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La création du Yamaha Racing Heritage Club a été annoncée à l’EICMA en 2021 et la Sunday Ride Classic sera le premier et le seul événement en France à accueillir cette structure en 2022.

Pour en savoir un peu (beaucoup) plus que le communiqué officiel diffusé en novembre dernier, nous avons recueilli les propos d’Éric de Seynes, à l’origine de cette initiative qui concerne dans un premier temps les propriétaires de Yamaha de compétition, mais aussi à terme tous les passionnés qui roulent sur des motos de la marque d’un certain âge…

Après nous avoir expliqué la genèse du Yamaha Racing Heritage Club, Éric de Seynes nous en détaille ici le fonctionnement.


Éric de Seynes : « On s’est réparti les rôles. On a récupéré Marco Riva de Yamaha Motor Racing, donc de Lin Jarvis, sur les 20 dernières années. Donc il a été sur le MotoGP pendant 20 ans et connaît toute la planète compétition-circuits, avec un bon réseau en Italie. Il a en charge d’identifier les collectionneurs et d’adouber tous ceux qui veulent adhérer au club, donc de vérifier que la moto qu’ils ont correspond à ses caractéristiques et que le gars est suffisamment passionné et n’est pas un marchand déguisé derrière un visage ingénu. Marco s’occupe donc des adhérents. Après, on a remis en selle Ferry Brouwer qui a été le mécanicien de Phil Read en Grand Prix dans les années 70, puis qui a été avec Kenny Roberts dans le team d’usine, puis qui a été l’importateur Arai en Europe. Il a donc toujours été dans le monde de la course, et quand il a pris sa retraite et qu’il a revendu Arai, il y a 15 ou 20 ans, il y avait eu un événement qui était le centenaire du premier Grand Prix moto à Assen. Et à l’occasion de ce centenaire à Assen, il y avait eu un truc incroyable: Yamaha s’était mobilisé et avait demandé à Ferry Brouwer de jouer le jeu de cette manifestation, donc on s’y était pris trois ans à l’avance et on avait soit restauré soit reconstruit avec des pièces d’origine, ou des moules ou des dessins, les motos les plus iconiques des Grands Prix de Yamaha depuis 1975 !

Il y a donc eu entre 15 et 20 motos qui ont été refaites, reprises, restaurées, car par exemple il ne restait plus de moto de Saarinen ! Il y avait encore un cadre, et il y avait un moteur usine au Japon, et avec tout ça on a refait une 250/350. Ce qui a été formidable, c’est que, quand c’était possible, toutes ces motos ont été mises en démonstration lors du centenaire d’Assen avec les pilotes d’époque qui ont roulé sur leur moto d’usine de l’époque ! C’était super émouvant et cela a eu un tel succès que Yamaha a demandé à Ferry d’entretenir ces motos-là et de les mettre en démonstration sur trois ou quatre événements par an. On ne pouvait pas en faire plus car tout le monde était bénévole et les pièces d’usure étaient limitées.

Ces motos-là se sont donc produites pendant une dizaine d’années puis Ferry en a eu assez, d’autant que comme il avait poussé le vice jusqu’à refaire le camion d’assistance de l’époque, un vieil Opel qui plafonnait à 80 km/h, il lui fallait trois jours pour se rendre sur les circuits. Il a donc arrêté et Yamaha Japon a récupéré deux de ces motos. À l’époque, il y avait la crise de Lehman Brothers qui a fait que Yamaha n’avait pas les moyens de tout racheter, donc j’en ai acheté une grande partie à Ferry Brouwer pour que ça ne parte pas dans la nature. C’est donc à titre personnel que j’en ai repris 9 ou 10 à cette époque-là.
Donc on a gardé toutes ces motos-là et, du coup, on a nommé Ferry Comme étant en charge du jugement et de la certification de l’intégrité technique des motos de nos adhérents. Ce n’est pas tellement dire « ta moto elle est pourrie » ou « elle est bonne », mais c’est plutôt dire « elle est super mais à l’origine cette pièce était comme ça et ça vaudrait peut-être le coup de la modifier si tu veux qu’elle soit vraiment intègre « . C’est plutôt essayer d’avoir une vraie contrepartie technique qui arrive à donner le meilleur conseil possible au propriétaire pour avoir la moto la plus intègre possible.
Il y a donc Ferry Brouwer qui s’occupe de la partie technique, Marco Riva qui s’occupe des relations concurrents, et tu as le marketing YME qui lui choisit les événements sur lesquels on se produit, en partage avec les pays. Chaque pays s’approprie donc l’événement et on intervient au niveau européen avec le soutien logistique, contenu et présentation. Par exemple Ferry essaie de faire que ce ne soit pas toujours les mêmes motos qui sont en parade ou présentées de manière statique. Pour la Sunday Ride Classic, je crois qu’ils sont partis sur un thème qui sont plutôt les 250cc et 350cc, ce qui ne veut pas dire que le coup d’après ce ne sera pas les 500cc.
300 collectionneurs se sont déjà manifestés, ce qui représente à peu près 2000 motos, donc c’est sympa de se dire qu’on peut orchestrer cela pour qu’il y ait de vraies expositions à thème avec un contenu original à partager avec le public !
La Sunday Ride Classic est un très bel écrin, le public est de qualité, et à chaque fois que j’y suis allé rouler, j’ai été épaté car il y a un bon mixage entre le moderne et l’ancien : ce n’est pas que nostalgique, ce sont aussi des clients et des pratiquants de motos actuelles qui s’intéressent à cette culture et cette vibration un peu passionnelle.

L’alchimie est vraiment sympa et il faut qu’on protège ça ! Parce que si on ne prend pas soin à ce qu’il y ait des événements un peu sexy qui existent et qui permettent de vivre cela dans des partages de génération, ça va devenir les derniers des Mohicans et ça va s’éteindre avec les derniers Mohicans. Donc il faut transmettre le son du deux-temps et l’odeur du ricin à des garçons qui ont 14 ans ou 22 ans, et que ça fait marrer de rouler avec des machines comme ça. Ces garçons existent déjà donc il faut simplement donner du sens, et je pense qu’on est dans une période qui mérite cette attention-là: si on ne le fait pas, on se réveillera dans 10 ans en disant  » c’est foutu, c’est trop tard ! « . »

Éric de Seynes sera donc présent à la Sunday Ride Classic aux côtés de Giacomo Agostini ou Christian Sarron, non seulement pour prêcher cette bonne parole mais aussi pour mettre en pratique ses propos…

Sunday Ride Classic
www.circuitpaulricard.com
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