Avant de se rendre à la conférence de presse officielle, Johann Zarco a répondu aux questions des journalistes, en petit comité, dans l’hospitalité du team Monster Yamaha Tech3.
Nous reportons ici l’intégralité de ce point presse sans aucune mise en forme.
Dans quel état d’esprit es-tu avant ce Grand Prix de France ?
Johann Zarco : « l’état d’esprit ? Je suis serein et content parce que les derniers résultats ont été excellents et ultra motivants parce qu’il y a toujours une progression constante qui est de bon augure pour la suite de la saison. Donc, je n’arrive pas avec une pression supplémentaire puisque j’ai encore cet esprit d’outsider et ce plaisir de performer. Donc la pression montera sans doute lorsque je vais attaquer les premières séances vendredi, parce que côtoyer plus de monde à l’extérieur et entendre tous les fans qui crient au podium, inconsciemment ça joue. Avec l’expérience, maintenant, j’apprends à vivre avec, et d’avoir pu le gérer l’an dernier pour répéter le deuxième titre, ça me permet de prendre avec beaucoup plus de légèreté le sujet cette année. »
Comment abordes-tu les conditions météo qui semblent peu compliquées durant tout le week-end ?
« Là, c’est toujours de l’adaptation. On a vraiment une moto prête pour la pluie et une moto prête pour le sec. Le travail peut être le même, même sous la pluie si on a des conditions de pluie tout au long du week-end. Il y a un nouvel asphalte que certains pilotes ont découvert, d’autres non, et je pense qu’il peut seulement donner de la confiance parce qu’il va apporter beaucoup plus d’adhérence, et ça permet de se décontracter sur la moto. Donc il n’y a pas de plan à faire sur la comète, simplement s’adapter lorsque l’on monte sur la moto, et rester concentré. »
Tu as roulé ici, lors des essais Michelin ?
« Non, je ne faisais pas partie de ceux qui ont fait ces tests. Yamaha a pu faire des tests et c’est déjà fondamental. Il suffit que les deux Yamaha aient roulé, ou même une seule, et les Japonais savent faire le lien avec notre équipe. »
Quelles sont tes attentes ici, de façon réaliste ?
« C’est réaliste de rêver de podium dans une journée comme ça (pluie). Je peux m’en approcher, je progresse pendant la course : je sais qu’en Argentine, j’ai eu des difficultés lorsque le pneu s’usait, au Texas, j’ai réussi à être performant jusqu’à la mi-course, et à Jerez, finalement c’était le dernier tiers de course qui a été difficile. Donc c’est signe que, à chaque fois, j’arrive à réduire cet écart. Donc je reste concentré sur ce travail d’évolution et de progression en course. Quel que soit le circuit, on sent de la progression et c’est pour ça que je dis que c’est de bon augure pour les prochaines courses. Ici au Mans, tout le monde répète « Zarco podium », donc on rêve de ça, mais il ne faut pas paniquer si cela n’arrive pas ce week-end. »
L’usure des pneus reste-t-il le handicap de la moto en ce moment ?
« C’est une expérience que de gérer tous les éléments. Le surplus de puissance qu’il y a sur ces motos là, plus de 270 chevaux, ce n’est pas rien mais on a des outils électroniques qui permettent de gérer cette usure sur la distance de course, et pour cela, il faut vraiment faire grandir ses sensations pour gérer au mieux. Il y a aussi le travail sur les suspensions, etc., et après la course de Jerez, on a fait des tests qui semblent nous avoir encore fait passer un petit pas en avant. Et lorsque l’on découvre cette avancée, c’est vraiment en conditions constantes sur le sec. Maintenant, il faudra voir ce que cela donne pendant ce week-end. »
Dans quel secteur penses-tu avoir le plus progressé depuis le Qatar ?
« Mieux comprendre ma moto, mieux savoir me servir de tous les éléments que j’ai en main, c’est-à-dire que j’ai un technicien pour les suspensions, j’ai un technicien pour l’électronique, un technicien pour le châssis : il faut savoir dire les bons commentaires aux bonnes personnes, et c’est cela qui m’a permis d’évoluer en course. »
En début de saison, tu disais que ton point faible était la sortie de virage. As-tu également progressé dans ce domaine ?
« Oui, et c’est cela qui me permet de moins perdre de temps sur les fins de course. À mon avis, cela reste un des points où il faut que je me sente de plus en plus à l’aise, mais c’est clair qu’il y a eu des progrès de faits. »
Une partie de la presse anglaise t’a comparé à Gary Mc Coy à cause de glissades de ton pneu arrière qui fumait…
« Ça, ce sont des Marseillais anglais qui ont dû dire ça (rires) parce que, d’une, on ne me voit pas en travers, et c’était en Argentine où mon pneu fumait beaucoup car j’avais un pneu différent des autres, et sur cette course là, le fait de glisser m’a servi en début de course. »
Physiquement, tu fais toujours des ascensions du Mont Ventoux ?
« Pas régulièrement mais au moins une fois par an pour le plaisir d’être en haut, mais mon programme physique s’établit bien en fonction de la forme et de ce que l’on a besoin. Depuis trois ans, j’arrive bien à gérer sur le plan physique d’avoir le bon équilibre au bon moment.
Tu te sens bien physiquement, même sur les fins de course ?
« Ça peut aller. Comme il y a encore une grosse partie émotionnelle, à cause des informations que l’on prend à ses vitesses, il y a encore de la fatigue en fin de course. Mais je ne dirais pas que c’est seulement physique, mais c’est aussi parce que le cerveau, pour l’instant, est presque en pleine découverte. Et c’est ça qui prend de l’énergie, avec beaucoup d’adrénaline. Après, quand on s’habitue à ces émotions, cela nous permet de beaucoup mieux gérer tout au long de la course. Non, la forme est bonne et il faut, toujours en donnant le maximum, continuer à grandir. »
Ton passage en MotoGP t’a-t-il amené à modifier ton entraînement cet hiver ?
« Non, déjà depuis 2016 mon entraînement physique avait évolué car on savait que la moto allait être plus intense, etc. On avait prévu, en 2016, d’aller en MotoGP en 2017. Déjà, être fort en Moto2, ça nécessite de savoir gérer tous ces facteurs là, alors on y ajoute un peu d’intensité, ou beaucoup, ça dépend des périodes, pour s’adapter au mieux à la MotoGP.
On est au Mans. Il y a une grosse attente des fans. De ton côté, ça t’excite ou ça te fait un peu peur ; où mets-tu le curseur ?
« J’essaie de le laisser en position neutre. Oui. Je ne ressens pas de la peur et je dirais plus qu’il y a un petit côté excitation, mais ça reste très léger pour l’instant. Ça va peut-être augmenter dès vendredi. Là, déjà le fait qu’il y a de la pluie fait qu’il y a beaucoup moins de monde dehors., Je ne traîne pas dehors car c’est à tomber malade (rires). Non, l’effet de pression, j’ai vraiment expérimenté ça l’an dernier, et d’expérience du métier me permet de mieux gérer. »