Cela fait plus de 10 ans que nous entretenons une relation particulière avec Valentin Debise sur les circuits français ou internationaux. Il était donc naturel que nous lui ouvrions une fois de plus nos colonnes pour partager son aventure en Championnat de France FSBK, dans lequel l’Albigeois vise à nouveau le titre en Supersport 600 et en Superbike 1000.
Après ses quatre victoires au Mans au guidon de ses nouvelles Yamaha, celui que l’on surnommait VD53 mais qui porte maintenant le numéro #153 nous conte la suite de son aventure extraordinaire, au sens premier du terme, cette fois à Nogaro où l’Albigeois a de nouveau remporté les quatre courses auxquelles il a participé.
Nous le retrouverons après la prochaine épreuve à Lédenon, et il en sera ainsi tout au long d’une saison dans laquelle l’ancien pilote de Grand Prix (mais pas que), vise à nouveau les deux titres majeurs du Championnat de France FSBK.
Valentin, avec à nouveau quatre victoires durant le
week-end, on imagine que celui-ci s’est bien passé, mais
raconte-nous comment tu l’as vécu…
Valentin
Debise : « Oui, ça s’est plutôt bien passé. On a
démarré assez lentement parce qu’on faisait partie des rares à ne
pas avoir roulé sur le circuit avant l’épreuve puisqu’on avait fait
le choix de faire les tests Michelin à Alcarras pour continuer à
développer la nouvelle gamme de pneus Superbike et Supersport 2022.
On a donc pris l’opportunité d’essayer ces pneus, car ce sont des
pneus qu’on ne peut pas avoir quand on fait des essais privés. En
Espagne, on a ainsi pu régler les motos pour voir comment ça se
passait avec ces nouveaux pneus, mais par contre celles-ci
n’étaient pas adaptées au circuit de Nogaro. On a donc passé le
vendredi à faire quelques ajustements sur nos motos, pour pouvoir
attaquer les qualifications avec de meilleurs compromis
pneus-motos. Du coup, à partir de samedi, j’ai commencé à avoir une
bonne vitesse, donc on n’a rien changé pour les courses du dimanche
matin. Ensuite, on a juste anticipé la chaleur de l’après-midi avec
des variations de réglages sur la 600 et sur la 1000, ce qui a bien
fonctionné car il faisait plus chaud dimanche après-midi comparé à
tout ce qu’on avait eu durant le week-end. Du coup, même si j’ai
roulé un peu moins vite le dimanche après-midi avec la 600 et la
1000, mes concurrents ont roulé encore moins vite, ce qui m’a
permis de gagner les deux courses. »
Alors deux petites précisions, quand tu dis que tu
essaies des pneus Michelin pour des températures élevées, ce sont
des pneus compétition pour qui ?
« Oui, ce sont des pneus compétition qui seront commercialisés
au grand public dans les prochains mois. »
Et quand tu dis des réglages adaptés aux températures
chaudes, sans divulguer de choses précises, sur quoi interviens-tu
?
« On ne va pas rentrer dans les détails mais on travaille sur
les suspensions. En termes de frein moteur, sur nos motos c’est
assez adaptatif au grip disponible, donc on n’a pas à y
toucher. »
Vu de l’extérieur, les courses Supersport semblent plus
faciles pour toi qu’en Superbike où tu reçois une opposition
particulièrement corsée…
« En fait, c’est surtout
durant la course 1 qu’il y a eu beaucoup de bagarre en Superbike,
et celle-ci était surtout entre Mathieu Gines et moi. On a dû se
dépasser 20 fois chacun pendant la course ! Mathieu a la même moto
que moi et, forcément, le premier concurrent c’est ton coéquipier
ou le mec qui a la même moto que toi. De plus, l’année dernière il
était sur Michelin et cette année c’est moi qui y suis, donc
forcément il a envie de battre ses anciens collaborateurs et la
même moto que lui. Donc la bagarre était sympa, d’autant que
Mathieu roule proprement et avec respect en piste, et maintenant
qu’on se connaît bien, on a pu se doubler et se redoubler maintes
et maintes fois. Et même quand j’ai essayé de faire des petits
coups en douce pour le bloquer, il me connaît tellement par cœur
qu’il arrivait à contourner ce que je faisais: c’était vraiment
sympa et on a pris beaucoup de plaisir ! »
Sincèrement, penses-tu que les pneus Michelin te
procurent un avantage ?
