvenirs. Malheureusement, ce dernier se fera amputer à la suite d’un accident terrible au Bol d’Or quelques années plus tard.

En troisième place se trouve un pilote encore plus obscur, un Allemand du nom de Michael Rudolff. Bien entendu, c’est son seul podium en carrière. Mais la plus belle surprise arrive une place derrière ! C’est la mythique Fior de Marco Gentile qui termine à 1’32’’ du vainqueur ! Une belle récompense pour l’architecture particulière des Fiors, qui fera sans doute l’objet d’un autre article.

Ce Grand Prix particulier n’était clairement pas le plus excitant. Il permet de découvrir des pilotes, mais surtout des hommes, des destins. Messieurs, vous avez pris des risques, vous avez tenu à courir, et nous ne pouvons que vous féliciter.