Valentino Rossi a remporté le Grand Prix des Pays-Bas. Heureusement, pourrions-nous dire, car sinon l’accrochage qu’il a eu avec Johann Zarco aurait fait encore beaucoup plus de bruit qu’il ne le fait déjà actuellement en Italie.
Analyse des faits :
Au 11e tour de la course, Valentino Rossi double Johann Zarco au freinage en bout de ligne droite. Après la cassure du #2, il arrive dans l’interminable courbe constituée des virages à droite #3 et #4, et utilise alors une trajectoire qui consiste à élargir en sortie du #3 pour pouvoir plonger dans le #4 et en ressortir sans s’écarter, afin d’aborder le #5 dans de bonnes conditions. Marc Márquez et Andrea Dovizioso utilisent une trajectoire intermédiaire, plus resserrée dans le #3.
Trajectoire Rossi
Trajectoire Zarco
C’est la première fois que Valentino Rossi est devant Johann Zarco, et celui-ci, sans doute à raison, pense que le pilote italien s’est trop écarté en sortie de virage #3. « Un poil large » dira-t-il dans la vidéo plus bas. Il plonge donc à l’intérieur pour essayer de le redoubler.
À partir de là, les jeux sont faits : Valentino Rossi ne voit pas Johann Zarco qui est un peu derrière, et Johann Zarco ne voit pas Valentino Rossi à gauche, puisque le pilote français est complètement incliné à droite. C’est donc l’accrochage qui, assez miraculeusement, ne donne lieu à aucune chute.
Les déclarations :
Une fois la ligne d’arrivée franchie, Valentino Rossi est tout à son bonheur d’inscrire une nouvelle victoire à son palmarès, plus d’un an après la dernière. Du coup, il oublie le registre menaçant et accusateur utilisé lors du précédent incident au Texas (« le problème, c’est Zarco »), et choisit sur Eurosport son arme favorite, l’humour.
« Oui, encore une fois, mais aujourd’hui je pense que ce n’est pas un mauvais garçon. Mais il doit faire attention à la distance avec les autres motos. Bon, il est comme ça ! » (
S’exprimant ensuite devant la caméra de la télévision italienne Sky, l’homme aux 115 victoires a eu le temps de peaufiner une version un peu plus adaptée au public italien…
« Aujourd’hui j’ai compris que Zarco n’est pas mauvais. Et que vraiment, il n’est pas capable! Il ne comprend pas la distance avec les autres motos, je ne sais pas où il voulait aller. Maintenant, merci Zarco, je t’envoie la facture parce que tout ça (la combinaison) était nouveau, je devais l’utiliser au moins jusqu’à l’Autriche, si un coup de chiffon ne la nettoie pas, maintenant tu me la repaies… »
C’est un peu plus grinçant, et un peu plus drôle en même temps, et cela reste de l’humour. D’ailleurs, Johann Zarco lui-même ne s’y est pas trompé, et sait très bien que le discours aurait été tout autre si Valentino Rossi n’avait pas gagné…
« S’il avait terminé troisième, il aurait été beaucoup plus critique dans ce contact. Il a gagné, donc il le prend avec beaucoup plus de légèreté » avant d’ajouter avec humour « un contact de plus avec Dieu, et ça fait plaisir ! »
Tout cela reste donc un fait de course, pris avec humour mais aussi lucidité par les deux protagonistes.
L’affaire est donc déjà presque oubliée, sauf que Silvano Galbusera, le responsable technique des motos de Valentino Rossi, lui, ne manie aucunement l’humour et lance un message d’avertissement, toujours sur la chaîne Sky : « Valentino est toujours prêt à la bataille, si Zarco insiste encore, Rossi lui répondra de la même façon. »