« On voit que les garçons avec les autres marques de pneus ont
un avantage en début de course. Ce n’est pas un gros avantage,
c’est infime, mais par contre à partir du milieu de course jusqu’à
la fin, on est plus fort avec les Michelin. C’était peut-être un
défaut que Michelin avait auparavant, de trop vouloir chercher la
performance, mais aujourd’hui je préfère un pneu un petit peu moins
performant mais qui dure toute la course. En 600, ce qui est super,
c’est que je roule avec les nouveaux pneus commercialisés cette
année, les Medium Soft + et Medium Hard +. Ce ne sont pas des pneus
de développement, donc n’importe quelle personne peut aller acheter
ces pneus qui gagnent actuellement. En 1000, ça dépend des
circuits: sur certains je roule avec les pneus actuellement
commercialisés, et sur d’autres avec ceux qui seront commercialisés
dans quelques mois. Là, je pense qu’on a un avantage certain et
quand il fera des températures un peu plus chaudes, l’avantage va
s’accentuer. »
Une des choses qui a changé entre Le Mans et Nogaro,
c’est que tu n’as pas été obligé de courir d’une moto à
l’autre…
« Effectivement, cela m’avait aussi empêché d’aller au podium
en 600 au Mans. Je ne sais pas si c’est à cause de cela mais
toujours est-il qu’il y a une course entre les Supersport et les
Superbike, ce qui a également l’avantage de mettre en avant les
jeunes. Par contre, cela réduit ma pause à la mi-journée, qui passe
de trois heures à une heure et demie. »
Cela suffit, non ? À moins que tu comptes aussi
t’inscrire en OGP ?
« (rires) Non. »
On a annoncé beaucoup de public qui s’est rendu sur les
courses, peut-être aussi grâce à la parade qui a eu lieu en ville,
et qui était à mon avis une très bonne idée…
« En
fait, il n’y avait pas grand monde le vendredi, samedi un peu et
beaucoup le dimanche. Je pense que le circuit peut accueillir plus
de personnes mais les endroits où on pouvait voir une grande
section du circuit étaient remplis. C’était bien organisé et les
visites de la voie des stands le samedi midi et le dimanche midi
ont connu un grand succès. La parade était une super idée mais je
n’étais même pas au courant, donc je ne sais pas qui était au
courant. Peut-être faudrait-il que la communication mette aussi
l’accent sur ce genre d’événements, par exemple pour qu’il y ait un
peu plus de monde à l’heure de la parade… »
La prochaine manche a lieu à Lédenon dans trois
semaines. Comment l’anticipes-tu, avec une concurrence qui se
rapproche nettement ?
« Oui, c’est sûr que la concurrence se rapproche. En 600, ça
roulait vraiment vite. Le record de la piste en championnat de
France était en 29.6, j’ai roulé en 29.1, Grégorio en 29.08, Arbel
en 29.3, Gimbert en 29.4 de mémoire… »
Alors comment expliques-tu que les records soient tombés
en Supersport et pas en Superbike ?
« Je n’en sais rien. Franchement, je ne sais pas. C’est sans
doute en fonction des conditions de piste et des pneus disponibles
sur l’année. En 600, que ce soient les Michelin ou les Pirelli, les
pneus fonctionnaient à merveille avec les températures de ce
weekend et le grip de la piste. Les Michelin avaient encore cette
performance en fin de course qui me permettaient de faire des super
chronos. Mais c’est vrai qu’en 1000 j’avais moins ce ressenti de
performances des pneus comme on avait pu avoir il y a deux ans,
alors qu’il y a deux ans les 600 ne roulaient pas très vite. Mais
je ne sais pas l’expliquer. »
Je reviens à ma question sur Lédenon…
« On a toujours une marge de progression car on a débuté le
programme tardivement. On a encore des petits problèmes qu’on peut
régler sur les motos. Je sais qu’on va progresser mais les autres
vont progresser aussi et certains sont déjà allés rouler à Lédenon
avant Nogaro. De toute façon, quasiment tout le monde va aller y
rouler, mais nous je ne sais pas car j’ai des tests avec Michelin
et je dois aussi aller au Grand Prix de France. Je dois donc me
poser pour réfléchir si on va y aller s’entraîner ou pas, d’autant
que c’est toujours aussi une question de budget. »
À ce sujet, que tu avais de nouveaux partenaires, mais
aussi qu’il y avait eu du changement chez certains de tes
partenaires…
« Oui, car il y avait des partenaires
qui m’ont seulement soutenu pour la première course et pas sur
l’ensemble du championnat. Là, j’ai trouvé des partenaires, dont
Speedway et le magasin Yamaha Best of bike qui me suivent
jusqu’à la fin de la saison. Donc pour moi, c’est super car je
préfère évidemment un fonctionnement comme ça. En même temps, j’ai
réussi à trouver un partenariat avec les outils Beta, et un team
pour lequel j’avais déjà roulé en Endurance, R2CL, me soutient
jusqu’à la fin de l’année, mais il reste encore de la place sur les
carénages (rires). »
Merci Valentin, et rendez-vous pour le débriefing de Lédenon !