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L’homme est élégant. Non pas qu’il bénéficie d’une élégance vestimentaire particulière, puisque, lors des Grands Prix, il revêt l’uniforme bleu du team Movistar Yamaha MotoGP où il officie, mais plutôt d’une sorte de prestance dans sa posture, toujours droite et associée à un calme non-feint accompagné de gestes mesurés.

Sur un circuit, il n’hésite cependant pas à vous foudroyer d’un simple regard silencieux dès que vous vous approchez de trop près de la Yamaha #46 dont il a la garde…

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Il faut dire que des journalistes ou des fans, il a dû en écarter des milliers, tout au long de sa carrière, aux côtés des pilotes dont les noms figurent sur la splendide Yamaha 400 réalisée par Fred Krugger en son hommage :

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Randy Mamola, Wayne Rainey, Kenny Roberts, Norick Abé, Mick Doohan, Tady Okada et, bien sûr, Valentino Rossi, dont il constitue aujourd’hui un membre de sa très restreinte garde rapprochée.

Garde à ce point rapprochée que le technicien belge n’a pas hésité à tenter l’aventure Ducati avec son pilote; une expérience dont il garde un souvenir contrasté« des bonnes pâtes et des gens sympathiques, mais aussi des promesses non tenues »

Nous avons donc rencontré Bernard Ansiau chez lui, en Belgique, lors des Bikers’ Classics à Spa-Francorchamps; un moment infiniment plus privilégié que sur un Grand Prix, même si l’homme était à la fois très sollicité et très occupé, puisqu’il y roulait sur une Yamaha (what else?) TZ 750 1979.
Numéro 46, bien sûr !

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Là, le professionnel avait fait place au passionné, et nous avons pu lui poser quelques questions, sans toutefois oser trop de le déranger au milieu de ses amis…

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Bernard Ansiau, on n’a visiblement pas le temps de faire toute votre biographie, mais à quel âge avez-vous été piqué par le virus de la moto ?

« A l’âge de 13 ans, par là. J’ai commencé à acheter, derrière le dos de mes parents, des petits 50cc, Itom, Royal Nord, et des choses comme ça, et ça ne m’a jamais quitté. »

C’était pour faire comme les copains ou parce que vous achetiez des revues de motos ?  

« Tout simplement parce que j’en avais marre de me déplacer à vélo; ça ne m’intéressait pas et ça ne roulait pas assez vite! (rires) »

Dès ce moment, j’imagine que ça a été les mains dans le cambouis pour monter des Dellorto de 19 ?

Oui, tout à fait!

Ensuite, la volonté de prolonger ?

« En fait, ce qui s’est passé chez moi, c’est que j’ai roulé deux ans en trial puisque mes parents m’interdisaient d’avoir une moto de route, puis j’en ai racheté une quand ils étaient partis en vacances. »

Au moment de choisir une orientation professionnelle, avez-vous hésité entre pilote et mécanicien ?

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« Pour être pilote, à la base, je crois qu’il faut être aidé et avoir des moyens. Cela n’a pas été le cas, et j’ai toujours eu la passion de la mécanique, j’ai toujours aimé gigoter sur les motos, essayer de comprendre comment ça fonctionnait (ndlr; aujourd’hui, Bernard Ansiau se fait plaisir, entre autre, avec la boîte seamless de la Yamaha de Valentino Rossi). Dans les années 70′, quand on roulait à moto, il fallait automatiquement savoir mettre la main à la pâte et travailler dessus. »

Aujourd’hui, vous avez roulé à Spa. Est-ce un circuit qui pourrait de nouveau accueillir les MotoGP™ ? 

« Je pense que ce n’est pas forcément à moi de dire si ça pourrait accueillir les MotoGP, car je n’ai pas trop ces compétences et, franchement, je passe rarement du temps sur les circuits de Grand Prix.

