C’est à Riom le 27 septembre 1983 que le destin frappa Erwan : « A ma naissance, mon père m’a piqué avec une aiguille de carburateur pour me transmettre sa passion de la moto. En sortant de l’hôpital, direct après cet événement, mon père m’a laissé m’échapper du landau et je suis tombé sur le bitume. Voilà d’où vient ma passion et mes premières expériences avec le goudron ». Quelques années plus tard, Nigon vient de signer cet hiver avec Gilles Stafler pour être le coéquipier au sein du Team SRC Kawasaki de Jérémy Guarnoni et David Checa.
Champion de France 125 Open en 2001, Erwan intégrait ensuite l’Equipe de France Espoir et participait en Grands Prix 250 en Championnat du Monde pendant 4 saisons de 2002 à 2005, avec comme meilleurs résultats deux septièmes places sur Aprilia en 2003 à Assen et Phillip Island, devant des pilotes du calibre de Manuel Poggiali et Toni Elias.
En 2007, Nigon prend la direction du FSBK en 1000 Superbike, ainsi que du Championnat du Monde d’Endurance. Il participe à la manche américaine du Championnat du Monde Superbike en 2009 sur une Yam du GMT94 sur le circuit Miller Motorsports. En 2010, il est Champion de France Superbike au guidon d’une BMW, puis en 2012, il devient Champion d’Allemagne IDM sur une BMW alpha Technik – Van Zon. Après avoir remporté les 8H d’Albacete en 2011 sur BMW avec Sébastien Gimbert et Hugo Marchand, il est vainqueur des 24 H du Mans en 2014 avec la Suzuki du SERT en compagnie de Vincent Philippe et du regretté Anthony Delhalle.
En 2015, ce sont les 8H de Suzuka sur Kawasaki Trick Star, avec qui Nigon dispute une saison complète de Championnat du Monde en 2017 et termine dixième pour l’équipe EVA RT Webike Trick Star. Il y aura ensuite une belle troisième place au mondial 2017-2018 avec Honda Endurance Racing, puis direction Kawasaki, avec Jérémy Guarnoni et David Checa après le Bol 2018.
Erwan a donc roulé sur des motos de toutes les catégories, sauf la MotoGP. Ah oui ? En êtes-vous si sûr ?
« J’étais pilote essayeur chez Michelin en 2008, explique Nigon, et Michelin souhaitait développer des pneus différents pour chaque machine de MotoGP. J’ai donc roulé pendant 25 jours sur la Honda RC212V officielle de Dani Pedrosa et Nicky Hayden (la 800 cm3). On a tourné à Indianapolis, à Ladoux (centre d’essais Bib), au Mans et sur de nombreux autres circuits. William Costes de son côté développait les Michelin pour les Yamaha officielles, tandis que les Ducati roulaient en Bridgestone.
« J’ai fait les premiers tests à Almeria, et je m’en rappellerai toute ma vie. Okada avait roulé, et tout de suite j’ai été plus rapide… et surtout sans tomber ! C’était ça le défi, car cette moto coûtait cher. Ce qui m’avait surpris à l’époque, ce n’était pas le moteur, mais les freins carbone. »
Tu as effectué tes premiers tours de roues en 2019 avec le Team SRC Kawasaki sur le circuit Ricardo Tormo de Valence au début de ce mois de janvier pendant trois jours avec tes nouveaux coéquipiers Jérémy Guarnoni et David Checa. Quelles ont été tes premières impressions ?
« Je me suis senti tout de suite à l’aise avec le team que je connaissais déjà. J’avais été coéquipier de David Checa en 2009. Ça s’est bien passé avec le team, Jérémy Guarnoni et les mécanos. Il n’a pas été évident de se mettre dans le bain au début, mais je me suis rapidement senti à l’aise, comme à la maison, comme si on se retrouvait en famille ».
D’autant plus que tu as remporté ta première course en endurance sur la Kawasaki française n°11 ! C’était aux 8H d’Oschersleben le 9 août 2008, pour la première édition de la course allemande, avec Julien Mazuecos et Ivan Silva. Tu t’imagines remettre ça onze ans plus tard en juin prochain ?
« Oui, ça pourrait être sympa. J’ai toujours eu du succès à Oschersleben, comme cette première victoire en endurance, et j’y ai gagné mes premières courses en Championnat d’Allemagne IDM. Ça serait génial de gagner là-bas avec de nouveau coéquipiers et toujours cette Kawasaki. »
Bien que votre ZX-10RR n’ait pas été en version définitive, l’électronique 2019 n’étant pas installée, comment la comparerais-tu avec la CBR1000RR que tu partageais l’année dernière avec Sébastien Gimbert et Gregory Leblanc pour l’équipe Honda Endurance Racing ?
« La ZX-10RR a un caractère différent, avec un moteur très présent, un couple beaucoup plus important que celui de la Honda. Même sans la version définitive de l’électronique, il y avait beaucoup plus d’assistance que sur la CBR.
« Au niveau châssis, je n’ai pas encore pu exploiter la moto à 100% car j’avais un peu d’appréhension et je n’ai pas osé me lâcher complètement lors de cette première séance. »
Tu as terminé sixième du Championnat de France FSBK en Superbike 2018 sur une Honda Daffix. As-tu des projets dans ce domaine pour cette année ?
« Non. 2019 est en cours de négociation, mais ça n’avance pas très vite. Il est sûr que je ne disputerai pas le FSBK, mais pourquoi pas un championnat étranger ? »
Continues-tu toujours actuellement ton activité de pilote de développement pour Michelin ? Sinon, comment roules-tu pour te maintenir en forme ?
« Oui, je continue mon activité de pilote de développement des pneus de compétition pour Michelin. Je roule beaucoup toute l’année sur différents circuits, ce qui me permet de garder la forme. Et je continue depuis que je suis tout jeune ma passion du motocross avec mon ami d’enfance Frédéric Sandouly qui est l’organisateur du Supercross d’Auvergne au Stade Marcel Michelin. Ça m’occasionne pas mal de pizzas sur les bras, mais c’est la vie de pilote. »
Erwan (à gauche) avec Jérémy Guarnoni et David Checa
En titre et ci-dessous : Erwan et la RCV212 de Dani Pedrosa en 2008
Ci-dessus : Erwan lors du FSBK 2018
Photos © SRC Kawasaki, Michelin, Erwan Nigon et Kawasaki Racing