Deuxième du premier Championnat du Monde de Moto2 en 2010 avec Julian Simon, l’ancien pilote de GP 500 Eskil Suter a également remporté le classement constructeurs cette année-là, ainsi qu’en 2011 et 2012.
Marc Marquez était sacré en 2012, puis la première place de Pol Espargaro sur Kalex l’année suivante orientait petit à petit les clients vers le constructeur allemand. Tant et si bien que par un effet boule de neige tout le monde voulut rouler en Kalex, ce qui remisa Suter sur la touche. Mais l’équipe de Suter Racing Technology n’en continua pas moins de travailler sur la MMX2, et la machine fabriquée à Turbenthal en Suisse (entre Zürich et Constance) a trouvé de nouveaux clients pour revenir en piste lors des Grands Prix de l’année prochaine.
Faisons le point sur la situation actuelle avec Didier Langouet, chargé de l’exploitation en piste et donc à ce titre ancien collaborateur de Marc Marquez.
Quels seront les teams et les pilotes qui rouleront avec une Suter l’année prochaine ?
« Il y aura le Team IntactGP, avec Folger qui sera remplacé par Schrotter. Donc avec deux pilotes allemands qui seront Marcel Schrotter et Sandro Cortese. Il est question du Team Kiefer, mais ce n’est pas encore signé, il n’y a pas eu d’essais de faits. D’autres gens prennent contact car à Valence Folger a très bien roulé avec cette moto. Ces deux jours de roulage se sont déroulés dans des conditions peu favorables. A la fin de première journée il y a eu beaucoup de vent. On essaie toujours de finaliser la journée en faisant un bon chrono avec des pneus neufs. On pouvait rouler, mais pas dans les temps du record.
La deuxième journée a été plus compliquée parce qu’on était intégré dans les essais du Championnat d’Espagne (pas le Championnat d’Europe). Il y avait une quarantaine de pilotes en piste, dont beaucoup avec un niveau plutôt amateur. C’était d’autant moins évident qu’en raison du vent qui avait soufflé pendant la nuit, la piste était assez sale et avait moins de grip que le jour précédent. Malgré tout Folger a fait de très bons temps et on a pu travailler de manière efficace. L’équipe de développement de Kalex Engineering était présente avec Sam Lowes, Franco Morbidelli et Mattia Pasini pour préparer l’année prochaine. Il y avait aussi le responsable Öhlins pour la Moto2 chez Marc VDS et Gresini.
Une équipe comme IntactGP a une image 100% allemande, avec des Kalex ainsi que Sandro Cortese et Jonas Folger (remplacé par Marcel Schrotter en 2017). Pourquoi cette équipe, ainsi qu’une autre équipe allemande comme Kiefer, ont-elles choisi une Moto suisse ?
« Ça s’était passé exactement de la même manière avec nous deux ans auparavant. Comme on dit, la roue tourne. Nous on s’est mis sur le marché, même s’il est compliqué de faire du développement quand les pilotes et les teams sont en pleine saison, avec des motos d’un autre constructeur. La limite des dix jours d’essai n’a pas simplifié les choses. On a été rouler en Championnat d’Espagne à la fin de la saison dernière avec des pilotes de ce championnat. On a réussi avec l’équipe Suter à faire une moto qui semblerait convenir puisque Pasini avait fait aussi des essais à Misano avant le Grand Prix. Il avait réalisé de bons temps et était très content de la moto. Intact GP a voulu que Folger essaie la Suter car ils désiraient changer de moto (pour des raisons qu’il ne m’appartient pas de commenter). Ça a été pour nous une grande chance, car Folger est neutre en raison de son passage en MotoGP en 2017 chez Tech3. Il n’avait donc pas de préférence à afficher.
Kiefer Racing va passer de WP à Öhlins parce qu’ils disent que comme WP engage sa propre machine l’an prochain, ils sont certains qu’ils n’auront jamais les mêmes suspensions qu’eux.
« C’est logique, mais WP ne peut pas fournir du mauvais matériel pour que leur moto soit devant les autres. Ils ont une image à entretenir sur le plan commercial. Mais bien sûr un team privé ne peut pas imaginer qu’il disposera du même matériel que l’usine qui sera en pleine phase de développement.
Quel est le pourcentage de pièces communes à l’ancienne Suter et à la nouvelle ?
« Visuellement, ça va rester une Suter. On ne va pas tout relooker. On sait que quand notre moto a disparu du plateau, elle n’était pas mauvaise. On l’a bien amélioré dans les détails, mais surtout au niveau de la nouvelle suspension arrière du type « full floating ». L’amortisseur est entièrement flottant dans le bras oscillant, il n’y a pas de liaison directe entre l’amortisseur et le châssis. Ça passe par l’intermédiaire de biellettes. La liaison fixe de l’amortisseur est dans le bras oscillant. On a développé cette suspension en interne. Pour la carrosserie actuelle, telle qu’on la voit sur la photo, on se sert de vieux carénages. Il y avait eu un prototype de réalisé, avec un profil un peu différent, développé en soufflerie. Mais malheureusement lors des essais en Championnat d’Espagne il a été détruit. La selle sera différente et les formes aérodynamiques à l’avant améliorées. »
Photo : L’équipe Suter à Valence, dont Didier Langouet à gauche, avec Jonas Folger (© Suter)