Nous serons beaucoup samedi à midi à souhaiter une bonne course à tous les concurrents des 43e 24 Heures Motos du Mans, avec une pensée particulière pour le patron du Team Webike SRC Kawasaki France Trickstar, Gilles Stafler, qui regardera le drapeau tricolore être abaissé par Dominique Méliand pour donner le départ de la grande classique mancelle.
Champion du Monde en titre, avec David Checa, Erwan Nigon et Jérémy Guarnoni, Gilles Stafler a reçu les tuiles sur la tête les unes après les autres, avec tout d’abord la situation sanitaire globale, puis l’abandon en plein milieu de saison de Pirelli, heureusement remplacé par Michelin, et maintenant un infarctus qui le contraint à ne pas quitter sa chambre d’hôpital.
Gilles, tout d’abord on te souhaite une bonne convalescence. Désires-tu nous expliquer ta situation médicale actuelle ?
« J’ai eu un problème cardiaque le 25 juillet dernier en
faisant un infarctus le matin. J’avais déjà eu une douleur la
veille au soir, mais je ne redoutais par trop car je ne pensais pas
que c’était ça. »
« Et puis finalement, le samedi matin, il y a eu état d’urgence, donc on m’a évacué en hélicoptère pour que ça aille plus vite. Quand je suis arrivé à Toulon, on m’a fait des examens et ils ont essayé de déboucher une artère, mais n’ont pas réussi. Donc ils ont laissé tomber dans un premier temps. »
« Ils m’ont mis ensuite sous fluidifiant en unité intensive. Ils avaient décidé que le jeudi suivant, ils allaient me poser un stent. Finalement, ça ne s’est pas fait le jeudi, mais la veille, le mercredi. »
« A ce moment-là j’ai fait un problème sur la table
d’opération. Là ça a été un peu critique, donc ils ont tout arrêté.
Ils n’ont pas pu poser le stent. »
« Donc retour en unité intensive. Et puis, le jeudi matin,
en me faisant une échographie cardiaque, ils se sont aperçus que
j’avais un ventricule qui fuyait. Mais qui fuyait quand même
abondamment. Donc dans l’urgence, ils ne m’ont même pas descendu au
bloc opératoire (ils n’avaient pas le temps), et dans la chambre
ils m’ont passé un drain sous le sternum pour aller dans le
péricarde, qui est l’enveloppe du cœur, et sur deux jours et demi,
ils m’ont retiré 850 cm3, parce qu’en fait c’était ça qui
comprimait mon cœur. »
« Depuis ça va mieux. Je suis quand même resté 15 jours à l’hosto, dont 9 en unité intensive. Donc j’ai beaucoup maigri et perdu de masse musculaire (déjà que je n’étais pas bien gros !). Ensuite j’ai passé 9 jours à la maison, en attendant qu’il y ait de la place dans un centre de rééducation à Hyères, à côté de Toulon. J’y suis depuis 9 jours et je reprends du poil de la bête. »
« J’ai déjà repris de la masse musculaire, mais le problème que j’ai, en fait, c’est à l’éjection. La pompe qui doit renvoyer le sang est active à 30%, dont l’objectif est de lui faire reprendre au minimum 50 à 60%. Je continue de travailler pour en récupérer le plus possible. »
Comment t’es-tu organisé pour les 24 Heures Motos, pour rester en contact avec ton équipe, pour t’entretenir avec tel ou tel membre de ton team ?
« En fait dans un premier temps, je n’ai rien dit à personne parce que je ne voulais pas inquiéter qui que ce soit. Seul mon chef mécanicien qui travaille avec moi était au courant, et puis mon motoriste parce qu’on se connait depuis longtemps. »
« Lundi dernier, il a bien fallu que je prenne une décision. Les médecins m’ont dit « hors de question de sortir du centre. Vous restez ici pendant trois semaines. Pas question d’aller sur le circuit, pas de stress, rien du tout ». »
« Ma femme est opérationnelle depuis longtemps. En fait
c’est mon motoriste qui va prendre ma place derrière les écrans. Et
puis on va gérer ça par téléphone, à distance. »
« Mais les toubibs m’ont quand même prévenu qu’il fallait
que j’y aille mou parce qu’il ne faut pas ajouter de stress puisque
ça m’est tout à fait néfaste. »
« Mais j’ai tout à fait confiance en mon équipe. Ça fait longtemps qu’on travaille tous ensemble. Je sais qu’ils vont faire le boulot. »
Bonnes 24 Heures, Gilles, et à lundi !
Photos ci-dessus : datées 2020 (Michelin)
Photos ci-dessous : datées 2019 (Pirelli)
Voici la liste provisoire des engagés, ainsi que les horaires provisionnels.
Photos © Kawasaki
