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Champion du monde d’endurance en 2004, vainqueur du Bol d’Or en 2002, 2003 et 2007, ainsi que des 24 heures du Mans en 2000, 2002 et 2005, Sébastien fait partie de l’équipe officielle Honda Endurance Racing depuis 2014, avec notamment une troisième place au Bol d’Or en 2017 avec Grégory Leblanc et Yonny Hernandez. Sixième des essais du Bol 2018, Gimbert, Leblanc et Nigon pointaient troisièmes à la fin de la première heure, deuxièmes au premier tiers de la course (8e heure) derrière le SERT, puis on les retrouvait magnifiquement en première position à la fin de la dixième heure. Mais la casse d’un goujon de culasse ruinait ensuite leurs espoirs et les contraignait à l’abandon après 330 tours.

Sébastien, la Honda a montré au Bol un excellent niveau de compétitivité. Avec ton équipe tu avais terminé troisième du Championnat du Monde 2017-2018 derrière FCC TSR Honda France et le GMT, mais devant toutes les BMW, Suzuki et Kawasaki. Comment s’annonce la suite du Championnat actuel, avec d’abord les 24 Heures du Mans ?

« On était en tête du Bol d’Or et on pouvait se permettre d’assurer notre position pour le gagner, mais malheureusement on a eu un problème de goujon moteur qui a cassé. On a malgré tout marqué neuf points au Championnat, grâce aux points alternatifs qui sont géniaux. Donc ça nous permet de rester dans la course au titre. On est loin, c’est vrai, mais on n’a pas fait un zéro pointé.

« Avec la nouvelle formule de l’endurance, la pole position va rapporter des points, il y a des points alternatifs, les 24 Heures du Mans permettront de marquer 65 points*, donc il n’y a absolument rien de perdu. Il nous faut simplement rester concentrés et terminer les courses, tout en étant performant tout au long de chaque épreuve.

*5 pour la pole position
10 au classement après 8 heures
10 au classement après 16 heures
40 si vainqueur des 24 Heures du Mans

« La Honda est connue pour être fiable, donc il n’y a pas de raison qu’on gâche les courses comme on a pu le faire au Bol d’Or. Par contre on a souvent eu des problèmes avec les accessoires comme le bras oscillant, le faisceau électrique ou les phares additionnels. »

Tu vas avoir deux nouveaux coéquipiers, après le départ de Grégory Leblanc et d’Erwan Nigon. Sais-tu déjà de qui il va s’agir ?

« Rien n’est signé, donc je ne peux pas en parler. Mais j’entends des bruits de couloir qui me plaisent. Le fait dans le passé de ne pas conserver Freddy Foray et Julien da Costa n’a rien changé aux résultats. Le départ de Grégory Leblanc et d’Erwan Nigon est le choix de Honda Europe, mais ça n’empêche qu’il s’agit de quatre pilotes très performants avec qui j’ai adoré rouler. »

FCC TSR Honda France et ton équipe Honda Endurance Racing sont parmi les premiers. Pourquoi n’est-ce pas le cas pour la CBR1000RR en Championnat du Monde Superbike ?

« Les motos sont très similaires, et la différence est faite parfois par les pilotes, parfois par les teams. Les motos se valent. C’est un Championnat très disputé et j’ai énormément de respect pour Jonathan Rea qui est un pilote qui m’a toujours plu et qui est resté très simple.

« C’est l’attitude qu’on retrouve chez les pilotes de Superbike, contrairement à ceux de MotoGP qu’il est très difficile de côtoyer ou avec qui entretenir des relations normales. Mais il est logique qu’ils s’auto-protègent. Aujourd’hui pour gagner en Superbike, il faut tous les bons paramètres. Je pense que Honda est en train de préparer une bonne surprise avec Moriwaki. »

L’évolution du Championnat du Monde d’endurance te satisfait-elle dans les domaines sportifs et médiatiques ?

« Complètement. Il y a une nette évolution dans le Championnat du Monde d’endurance. L’intérêt n’est plus franco-français, mais désormais mondial. Il y a des pilotes de plus en plus talentueux, avec un intérêt croissant des pilotes de Grands Prix et de Superbike.

« On retrouve maintenant aux 8 H de Suzuka des pilotes parmi les meilleurs du Monde comme il y a dix à quinze ans. Des marques comme Honda, Yamaha, Suzuki et Kawasaki s’intéressent à l’endurance, et certaines rumeurs laissent entendre un intérêt émanant de Ducati. Tout ce qu’on a fait jusqu’ici commence à payer, alors que nous on va prendre notre retraite ! »

Au niveau de la relève, ton fils Johan fait ses débuts en Espagne en Supersport 300. Sur quelle moto, dans quelle équipe et quel championnat ?

« Mon fils a terminé troisième l’année dernière de la Coupe Honda, avec des 300. C’est un super championnat, hyper réglementé, c’est-à-dire que les 300 passent au banc à la fin de chaque session, et ils pèsent moto et pilote dont le poids est limité.

« Beaucoup de pilotes qui font le Championnat du Monde Junior Moto3 en CEV viennent aussi pour rouler plus car les Espagnols ont compris que pour qu’un jeune soit performant sur une moto, il ne faut pas que ça coûte trop cher aux parents.

« Ils utilisent des « motos de facteurs », des 300 4-temps dont le moteur est plombé. On l’achète chez le concessionnaire Impala à Barcelone.

« Cette année, ils étaient une dizaine à prétendre au podium. Johan a gagné à Barcelone avec 0.063 d’avance sur le deuxième, sachant que le sixième a terminé à 0.2. Il a été repéré par l’équipe Palmetto Racing et il va donc intégrer le team officiel Kawasaki en Espagne sur une 400. »

Es-tu content des débuts de ton nouveau magasin Speedway à Fréjus ? Et comment se porte la Race Experience School ?

« On fait dans le magasin l’entretien pour tous types de motos, de la Royal Enfield et la Harley-Davidson à la dernière Ducati V4, et la préparation racing avec un banc de puissance, en faisant partie des Öhlins et Brembo Centers. On est capables de rentrer dans les boîtiers et de paramétrer les motos.

« La Race Experience School est devenue une des plus grosses écoles moto en France, avec environ 1 800 enfants formés en 2018. On va des premiers tours de roues aux stages mensuels de progression sur les circuits de Fréjus et du Luc. On a un circuit gonflable qui permet aux petits de découvrir la moto quand leurs parents passent par là avec eux par hasard, sur un salon ou une manifestation sportive ou autre.

« Avec Thibaut Gourin et Franck Rostagni, mes associés, on a créé la Race Experience School pour les adultes, non pas pour apprendre à rouler vite, mais pour permettre aux motards (qui arrivent et repartent avec leur propres motos) de gagner en marge de sécurité sur la route ».

Vidéo : “The 2018 Bol d’Or – A 24-Hour Journey”

“Speed of Japan Suzuka 8 Hours Special Friday practice”

Photos © Honda Pro Racing et Speedway-Fréjus