Quelques jours après l’officialisation de la composition de l’équipe Yoshimura SERT Motul, nous avons profité de la présence de Damien Saulnier à la conférence de presse de la Fédération Française de Motocyclisme pour faire le point sur son type d’endurance, en cette période charnière entre le titre mondial 2020 acquis et la fusion des forces du SERT et de Yoshimura pour attaquer la saison 2021 avec Sylvain Guintoli, Gregg Black, Xavier Siméon et Kazuki Watanabe.
Avec son franc-parler habituel, le jeune team manager n’a éludé aucune question, y compris celle délicate de l’éviction d’Étienne Masson. Nous l’en remercions.
On va commencer par la question qui fâche : Pourquoi Étienne Masson ne fait plus partie de l’équipe en 2021 ?
Damien Saulnier : « Ce n’est pas une question qui fâche, c’est une question qui me tord toujours le ventre ! Le problème, c’est que quand on m’a appris l’arrivée de Sylvain Guintoli et qu’on m’a dit « il faut choisir », j’ai répondu clairement et avec ces mots-là : « là, je ne sais pas faire ! ». On m’a alors dit « si, si, il faut mettre l’humain de côté et il faut choisir entre les deux qui vont rester ». J’ai répondu que je ne voulais pas choisir car il s’agissait de purs produits juniors que l’on avait vu grandir, autant Gregg qu’Étienne : « si vous voulez qu’on se sépare de quelqu’un, donnez-moi des billes pour que je les appelle, mais je ne veux pas prendre la décision tout seul. Ça, c’est clair et net car je n’ai rien à reprocher ni à l’un ni à l’autre ! ». Donc ça a fait Japon, France, Japon et différents interlocuteurs, mais je l’ai très mal vécu. C’était vraiment une décision très très compliquée. »
Dans l’esprit de ces décisionnaires, quel plus va apporter Sylvain Guintoli ?
« Pour Sylvain, je dirais que les choses sont relativement simples. C’est un pilote Suzuki développement MotoGP, c’est un pilote Suzuki tout court qui a quand même développé la GSX-R, c’est un pilote Bridgestone et c’est un personnage reconnu, performant et sympathique dans le milieu de la moto. Donc je dirais qu’il vaut mieux l’avoir avec soi que contre soi, et quand Suzuki Japon a décidé d’intégrer Sylvain Guintoli avec l’équipe du SERT, il était évident que je n’étais pas en moyen de dire « non, non, ce n’est pas possible ». Donc, qu’est-ce qu’il va apporter ? Son savoir, son expérience, ses connaissances, toute l’analyse qu’il a, hyper pertinente, des motos modernes et de l’électronique. Je pense donc que son côté technique et tout ce qu’il a pu vivre en mondial Superbike et en MotoGP va forcément nous tirer vers le haut. »
Autre arrivée notable en 2021, celle de Yoshimura. Quel est l’apport attendu ?
« Depuis quelques années, Yoshimura a envie de revenir en endurance : Pas seulement de participer aux 8 heures de Suzuka mais vraiment de faire partie intégrante du championnat du monde d’endurance. Il faut savoir que Yoshimura a gagné les 8 heures de Suzuka mais n’a jamais été champion du monde d’endurance. Donc il y avait cette volonté de SMC, Suzuki Motor Corporation, et de Yoshimura, de réunir leurs forces pour ne créer qu’une seule moto. Il n’y aura donc plus la numéro 12 à Suzuka mais il y aura bien la numéro 1 en 2021.Yoshimura, comme Suzuki, apporte du budget pour faire fonctionner la structure, de l’humain et du matériel. Donc refuser l’arrivée de Yoshimura aurait été complètement irréel, et dans tous les cas, je pense qu’ils auraient trouvé une autre solution pour être dans le championnat du monde d’endurance. S’associer avec l’équipe du SERT qu’avait construite Dominique (Meilland) me paraissait être une bonne idée, car il y a quand même l’expérience de toutes ces années : L’humain est en place, on a reconstruit une équipe mais celle-ci fonctionne bien, avec une super ambiance. Je pense donc que c’est une bonne chose pour nous et on voit que la relation avec les Japonais ne cesse d’évoluer, avec de superbes échanges très constructifs, que ce soit pour les box, pour les vêtements, pour la décoration de la moto, pour les camions, etc., mais aussi pour parler de mettre quelle personne à quel poste. Les choses se construisent vraiment intelligemment et les échanges sont vraiment sympas, donc je dirais que pour l’instant, ce n’est que du plaisir ! »
Après une première année récompensée par le titre mondial, ce qui est exceptionnel avec une équipe restructurée, de quoi êtes-vous le plus fier et qu’est-ce qui pourrait encore être amélioré ?
« S’il y a un point sur lequel on doit encore
travailler, je dirais qu’on est encore jeune en termes
d’organisation et de mise en place dans le stand. Je dirais qu’on
est trop nombreux à vouloir faire trop de choses et à le faire trop
bien, et parfois on pourrait presque en faire de trop et se gêner.
Donc s’il y a un petit truc à améliorer, et on l’a dit au
débriefing à Estoril, ce serait de plus s’organiser quand il y a
une intervention, car si on a tous envie que ça marche et de donner
un coup de main, parfois il n’y a pas besoin de tout le
monde.
Mais bien sûr, je suis hyper content et fier de tout ce qu’on a
pu mettre en place depuis août 2019. Évidemment, on ne partait pas
de zéro et on a bénéficié et profité de tout le passé et de tout ce
qu’avait fait l’ancien SERT, mais je suis hyper fier de l’équipe
qu’on a réussi à reconstruire avec les gens qu’on a embauchés
et les bénévoles qu’on a associés à cette aventure. Tout continue
donc comme l’année dernière, même avec l’arrivée des Japonais. Au
tout début, ces derniers m’ont demandé » On continue avec qui
? Comment vous voyez les choses avec notre arrivée ? « . Je
leur ai fait un organigramme et je leur ai demandé leur avis car il
est toujours important de les impliquer.
Ce que je retiendrai, c’est donc tout ce qu’on a réussi à
mettre en place, avec la victoire au Bol d’or et le fait qu’on a
toujours été présent tout au long de la saison malgré cette jeune
équipe qu’on a reconstruite. On n’a pas gagné toutes les courses,
car on gagne aussi un championnat avec des podiums, des bonnes
places et des victoires, mais on a su rester serein, rester sur ses
roues, et je suis vraiment fier de toute l’équipe : pilotes et
mécanos ! »
L’équipe Yoshimura SERT Motul commencera à défendre son titre mondial lors de la première manche de la catégorie EWC aux 24 Heures Motos au Mans en France les 17 et 18 avril 2021.