Cela fait plus de 10 ans que nous entretenons une relation particulière avec Valentin Debise sur les circuits français ou internationaux. Il était donc naturel que nous lui ouvrions une fois de plus nos colonnes pour partager son aventure en Championnat de France FSBK, dans lequel l’Albigeois vise à nouveau le titre en Supersport 600 et en Superbike 1000.
Après ses quatre victoires au Mans au guidon
de ses nouvelles Yamaha, puis ses quatre victoires à
Nogaro, celui que l’on surnommait VD53 mais qui porte
maintenant le numéro #153 a trébuché pour la
première fois à Lédenon, en ne remportant seulement
que trois des quatre courses auxquelles il a participé.
Aïe, caramba, que pasa ? L’Albigeois nous le conte lui-même.
Nous le retrouverons après la prochaine épreuve à Pau-Arnos, et il en sera ainsi tout au long d’une saison dans laquelle l’ancien pilote de Grand Prix (mais pas que), vise à nouveau les deux titres majeurs du Championnat de France FSBK.
Valentin, on t’a laissé après Nogaro alors que tu ne
savais pas si tu allais pouvoir t’entraîner à Lédenon pour la
prochaine manche du championnat de France FSBK…
Valentin Debise : « Oui, j’ai pu faire trois
séances le matin à Lédenon mais j’étais malade donc j’ai abrégé la
journée pour rentrer chez moi afin de ne pas prendre de risques.
J’avais dû manger quelque chose qui n’est pas bien passé et cela a
duré une journée. Ensuite, j’ai fait une bonne préparation physique
parce que j’ai vu que cela me manquait un peu par rapport à ce que
je pense correct pour un pilote de moto. Du coup, je me suis remis
d’aplomb et après avoir fait les quatre courses à Lédenon, qui est
le circuit le plus physique de l’année, je me sentais en pleine
forme et j’aurais pu en faire une cinquième. Donc de ce côté-là,
c’est super positif. »
Raconte-nous comment s’est passé ton
weekend…
« Cela s’est passé de façon normale. Nous nous attendions à des
conditions une peu plus chaudes et on sait qu’on est un peu mieux
quand il fait très chaud. Malheureusement, il n’a pas fait aussi
chaud qu’espéré mais malgré tout on était bien, que ce soit avec la
600 ou la 1000. L’année dernière, j’avais battu le record avec la
1000. Cette année, je savais que cela allait être un peu plus
difficile de refaire ce genre de chrono car il y avait vraiment
beaucoup de vent qui soufflait ce weekend. Avec la 600, j’étais à
1/10 du record de la piste de l’année dernière et, du coup, cela me
tenait à cœur d’essayer de le battre cette année. En qualification,
j’ai fait le même temps que l’année dernière, ce qui avec le vent
n’était pas mal du tout, puis j’ai réussi à rouler 3/10 plus vite
en course et à battre le record précédent de 2/10. Aujourd’hui,
j’ai donc le record de la piste en 600 et en 1000, et je suis donc
content, indépendamment des résultats des courses. »
Samedi, lors de la qualification des Superbike, on a vu
que tu n’avais pas fait le meilleur temps, ce qui est plutôt
inhabituel depuis un moment. Pourquoi ?
« En fait, ce qui s’est passé c’est que j’étais un peu indécis
concernant mon choix de pneus pour la course. Donc au lieu de
prendre le pneu qui marchait le mieux pour faire un tour chrono,
j’ai demandé au mécanicien de mettre de l’essence pour faire 15 ou
16 tours et le pneu qui me semblait le meilleur pour la course. Je
suis donc parti dans l’optique de faire une simulation de course et
mon rythme de course était bon, un peu plus rapide que ce que
j’avais fait l’année dernière, avec accessoirement le deuxième
chrono pour la qualification. Je savais donc que j’allais être pas
mal en course, et c’était plus important que de faire la pole
position, sachant que nos concurrents ont des pneus de
qualification qui durent deux ou trois tours. Pour Michelin, cela a
peu de sens de fabriquer des pneus qui font aussi peu de tours,
afin d’éviter de jeter de la gomme pour rien. »
Le dimanche commence par la course des Supersport où tu
es obligé de donner le meilleur de toi-même…
« Je pensais que Arbel, De la Vega et Gimbert qui sont des
locaux de l’étape, allaient être mieux que ça, et en fait c’est un
circuit un peu plus technique qui présente plus de difficultés qu’à
Nogaro ou au Mans, et c’est Gregorio, qui a beaucoup roulé là-bas
entre l’année dernière et cette année, qui était le plus affûté. Il
a été présent tout le weekend et en course n’ai pas réussi à le
distancer. Il avait une bonne vitesse, il était hargneux et j’ai dû
faire le vieux renard pour arriver à le battre ! »
Passons à la première course des Superbike. Tu viens de
nous dire que tu avais bien préparé la course, or tu tombes.
Pourquoi et est-ce catastrophique ?
