Nombreux sont les pilotes
de Moto2 et Moto3 à ne compter qu’une saison ou deux dans leur
catégorie, voire même à totalement débuter cette année. Certains
progressent très vite et voient leur nom apparaître de plus en plus
souvent en haut du classement. D’autres font leurs premiers pas et
découvrent le Championnat du Monde. Bien qu’ils soient discrets,
ces jeunes pilotes travaillent dur et à Paddock-GP, nous les avons
remarqués.
Nous sommes donc allés à leur rencontre afin d’en apprendre
plus sur eux, sur leur parcours et sur leurs objectifs afin de vous
les présenter.
Pour ce huitième épisode, nous avons rencontré le Japonais
Ayumu Sasaki qui évolue au sein du team Petronas Sprinta Racing en
Moto3.
Ayumu, peux-tu te présenter
?
Je m’appelle Ayumu Sasaki, je suis né le 4 octobre 2000, j’ai donc
18 ans. J’ai un grand frère et une grande sœur et je vis à environ
quarante minutes de Tokyo, au Japon.
A quel âge as-tu commencé à
rouler ?
A sept ans. Mon grand-père m’a offert une moto pour mon
anniversaire.
Ta passion te vient-elle de
ta famille ?
Oui car mon père était pilote.
A quels championnats as-tu
participé avant d’arriver en Mondial ?
J’ai commencé par le Championnat Japonais 50cc à l’âge de neuf ans.
L’année suivante je suis passé sur une 100cc et j’ai remporté le
championnat. J’ai ensuite évolué vers des 125cc, j’ai beaucoup
gagné et j’ai fini par arriver dans l’Asian Talent Cup en 2014,
j’avais donc 14 ans. J’ai été sacré champion l’année suivante, en
2015, tout en roulant également en Red Bull Rookies Cup. J’ai aussi
décroché le titre lors de ma seconde année, en 2016, avant
d’arriver en Mondial Moto3 en 2017. Je n’ai pas pu avant car il
faut avoir 16 ans pour y entrer et je ne les ai eu qu’en fin
d’année.
Ta première apparition en
Championnat du Monde a eu lieu lors du Grand Prix de Malaisie 2016
où tu as remplacé Enea Bastianini qui était blessé. Comment cela
s’est-il passé ?
J’avais déjà été titré en Rookies Cup, mais à ce moment-là je
n’avais encore que 15 ans. J’ai fêté mes 16 ans le 4 octobre et,
heureusement, la Malaisie avait lieu du 28 au 30. J’avais donc
l’âge légal pour faire ce remplacement mais je ne m’y attendais pas
du tout ! Je n’étais donc pas prêt et ne me suis pas mis
d’objectifs hormis d’essayer d’apprendre le plus possible. Le
niveau était très élevé et, de plus, il a plu presque tout le
week-end. La course s’est déroulée dans des conditions mixtes et
j’ai chuté dans le deuxième virage du premier tour. Je n’ai pas
beaucoup roulé et cela ne m’a pas servi en terme de pilotage, mais
j’ai en revanche pu prendre conscience de ce qu’était le
Championnat du Monde.
Tu es donc définitivement
arrivé en Mondial Moto3 à partir de 2017 dans le team Petronas
Sprinta Racing où tu es resté cette année. Comment se sont
déroulées tes deux premières saisons ?
Mon premier Grand Prix de l’année, au Qatar, s’est très bien passé
puisque j’ai terminé onzième. De-là, je me suis attendu à bien plus
de ce qu’il s’est passé. Je me suis dit « en Argentine je peux
viser un top 6 et ensuite à Austin un podium. » En réalité j’ai
terminé vingtième et quinzième. Ces deux courses ont été très
dures. A partir de là j’ai réalisé que le Championnat du Monde
n’était pas simple. Cette première année a donc été difficile car
j’ai eu beaucoup de choses à apprendre face à des pilotes rapides
et qui avaient de l’expérience. J’ai alterné des courses dans les
points et des courses hors des points avec deux 10 (mon meilleur
résultat a été une septième place) mais c’était vraiment ma limite.
J’ai donc été déçu de ma première saison, même si j’ai conscience
qu’elle était bonne pour un débutant et que j’ai d’ailleurs
décroché le titre de meilleur rookie 2017.
Cette année, par contre, j’avais l’expérience pour faire une bonne saison et je suis donc encore plus déçu. Jusqu’en Autriche j’ai réalisé pratiquement la même saison que l’an dernier : une bonne course au Qatar avec un top 10, trois courses dans les points mais le reste assez loin. Au Red Bull Ring nous avons alors décidé de changer de réglages car nous n’allions pas dans la bonne direction. Je voyais qu’il me manquait quelque chose et que je passais également à côté de quelque chose mais je ne savais pas quoi. Je voyais mes anciens concurrents de la Rookies Cup ou même ceux qui avaient débuté en même temps que moi l’an dernier comme Bezzecchi se battre devant tandis que je stagnais.
A partir de l’Autriche nous avons beaucoup progressé et j’ai également retrouvé ma confiance, que j’avais commencé à perdre. Cela a été ma meilleure course car je suis parti dix-huitième et ai eu un super rythme (j’ai d’ailleurs réalisé le meilleur tour en course). Je n’ai terminé « que » septième car le temps de remonter, le groupe de tête s’était échappé mais j’aurais clairement pu être avec eux donc cela a été très positif.
Malheureusement, dès la course suivante, j’ai été malchanceux. Je m’étais très bien qualifié et je me trouvais vers la sixième place lorsque plusieurs pilotes ont chuté devant moi et je n’ai rien pu faire pour éviter de tomber à mon tour. Je me suis cassé le poignet et cela a complètement stoppé nos récents progrès qui étaient vraiment importants. Cette course devait conforter cela avant de commencer à viser le podium dès Aragon. J’ai dû manquer le Grand Prix pour revenir en Thaïlande. J’y ai terminé premier des FP2 pour la première fois et j’ai également mené la course pour la première fois. Même si j’ai finalement chuté, j’étais très content. J’ai ensuite enchaîné deux tops 10 au Japon et en Australie. J’aurais pu faire mieux en raison de problèmes de pneu et de stratégie, mais cela reste positif. Puis j’ai encore été malchanceux en Malaisie.
On va dire que ce n’était pas mon année et on va espérer que cette malchance se transforme en chance en 2019. Quoiqu’il arrive, j’ai beaucoup appris durant ces deux années, notamment à rester motivé sans monter sur le podium (ce qui ne m’était jamais arrivé avant d’arriver en Mondial).
Quel est ton objectif pour
2019 ?
Je reste dans la même équipe et ai toutes les cartes en main pour
bien faire. Il est donc très élevé : remporter le Championnat ! Je
préfère me fixer quelque chose d’exigeant durant toute la
pré-saison et nous verrons ensuite au Qatar comment les choses se
passeront. J’ai vraiment hâte d’y être.
Découvrez les épisodes précédents :
Épisode 1 : Andrea Locatelli (Moto2) / Épisode 2 : Dennis Foggia (Moto3) / Épisode 3 : Iker Lecuona (Moto2) / Épisode 4 : Alsonso López (Moto3) / Épisode 5 : Albert Arenas (Moto3) / Épisode 6 : Marcos Ramírez (Moto3) / Épisode 7 : Augusto Fernández (Moto2).