Si le paddock est en grande
majorité masculin, de plus en plus de femmes occupent des postes au
sein des équipes. Team managers, attachés de presse,
coordinatrices, responsables d’hospitality ou encore ingénieures
data, leur nombre progresse année après année.
Qui sont-elles ? En quoi consiste leur rôle ? Comment
vivent-elles le fait d’être des femmes dans un monde d’hommes ?
Nous avons décidé d’aller à leur rencontre afin de démarrer une
série de portraits pour vous les présenter.
En juillet dernier vous aviez pu découvrir l’interview de
Mathilde Poncharal, attachée de presse chez Tech3. Cet article a
marqué les fondements des prochains que vous allez lire, et nous
vous invitons donc à le redécouvrir en vous rendant
ici.
Pour démarrer la série, nous sommes restés chez Tech3 et
avons rencontré Anna-Katrin Noeller, qui a officié comme
responsable de l’hospitality en 2018.
Peux-tu te présenter
rapidement et nous expliquer en quoi consiste ton travail
?
Je m’appelle Anna-Katrin Noeller, j’ai 33 ans et je suis allemande.
Je suis responsable de l’hospitality. Mon rôle premier est de
m’occuper des invités afin qu’ils soient bien accueillis. Je
commence le vendredi matin par récupérer la liste des noms et
j’organise ainsi le planning suivant le nombre d’invités et le jour
de leur venue. La journée la plus importante est le samedi car il y
a à la fois les essais et les qualifications. J’avertis le chef
cuisinier et anticipe le nombre de déjeuners. Je suis également là
si les invités ont des questions ou des demandes particulières. Le
but est vraiment qu’ils se sentent très bien accueillis.
Parfois, leur pass leur permet d’avoir accès au tour de piste. Je
leur explique donc le fonctionnement et les conseille sur les
meilleurs endroits où aller.
Comment es-tu arrivée dans
le paddock ? Avais-tu orienté tes études dans ce sens
?
Non, pas du tout, cela a été le hasard. J’ai fait des études pour
travailler dans une agence de voyages. J’ai été en alternance
pendant trois ans : j’allais à la fois à l’école et je travaillais
en même temps dans une agence. Au terme de ces trois années j’ai
été diplômée.
Marc VDS avait une coordinatrice qui s’occupait d’organiser les
voyages et de gérer les pass, mais elle a dû arrêter et ils se sont
donc retrouvés avec un poste vacant. L’une de mes amies travaillait
dans l’équipe et leur a alors dit qu’elle connaissait quelqu’un qui
pourrait parfaitement correspondre au travail demandé : moi !
En effet, ma mère a une agence de voyage et je travaillais avec
elle à ce moment-là. J’avais de plus travaillé comme serveuse plus
jeune et je savais très bien gérer les relations avec les gens.
J’avais donc la double facette qu’ils cherchaient : organiser des
voyages et s’occuper des invités.
J’ai ainsi reçu un appel de mon amie le mercredi matin me disant
que je devais être au Mugello le lendemain matin pour commencer à
travailler ! Heureusement, j’ai eu la chance de travailler dans
l’agence de ma mère et de pouvoir lui dire « désolé, j’ai une
énorme opportunité, je dois partir tout de suite. » Dans d’autres
circonstances, cela aurait été plus compliqué.
Depuis quand exerces-tu ce
métier ?
J’évolue dans le paddock depuis 2010. Avant j’étais coordinatrice
des voyages et responsable des VIP chez Marc VDS. J’exerçais donc
déjà une sorte de coordination des invités au sein de
l’hospitality. 2018 est ma première année chez Tech3 mais l’an
prochain je ne serai plus dans l’équipe car je pars vers de
nouveaux projets.
Beaucoup de gens pensent
qu’il n’est pas évident d’être une femme dans ce milieu très
masculin, parfois même qualifié de machiste. Comment le vis-tu en
tant que femme ? Trouves-tu vraiment que cela soit plus difficile
de travailler en MotoGP qu’un homme ?
Je trouve que c’est de mieux en mieux car de plus en plus de femmes
travaillent ici. Pour certains postes, c’est effectivement toujours
compliqué de réussir à convaincre de ses compétences et les hommes
sont encore privilégiés. Mais je pense sincèrement que c’est en
train de changer. On voit plus de femmes responsables
d’hospitality, ingénieures data, attachées de presse… A l’avenir il
n’y aura plus de différences.