« Non, ce n’est pas une catastrophe car j’avais 24 points
d’avance au championnat. Je me sentais bien et j’ai voulu
m’échapper car depuis le début du weekend j’avais des petits
problèmes quand j’étais plein angle. En course, comme les
conditions étaient moins venteuses, j’ai cru que ça allait un peu
mieux mais en fait cela n’avait pas changé grand-chose : je sentais
un peu moins le problème à mon guidon mais finalement le problème
était toujours là, car finalement cela ne venait pas du vent mais
d’un réglage des suspensions. Je suis rentré 4 km/h plus vite que
d’habitude dans le virage à cause d’une rafale de vent qui m’a
écarté et qui m’a empêché de freiner aussi fort que lors des tours
précédents. J’ai senti le truc et j’ai fait ce que j’ai pu mais je
n’avais pas assez de grip, donc j’ai perdu l’avant. Une chute sans
grande conséquence. Je suis rentré au stand et je suis reparti pour
finir la course parce que je pensais qu’ils séparaient les
classements Superbike et Challenger comme il y a deux ans, mais ce
n’est plus le cas. Cela m’a quand même permis de reprendre tout de
suite confiance. Ce sont des choses qui arrivent : j’ai essayé de
m’échapper et cela n’a pas marché. »
Quand on est un peu sur le fil comme ça, il faut
vraiment essayer de s’échapper ?
« Non, mais même si j’aime bien faire la bagarre, le problème
c’est que là ils étaient cinq à se bagarrer. Dans le groupe, il y
avait des garçons qui n’avaient pas fait de podium cette année,
donc je savais qu’ils allaient tenter le tout pour le tout pour
faire un bon résultat et je n’avais pas envie d’être dans les
embûches. C’est pour ça que j’ai voulu m’échapper. »
Heureusement, la deuxième course se passe
mieux…
« Pour la deuxième course, je me suis dit que j’allais essayé
de rester à l’avant du groupe. J’étais troisième, Mathieu Gines me
double, je le redouble instantanément puis je voulais attaquer les
deux gars devant moi en espérant que Mathieu soit peu bloqué
derrière eux. Au final, Alan Techer a fait une petite erreur et je
suis passé, puis Axel Morin pareil, donc je me retrouve en tête. Je
n’ai donc pas forcé plus que ça mais le plan que je m’étais imaginé
a fonctionné tout seul et j’ai réussi à gagner avec deux secondes
d’avance. La leçon du matin avait porté ses fruits : comme j’étais
vraiment à l’aise, j’avais voulu m’échapper trop tôt j’avais roulé
trop vite. »
Tu parles de leçon. Tu as maintenant une très grande
expérience, mais est-ce que tu apprends encore ?
« Bien sûr ! On apprend tous les jours ! Le jour où j’arrête
d’apprendre, je peux arrêter tout de suite parce que c’est un sport
qui évolue sans arrêt, comme tous les sports. Même si ce sont des
choses infimes, si on ne se met pas à la page, c’est là où on
régresse. Ce n’est pas parce qu’on garde le même niveau qu’on va
garder les mêmes résultats, parce que tout le monde évolue, les
pneus évoluent, les motos évoluent, et c’est pour ça que j’essaie
de rester au maximum informé sur tout, en regardant tout type de
course dans le monde entier. Je regarde ce que font les autres pour
m’en inspirer et ne pas passer à côté de quelque chose. Donc bien
sûr qu’on apprend tous les jours ! Après, avec l’expérience,
mon erreur du matin aurait peut-être pu être évitée, mais gagner
des courses ce n’est pas aussi facile que ça, que ce soit en
championnat du monde ou en championnat de France. Tout le monde
veut gagner et à un moment donné il faut forcer et prendre des
risques. Et en prenant des risques H24 sur une moto, comme on reste
des humains on fini par faire une erreur. Je ne connais pas un
seul pilote ne fait jamais d’erreur. On apprend tous les jours, que
ce soit en pilotage ou en technique moto, et c’est pour ça que
c’est intéressant. »
On approche de la mi-saison, soit déjà le moment où on
commence à penser à l’année prochaine. Quels sont les projets que
tu aimerais réaliser, car tu ne vas peut-être pas rester en
championnat de France pendant 10 ans ?
« Forcément, j’y pense car, comme chaque année, le but serait
de faire le mondial. Personnellement, j’aimerais faire du mondial
Superbike mais je sais que c’est inaccessible, que ce soit au vu
des pilotes MotoGP qui arrivent maintenant ou des budgets qu’il
faut trouver pour y rouler. Donc je viserai plutôt le Supersport
qui reste malgré tout plus accessible, et c’est d’ailleurs pour ça
que le niveau a beaucoup augmenté ces quatre dernières années.
J’évalue le fait de pouvoir faire monter ma structure dans ce
championnat et il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte,
que ce soit le budget, la place disponible dans le championnat, la
moto ou les mécaniciens. Pour le moment, on est juste dans une
phase d’analyse. Là, on s’amuse bien avec mon équipe dans le
championnat de France parce que c’est nouveau, mais je ne sais pas
si j’aurai envie de recommencer une troisième année, ni si mon
équipe aura envie. Ce qui est sûr, c’est que le championnat de
France permet de faire de la moto et je suis super content d’y
rouler, mais en tant que pilote, j’ai quand même envie de me
confronter aux meilleurs mondiaux, même si le niveau en France est
élevé. J’ai envie de me confronter à des mecs qui sont plus forts
que moi ! »
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