Qualifiée en cinquième position, la Ducati Panigale V4 R de l’équipe ERC-Endurance avec Randy de Puniet, Julien da Costa et Louis Rossi a connu des problèmes dès les essais et le début des 43e 24 H Motos du Mans. L’équipe allemande a subi de multiples déboires, dont une panne d’essence, des chutes et des soucis techniques avant d’abandonner en fin de nuit sur un problème électrique.
Cette situation a fortement déplu à Randy qui a peu apprécié que les pilotes fassent de gros efforts pour gagner du temps en piste, pour tout reperdre ensuite dans les stands.
Randy, vu de l’intérieur de ton équipe, la situation a-t-elle été aussi pénible qu’elle en a eu l’air sur les écrans ?
« Ah, la question est bien formulée ! »
Quand on regardait la télé, ça avait l’air très difficile. Est-ce que c’était finalement le cas ou pas ?
« Oui, ça a été compliqué. Comme je l’ai expliqué, ça a été difficile de voir des choses logiquement nécessaires pour l’endurance qui n’étaient pas préparées. Et de se retrouver comme ça, pris au dépourvu alors que c’étaient des choses qui auraient pu être préparées à l’avance, ça a été dommage. Tout simplement. »
Quel est ton bilan final de ces 24 Heures ?
« Le bilan final n’est pas bon parce qu’on a abandonné à la mi-course. On s’attendait à avoir des problèmes techniques sur la machine car elle était nouvelle. Cette moto n’avait jamais fait d’endurance. Donc je dirais que ça n’a pas été décevant. Ce qui l’a été, c’est tout ce qui s’est passé avant, comme la panne d’essence, ma poignée de guidon qui n’a pas été attachée correctement, alors que je leur avais dit la veille. Ces ennuis sur de petits détails auraient pu être évités complètement, et si ça avait été évité, on aurait été sur le podium virtuel avant de casser. »
« L’image aurait été superbe, de voir que le team avait fait du bon boulot, même si la moto avait ensuite cassé, que les pilotes avaient bien fait leur travail et que la Ducati était compétitive. Mais en fait non. Aujourd’hui, je pense que nous les pilotes on a fait notre boulot. »
« Par contre ailleurs il y a eu du laisser-aller. »
Tu as expliqué que la poignée, côté gauche, n’avait pas été filetée. Elle tournait comme un accélérateur. Puis qu’ensuite vous avez eu le même problème à droite. L’équipe n’avait pas fileté les poignées ! C’est quand même une erreur étonnante, non ? Parmi d’autres…
« Oui. Oui, c’est étonnant pour des personnes qui suivent l’endurance. Après, moi je ne suis dans ce team là que depuis deux courses. Leur problème, c’est qu’ils ne sont pas assez sérieux dans la préparation d’avant-course. Il y avait déjà eu pas mal de soucis dans ce genre-là quand ils étaient avec la BMW. »
D’après Jean-Michel Pfrimmer, coordinateur du Team ERC Endurance, vous disposiez du meilleur matériel de la part de Ducati et de Michelin. Comment ces deux partenaires ont-ils réagi ?
« Comment ils ont réagi après la course, je n’en sais rien. Par contre, ce que je peux dire c’est que la Ducati fonctionnait bien. Nous avions un ingénieur venu de Bologne qui s’occupait du frein moteur, du traction control et de tout ce qui était la partie moteur, et qui a fait du super boulot. »
« Bien sûr, quand la moto a 2 000 tours de moins que ce dont elle aurait pu disposer, nous, en tant que pilotes, ça nous a fait un peu râler. On ne s’attendait pas à ce qu’elle soit autant bridée. C’était obligé, sinon elle cassait, donc je peux comprendre. »
« Concernant Michelin qui équipait quelques équipes comme la Kawasaki officielle, on avait tous les mêmes pneumatiques. D’après ce que j’ai compris, n’importe qui peut acheter ces pneus dans le commerce. »
« Ces pneus étaient très performants, ce qui était une bonne chose. N’importe qui peut utiliser ces pneumatiques sur la pluie ou sur le sec, il est sûr de les avoir. Ils ont été très performants. L’adhérence et la longévité étaient très bonnes. »
« Après, pour le sec, on aurait aimé avoir un petit peu mieux, surtout sur l’angle maxi. Avant, Michelin n’équipait pas de motos EWC, mais uniquement des Stocks, donc ils n’étaient pas soumis à ces contraintes. Est-ce que dans l’avenir, ils vont évoluer au niveau des pneumatiques pour les EWC, je n’en sais rien, mais en tout cas pour ce qui était des pneumatiques c’était très bien, en particulier sous la pluie. »
Après cette épreuve décevante, ton bilan final de ces 24 Heures contient-il une lueur d’espoir pour l’avenir ?
« Une lueur d’espoir ? Je ne sais pas de quel côté. Moi maintenant je fais de la moto pour me faire plaisir. Pour gagner aussi, parce que j’aimerais bien remporter au moins une fois Le Mans ou le Bol d’Or. »
« Avec ce team là, il y avait un challenge à relever. Nous les pilotes on a fait notre boulot. Il n’y avait rien à se reprocher. Donc je ne pars pas déçu du weekend, parce qu’on ne pouvait pas faire autrement. J’aimerais bien avant d’arrêter ma carrière être dans un team gagnant. »
Tu sais si tu continues avec eux ?
« Pas pour le moment, je n’en sais encore rien. »
Photos © Mateusz Jagielski, Good-Shoot.com pour EWC