Nous avons hésité à publier cet article car cela ne
concerne pas directement le monde de la moto…
Mais, au-delà de tout sectarisme, le propos concerne
les sports mécaniques et, avant tout, il s’agit d’une magnifique
histoire humaine.
Samedi, Frédéric Sausset prendra part aux 24
heures du Mans.
Soit, un nom inconnu du grand public, ce qui n’est guère étonnant
pour une course mélangeant pilotes et voitures d’usine aux
gentlemen drivers.
Mais ce qui peut être une véritable leçon de vie pour nous tous,
c’est que l’homme est quadri-amputé. N’ayons pas peur des mots; il
n’a plus de bras et plus de jambes!
Revenons rapidement sur cette incroyable aventure.
En 2012, Frédéric Sausset, alors âgé de 44 ans, s’égratigne lors de
ses vacances dans les Landes. Cela arrive à tout le monde, sauf que
lui contracte une bactérie (streptocoque A). Dans de très rares
cas, la bactérie émet des toxines mortelles en provoquant une
nécrose. La mort, une sorte de gangrène, progresse alors à une
vitesse phénoménale de 12cm par heure. C’est le cas et l’homme
tombe dans le comas. A son réveil, il découvre son corps amputé des
quatre membres. Le choc!
Puis l’incroyable réaction: « Quand on a un lourd
handicap, soit on reste sur le canapé devant la télé toute la
journée et on se laisse crever, c’est comme ça que ça aurait fini,
soit on se fixe un objectif énorme. Les 24 Heures du Mans, c’était
tellement mythique. Certains m’ont dit vas-y en se disant que je
n’avais aucune chance d’y arriver. »
L’homme entreprend alors l’impossible, en exposant son projet à
divers intervenants de l’Endurance, à commencer par Christophe
Tinseau, pilote d’endurance chevronné, en passant par l’ACO, pour
aboutir au patron d’Audi en Endurance, le
docteur Wolfgang Ullrich. Ce denier lui offre trois moteurs et
moult conseils pour débuter l’aventure. Le propos semble tellement
fou que, finalement, tout le monde le soutient.
La voiture, une Morgan LMP2 modifiée, est construite puis homologuée avec ses adaptations au handicap du bonhomme. Pour accélérer et freiner, deux palans sont installés sous ses cuisses et reliés aux pédales par deux tiges métalliques. Une prothèse, fixée à son bras droit, est fixée au volant grâce à une vis alors que les vitesses se passent via une boîte automatique. Enfin, son siège est équipé d’un système de ressort pour être éjecté en cas d’accident. Des lumières bleues indiquent aux concurrents quand Frédéric Sausset est à son volant.
Ce dernier a déjà participé à plusieurs courses d’Endurance
l’année dernière et tous les pilotes le connaissent maintenant. Et
tous, évidemment l’admirent au plus haut point.
Demain, Frédéric Sausset ne prendra pas le départ de la course,
laissant cela à un de ses deux coéquipiers, mais il effectuera ses
relais par la suite.
Alors, si vous avez un peu mal au dos ou une légère
migraine, n’hésitez pas à penser à Monsieur Frédéric Sausset,
installé dans le baquet de sa Morgan-Nissan #84 sur la mythique
circuit de la Sarthe au Mans…
Respect, Monsieur Sausset!