Randy sera au départ en Malaisie le 14 au guidon de la nouvelle Ducati Panigale V4 R du Team ERC Endurance. Cette équipe allemande est désormais soutenue officiellement par le constructeur italien en Championnat du Monde FIM EWC.
Selon Paolo Ciabatti, le Directeur sportif de Ducati Corse, « Le Team ERC Endurance est soutenu par Ducati avec la présence d’ingénieurs Ducati Corse spécialistes de l’électronique sur chaque course. Les machines reprennent les spécifications techniques du Superbike mondial et ont été préparées à l’atelier Ducati Corse par les mécaniciens de l’équipe ERC avec le soutien de nos ingénieurs. »
Pour Uwe Reinhardt, le team manager d’ERC Endurance, « L’usine Ducati a développé des pièces en un temps record et une cellule de développement spécial Endurance, qui travaille étroitement avec l’équipe Superbike, a été créée. »
Randy, qu’attends-tu du soutien de Ducati, dont la Panigale V4 R n’a pas encore couru en endurance ?
« Ce qui est sûr, c’est que cette moto est performante, comme on l’a vu avec Álvaro Bautista à son guidon en Championnat du Monde Superbike. C’est une moto que j’ai essayée en version racing lors d’un track day. Elle pousse vraiment fort et j’ai été surpris par la facilité et la douceur du moteur à bas régime. La puissance et la vitesse de pointe sont impressionnantes. »
« J’ai fait une dizaine de tours avec des pneus standards et
des suspensions non réglées, mais j’ai quand même été surpris par
cette moto qui me rappelait un peu les caractéristiques d’une
machine de MotoGP d’il y a une dizaine d’années. Pour une moto de
série, ça m’a vraiment impressionné. »
« Pour les 8 Heures, je pense que ce sera une moto
performante, mais malheureusement il ne faut pas rêver parce qu’on
n’aura que le mercredi pour la régler et pour être le plus efficace
possible. Dès le jeudi, on va attaquer les qualifications.
»
« Il y aura pas mal d’ingénieurs avec nous, ce qui va nous
éviter de perdre du temps parce qu’eux ont l’habitude de la faire
fonctionner. Ensuite, c’est une course de 8 heures, la moto est
nouvelle et l’équipe n’a jamais roulé dans ces conditions. Donc il
faut s’attendre à de petits soucis. Mais je pars en connaissance de
cause dans ce projet. »
« Ce qui m’a plu, c’est la machine, ainsi qu’une équipe motivée qui a su s’entourer de personnes compétentes pour la faire fonctionner. Parce que ce n’est pas tout d’acheter des motos de ce type si on n’a personne de compétent ou capable de rendre performant ce type de machine. Là, le package sportif et technique a l’air bien. Après, il faudra avoir un peu de réussite. »
Que penses-tu du choix comme coéquipiers de Louis Rossi et Ondřej Ježek ?
« Ces deux pilotes étaient déjà en contrat avec l’équipe,
donc c’est plutôt moi qui vient me greffer au team. Avec mes
coéquipiers, on va faire le meilleur travail possible. On sait
qu’en endurance, on a beau avoir le meilleur équipage sur le
papier, ce n’est pas forcément celui-là qui gagne. »
« Nous sommes trois pilotes différents avec des manières de rouler différentes. Nous allons voir comment nous pourrons nous adapter au mieux à cette machine. Nous allons faire en sorte que nous soyons tous les trois le plus performant possible en un court laps de temps. »
Tu avais déjà roulé en endurance avec SRC Kawasaki et Honda Endurance Racing. Pourquoi changes-tu plus souvent d’équipe que par exemple Vincent Philippe qui est au SERT depuis presque vingt ans ?