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Aujourd’hui, j’en ai profité, je me suis régalé, mais je pense que je ne roule pas assez vite pour en connaître les dangers.
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D’après ce que j’ai entendu, il n’y a peut-être pas assez de zones de dégagement.
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Maintenant, est-ce qu’il y aurait un vouloir des pouvoirs dirigeants du circuit de Francorchamps de ré-accueillir les Grands Prix ? Je ne sais pas. Et si oui, est-ce que ce serait possible de faire les ajustements ? »

Ce serait une bonne chose, car, ce n’est pas parce que vous êtes Belge, mais on parle bien du plus beau circuit du monde, non ?

« Là, je suis tout çà fait d’accord avec vous! (rires) »

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Puisque l’on parle du MotoGP, j’avance des hypothèses : C’est l’année où l’on voit votre pilote, comme vous l’appelez, le plus motivé…

« Oui… »

Le plus performant…

« Valentino a toujours été performant, et aujourd’hui, il a toujours la volonté de se battre, de vaincre et de gagner des Grands Prix, comme depuis qu’il a 8 ans. Oui, il est performant et veut toujours se battre pour le titre. »

Mais là, il a la moto pour le faire…

« Oui. Cette année, je pense que la Yamaha s’en sort bien face au changement de règlement. La moto a bien évolué et s’est bien adaptée au nouveau boîtier d’électronique et, bien sûr aux Michelin. Donc, oui, on a une moto qui pourrait gagner le championnat! »

Malheureusement, une mauvaise passe, avec une erreur à Austin, la malchance au Mugello, puis une erreur à Assen…

« Oui, on a quand même gagné pas mal de courses, et je pense qu’on est seulement à mi-saison et qu’il y a encore beaucoup de points à distribuer: il peut encore se passer beaucoup de choses. De toute façon, que ce soit de notre côté, au niveau technique et évolution, mais aussi au niveau du pilote, je crois qu’il va y avoir une volonté d’essayer de récupérer les quarante points qu’il nous manque sur Marquez. »

Dès la prochaine course, évidemment…

« C’est évident! »

Vous avez des contacts en dehors de la course, avec lui ?

« Non, pas trop, parce que je pense qu’il est nécessaire à tout un chacun de prendre du recul. je ne dis pas de sortir du monde de la moto, parce que ce n’est pas ce que je fais aujourd’hui (rires) mais on prend du recul et on fait chacun sa petite vie, et voilà. »

Il vous a parlé, après Assen ?

« Oui. Il était fort déçu. Je ne vais pas trop vous raconter ce qu’il m’a dit, mais, dans les grandes lignes, il a été un peu trop gourmand. »

Bernard Ansiau, au quotidien, vous roulez toujours en moto ?

« Oui. Avec une Yamaha MT09. Mais j’évite de rouler quand il neige en Belgique. »

C’est-à-dire au mois de juillet ?

« (Rires). Non, là, il pleut seulement. »

Regardez-vous les courses, une fois rentré chez vous ?

« Non. Pas du tout. parce que je ressens qu’il est nécessaire de prendre du recul face à un week-end qui est quand même très contraignant et très physique. »

Bon. Alors, à ce point de l’interview, Bernard Ansiau, je suis très embêté car vous étiez tellement sollicité que j’ai interviewé votre femme et votre fille en vous attendant, et qu’elles m’ont dit exactement le contraire…

« (Rires) Non… Pas vraiment… Mais elles-mêmes  sont fans. La moto, c’est sûr que c’est une histoire de famille, même si ça ne vient pas de mes parents, au contraire, puisqu’il n’était pas question de rouler en moto. Mais aujourd’hui, oui. »

Enfin, dernière chose, encore plus incompréhensible, quand je leur ai demandé comment vous étiez à la maison, elles m’ont répondu « merveilleux »…

« (Rires) Ben voilà! Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? »

Merci à Bernard Ansiau d’avoir pris un peu de temps sur ses loisirs pour répondre à nos questions !

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Quant à son futur, il l’aborde avec décontraction, entendant rester officier chez Yamaha, même si « le pilote » prenait sa retraite fin 2018. Et ce, d’autant plus si ce Valentino Rossi abandonnait le guidon de sa M1, tout en manageant son propre team en catégorie reine : une hypothèse qui reviendra sans aucun doute de façon récurrente durant les deux années à venir…

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