Si le paddock est en grande
majorité masculin, de plus en plus de femmes occupent des postes au
sein des équipes. Team managers, attachés de presse,
coordinatrices, responsables d’hospitality ou encore ingénieures
data, leur nombre progresse année après année.
Qui sont-elles ? En quoi consiste leur rôle ? Comment
vivent-elles le fait d’être des femmes dans un monde d’hommes ?
Nous avons décidé d’aller à leur rencontre afin de démarrer une
série de portraits pour vous les présenter.
Après vous avoir fait découvrir les rôles de Mathilde Poncharal en
introduction, puis d’Anna-Katrin Noeller et de
Maria Pohlmann de chez Tech 3
(respectivement attachée de presse, responsable de l’hospitality et
coordinatrice de la communication et des réseaux sociaux), nous
changeons à présent d’équipe et partons dans la Sic 58 Squadra
Corse, en Moto3, pour vous présenter Giorgia Fratesi, coordinatrice
du team.
Peux-tu te présenter
rapidement et nous expliquer en quoi consiste ton travail
?
Je m’appelle Giorgia Fratesi, j’ai 31 ans et je vis en Italie, près
de Riccione. Je ne travaille dans ce milieu que depuis quelques
années mais j’y suis liée depuis toute petite car une partie de ma
famille y travaille. La moto a toujours fait partie de ma culture
familiale.
Dans l’équipe je m’occupe principalement de la logistique,
c’est-à-dire de réserver les vols et les hôtels pour tous les Grand
Prix du calendrier, ainsi que de la gestion des pass des invités
lors des week-ends de course. En plus de cela j’exerce un peu le
rôle de secrétaire pour Paolo Simoncelli. Je l’aide dans certaines
choses comme répondre aux mails. Il souhaite tout faire tout seul
et tout contrôler car cette équipe est son bébé mais il a quand
même besoin d’un coup de main pour certaines choses et je suis là
pour cela. Néanmoins, mon rôle principal reste la logistique et la
gestion des pass.
Comment es-tu arrivée dans
le paddock ? Avais-tu orienté tes études dans ce sens
?
Non, pas du tout. J’ai un diplôme en langues et j’ai d’abord
travaillé dans une entreprise commerciale. Je n’ai jamais trop
cherché à travailler dans le paddock. Je me disais que si
l’opportunité se présentait, c’était bien, sinon je ferais autre
chose. Le fait de connaître beaucoup de personnes dans ce milieu
n’aide pas trop car on ose moins, on se dit qu’on va les déranger
ou être trop envahissante. Je n’ai donc pas cherché plus que cela à
provoquer les opportunités. Et puis Paolo a créé cette équipe et
avait besoin de quelqu’un pour gérer la logistique et la
communication, une sorte de « coordinateur ». Il m’a demandé si
cela me dirait de le faire et le jour d’après je commençais !
Tu connaissais donc Paolo
avant de travailler avec lui ?
Oui. Marco et moi avions le même âge et, lorsque nous étions
enfants, nos parents avaient des boutiques voisines à Riccione et
se connaissaient. Paolo vendait des glaces et mes parents des
chaussures. Ils ont ensuite décidé de vendre la boutique et nous
nous sommes perdus de vue. Nous nous sommes retrouvés des années
plus tard à Barcelone, par hasard, lorsque Marco a fait sa wild
card. C’était en 2002 ou 2003, par-là, et nous nous sommes tout de
suite reconnus. A partir de là, nous avons repris contact.
Beaucoup de gens pensent
qu’il n’est pas évident d’être une femme dans ce milieu très
masculin, parfois même qualifié de machiste. Comment le vis-tu en
tant que femme ? Trouves-tu vraiment que cela soit plus difficile
de travailler en MotoGP qu’un homme ?
Pour moi c’est particulier car j’ai grandi dans ce milieu. Tout le
monde me connaît depuis que je suis petite et, de plus, je suis
fiancée depuis des années à un garçon qui travaille dans le
paddock. Je n’ai donc jamais vécu de situations un peu « lourdes ».
Après, 95% du paddock est composé d’hommes et les femmes que l’on y
voit passer sont très belles. Ce sont en majorité des umbrella
girls et, forcément, les hormones se manifestent ! C’est un fait.
Je ne dirais pas que c’est une ambiance machiste, mais masculine,
c’est sûr que oui.
Néanmoins, on voit de plus en plus de femmes dans les équipes, et
notamment dans la partie technique, même si elles sont encore
cantonnées à des rôles plus féminins comme la communication.
Certains postes restent difficiles d’accès et les hommes y sont
encore préférés, mais c’est en train de changer et je suis
confiante.