Quand on aborde un weekend de Grand Prix, il y a de nombreux éléments qu’il est utile d’avoir en mémoire, parmi lesquels les anciens records, les courses de l’année précédente ou les caractéristiques physiques du circuit.
Pour en savoir un peu plus sur ce dernier point, et aller un peu plus loin que le nombre de virages ou la longueur de la ligne droite, nous avons souhaité interroger des professionnels afin d’essayer de connaître les éléments importants qu’une expérience de plusieurs décennies leurs permet d’avoir directement à l’esprit en arrivant sur un circuit.
Guy Coulon, le sorcier du team Monster Yamaha Tech3, qui a bien voulu répondre à nos questions pour les premiers circuits de la saison, aborde ici le circuit de Catalunya, situé près de barcelone….
Guy Coulon: « La principale caractéristique de Montmelo, c’est que, qu’il fasse chaud ou froid, il y a assez peu de grip. Encore moins quand il fait chaud.
Après la départ, et la première chicane, il y a le virage #3, le
grand droite en montée est important car il faut pouvoir y mettre
du grip au sol, à l’arrière. Comment? Je ne vais pas vous le dire
(rires).
Quand il n’y a pas trop de grip, il y a deux sortes de problèmes;
tu peux avoir du patinage, mais quand même arriver à faire avancer
ta moto. Ça, c’est le moindre mal à Barcelone. Mais tu peux aussi
avoir du patinage, et rester sur place. Et ça, c’est beaucoup moins
bon (rires).
Or ce fameux virage #3 dure très longtemps, donc si tu y as un
problème, tu perds vraiment beaucoup de temps. Donc, il faut
arriver à y faire avancer ta moto; même si tu patines, il faut
qu’elle avance!
Le virage #4 ne pose pas trop de problème, mais au #5, ça fait d’une part un moment que tu n’as pas tourné à gauche, et d’autre part ça descend quand même assez violemment et le virage est assez sec. Une petite erreur y devient vite importante car tu n’as pas trop le temps de te récupérer et que tu n’as pas de marge de manœuvre. C’est pour ça qu’il y a beaucoup de chutes.
La remontée ne pose pas trop de problèmes. Le virage #9 est à l’aveugle mais techniquement, il ne nous pose pas de problème.
Après arrive le stadium, et là encore, c’est toujours le même problème; le grip. Là, on remonte violemment, avant les deux derniers virages, et en plus avec un changement de direction où tu sors assez large à droite et tu dois revenir sur la gauche pour te placer. En fait, la ligne droite entre le 10 et le 11 n’existe pas car tu es toujours incliné dans un changement de direction que tu dois faire de manière souple pour ne pas brusquer ta moto et ne pas lui faire perdre le grip. Tout ça doit être très arrondi, très construit, et très contrôlé, sinon, si tu commences à te mettre un peu en travers à la sortie du gauche (#10) qui rentre dans le stadium, que tu n’as pas bien pris ta trajectoire, que tu as perdu de la vitesse, et que tu te mets à patiner, alors tu es mort jusqu’à la ligne d’arrivée.
Après, il reste les deux fameuses cassures (12 et 13) avant l’arrivée, où il peut toujours se passer quelque chose. Mais très souvent, les dépassements dans le dernier virage sont initiés par la vitesse que tu as pu prendre et conserver dans la partie du stadium. C’est le problème de tous les circuits avec un grip assez faible; si tu y fais une petite erreur de contrôle, ce n’est pas parce que tu vas ouvrir un peu plus que tu vas te rattraper; au contraire, tu vas patiner davantage. Donc il faut vraiment arriver à être très coulé et très précis. «