Avant de vous partager l’intégralité des débriefing presse de Johann Zarco, nous ne résistons pas au plaisir de porter à votre connaissance l’analyse de Monsieur Eric de Seynes au sujet des premiers essais du pilote français en MotoGP à Valence.
Des paroles aussi belles et sincères que pertinentes de la part du Directeur Général de Yamaha Motor Corporation, qui reste par ailleurs toujours aussi passionné, comme en atteste la photo prise lors de son inscription au nouveau TZ Club France.
Monsieur De Seynes, avant de parler de Johann Zarco, nous savons qu’il existe le projet que vous essayiez une Yamaha M1 au Japon. Cela a-t-il déjà eu lieu ?
« Non, je n’ai jamais roulé sur une M1 mais cela fait partie de mes rêves et j’ai la chance d’avoir une fois partagé ce rêve avec Fuji San qui est le patron du département compétition au Japon, et qui m’a fait la réponse la plus étonnante que je pouvais attendre, puisqu’il m’a dit « tu prends ton casque et tu me dis quel lundi tu veux venir après un Grand Prix et on roule ». Et depuis, je n’ai pas osé le lui rappeler, tellement j’ai trouvé ça dingue (rires). Mais je n’ai pas oublié, donc je pense que ça va se faire, oui. »
Vous avez suivi les premiers essais de Johann Zarco en MotoGP. Quelles sont vos réactions ?
« Oui, j’ai débriefé avec Laurent et avec Johann et je pense que Johann a abordé ça comme il fallait, c’est-à-dire qu’il ne s’est pas emballé. D’abord, je pense qu’il a fait une fin de saison absolument magnifique. Les deux derniers Grands prix ont été magistraux. J’ai beaucoup aimé la course de Valence, où sincèrement il était facile pour lui de laisser filer Morbidelli en voyant son agressivité. Mais il n’a rien voulu lâcher et a voulu quitter la catégorie Moto2 sur le titre, sur une victoire, sur une pole, sur un meilleur tour en course, c’est-à-dire avec le meilleur panache possible pour être sûr d’aborder la catégorie MotoGP avec le plus haut niveau de confiance qu’il pouvait avoir en lui-même. Il a réussi ça, et c’était tellement facile, en deux jours avec la M1, de faire une faute qu’il n’a pas faite, que je crois qu’il aborde ça extrêmement bien.
C’est un bosseur, tout le monde le sait, mais ce n’est pas qu’un bosseur; c’est quelqu’un qui a du talent ! Et malheureusement, beaucoup trop de gens l’ont caricaturé pendant de nombreuses années, comme n’étant qu’un travailleur, ce qui est faux. C’est quelqu’un qui s’est construit. J’ai la chance de le côtoyer depuis six ans et j’ai vu comment mentalement il s’est construit. Aujourd’hui, c’est un pilote professionnel de haut niveau, et qui doit réussir de belles choses avec la M1, différemment de ce que pouvait faire un Pol Espargaro ou un Cal Crutchlow à son époque, parce qu’à ce niveau là, on ne peut être bon pilote qu’en laissant exprimer sa personnalité. Cela veut dire que l’on doit être soi-même.
Vous savez, j’ai une phrase qui m’a marqué un jour… La plus belle phrase que vous pouvez donner à un enfant, c’est « quand tu seras grand, surtout, soit toi-même ». Et il ne s’agit pas d’être quelqu’un d’autre. C’est tellement facile, c’est tellement facile… Que vous soyez dans un monde professionnel, où on vous donne des galons, où on vous donne des titres, ou que vous soyez dans un monde sportif, où on vous donne des titres de champion du monde, et d’un seul coup, vous pouvez devenir quelqu’un d’autre. Je crois que quand on arrive à atteindre le haut niveau, quelque soit son domaine, qu’on soit dans l’ébénisterie ou le pilotage de Grand Prix, et qu’on sait rester soi-même, c’est là où on est le plus fort. Et je crois qu’aujourd’hui, Johann a su rester lui-même, ou a trouvé qui il était. Et la manière dont il abordé la M1 et les premiers essais avec Tech3 sont, je trouve, à son image. Donc, j’ai une grande confiance et il faut surtout qu’il suive son plan de route, son plan de marche, mais je pense qu’il a d’ores et déjà démontré qu’il a abordé la catégorie comme il le fallait. »