« Je suis arrivé chez Kawasaki au Bol d’Or en 2016, puis je suis resté en 2017 et 2018. Je dirais que sportivement ça s’est passé correctement. Après on a estimé que c’était mieux d’aller chacun de son côté. J’ai quand même passé deux bonnes années là-bas. On a eu de bons résultats, et même si on n’a pas gagné on est passés pas loin de la victoire dans pas mal de courses. »
« Ensuite la piste Honda a été dispo. Moi ça me branchait bien parce que j’avais couru deux fois les 8 Heures de Suzuka pour Honda avec FCC et MuSASHi, et même si la version européenne de cette moto est différente de son homologue japonaise, je savais qu’il y avait moyen de faire quelque chose. On l’a d’ailleurs vu aux 24 H du Mans où on était bien placé pour jouer la victoire, ainsi qu’en Allemagne où on était sur le podium. Globalement, lors des trois courses européennes que j’ai faites avec eux, on était à la lutte soit pour la victoire, soit pour le podium. »
« Donc pour une moto que les gens considéraient comme pas bonne avec des Dunlop qui n’allaient pas bien, franchement j’ai passé trois bonnes courses. Globalement, avec mes coéquipiers et le team, ça s’est bien passé. Il y avait une volonté de continuer après Suzuka, quand soudain malheureusement le team a mis la clé sous la porte. »
« Donc de là je me suis retrouvé sans guidon pour le Bol
d’Or, ni pour la suite de la saison. J’ai été déçu de ne pas
participer au Bol d’Or parce que j’adore cette piste et que je suis
assez rapide là-bas. Du coup, rien et rien… »
« Il y a une quinzaine de jours, il y a eu cette opportunité sur la Ducati. J’ai pesé le pour et le contre. Comme j’ai tout simplement envie de rouler, il y avait plus de pour que de contre et j’ai décidé de me lancer dans l’aventure. Comme je te le répète, ce programme m’intéresse parce qu’il y a une volonté. Ce n’est pas « on achète les motos et on les met sur la piste pour voir ce qui se passe ». Le team est un client aidé par Ducati. Soit il prenait la moto avec les ingénieurs, soit il n’y avait rien. »
« Pour moi c’est bien parce que les gens de Ducati n’ont pas envie de voir leur machine arrêtée sur le bord de la piste. Là, les personnes du team seront accompagnées par des gens de l’usine, et ça c’est plutôt intéressant. Tout est réuni pour que ce soit positif, et surtout j’adore la piste de Sepang. »
Justement, penses-tu que la Ducati soit un bon choix pour Sepang, face par exemple à la Yamaha de Franco Morbidelli, Hafizh Syahrin et Michael van der Mark ?
« La Yamaha a le package parfait parce qu’elle a les
Bridgestone. A Sepang, les Bridgestone sont mieux que les Pirelli,
surtout après une demi-heure de relais. Par contre la Yamaha est
aboutie, ils vont là-bas avec la moto qui est déjà réglée.
»
« Nous, je pense que notre moto aura un gros potentiel si on
arrive à bien la régler. Moi, j’ai été impressionné par la
puissance du moteur. Il est clair et net que la Yamaha n’a pas ce
moteur. Après, c’est une machine qui se comporte un peu comme une
MotoGP, ce qui est plutôt bien pour moi, et puis on verra bien. Le
but là-bas c’est de faire une course constante et d’obtenir la
meilleure place possible. »
« Bien sûr en qualif si je peux aller chercher un super
tour, je ne vais pas m’en priver, surtout que le Pirelli de
qualification est plutôt pas mal, par rapport à Dunlop qui n’a pas
de pneu qualif et au Bridgestone qui est un peu moins bien.
»
« Si la Ducati est en pole position à Sepang, même si en course on fait cinquième, ça fera parler. Moi j’ai envie de contribuer au développement de la moto. J’ai développé beaucoup de MotoGP et là-dessus je pense que je suis capable de les aider dès mercredi, et de leur donner de bonnes informations sans avoir besoin de quinze tours pour comprendre ce qui se passe. »
La Ducati Panigale V4 R du Team ERC Endurance
Randy de Puniet sur sa dernière Ducati, en 2011 chez Pramac
Vidéo : Randy de Puniet sur la MuSASHi RT HARC-PRO.Honda #636 | Suzuka 8 Hours 2018
Photos © ERC Endurance, motogp.com / Dorna