Quand on aborde un weekend de Grand Prix, il y a de nombreux éléments qu’il est utile d’avoir en mémoire, parmi lesquels les anciens records, les courses de l’année précédente ou les caractéristiques physiques du circuit.
Pour en savoir un peu plus sur ce dernier point, et aller un peu plus loin que le nombre de virages ou la longueur de la ligne droite, nous avons souhaité interroger des professionnels afin d’essayer de connaître les éléments importants qu’une expérience de plusieurs décennies leurs permet d’avoir directement à l’esprit en arrivant sur un circuit.
Guy Coulon, le sorcier du team Monster Yamaha Tech3, qui a bien voulu répondre à nos questions pour les premiers circuits de la saison, aborde ici le Circuit de Jerez de la frontera, au sud de l’Espagne.
Guy Coulon: « Le circuit de Jerez est constitué de courbes très rapides, et qui constituent des cassures très sèches, mais aussi de virages lents, comme le droite qui est au bout de la ligne droite de retour . Il faut arriver à être stable au freinage, à pouvoir déclencher quand tu as envie et comme il faut pour tourner dans ce virage à droite. Autre problème, la cassure à gauche suivi du long gauche en accélération où il faut arriver à avoir une bon en traction et à bien se placer pour le droite/droite d’après. Ensuite, i l ya les cassures #11 et 12 de l’arrivée qui sont des cassures sèches, mais rapides et avec beaucoup d’angle. Enfin, il faut être stable et garder de la vitesse pour le dernier virage où i ly a souvent des embrouilles.
Particularité plus générale, au moment où l’on va à Jerez, il y a souvent un grip précaire. Jerez, comme beaucoup de pistes en Espagne, fonctionne en effet mieux en hiver, quand il fait froid, disons entre 6 et 10°, et là tu peux y faire des temps fantastiques. Par contre, quand tu y vas au mois de mai, tu roules une seconde et quelques moins vite. Comme à Valence, les Anglais appellent du « greasy feeling », du feeling graisseux. C’est typique , quand il fait chaud, de Barcelone, Valence et Jerez. »
A quoi est-ce dû?
« L’Espagne est un pays chaud et les pistes peuvent atteindre de hautes températures. Les pneus chauffent donc beaucoup et la partie de la gomme concernée devient très mobile. Cela donne donc une sensation de flottement.
Comme avec une gomme tendre. Contrairement à ce qu’on pense, une gomme tendre n’est pas la panacée. Ca va sur un tour style qualification parce que même si ça bouge beaucoup, il y a du grip, mais très souvent, et notamment à l’avant, une gomme tendre de va pas du tout lors des freinages. Dès que tu mets un peu d’effort sur la gomme, et même si elle ne s’échauffe pas et correspond aux niveaux de grip et d’usure dont tu as besoin, la moto va être instable, car l’ensemble de la gomme bouge sur la carcasse.
C’est un peu ce problème là que tu rencontre quand tu as des pneus qui correspondent à ce qu’il faut pour rouler sur des pistes chaudes. La surface de la gomme elle-même devient un peu trop mobile, et c’est ce qui donne cette instabilité, donc ce manque de réaction aux actions du pilote. »