Dans la première partie de l’ère post-Vale, nous avons vu quelles seront les conséquences du départ des grilles de l’icône transalpine, et qu’il n’y avait pas trop à s’inquiéter pour ses finances. Rossi est déjà fort bien implanté dans le business et ses affaires ne font que croître et embellir. En parallèle à l’industrie, mais avec son soutien, le roi de Tavullia monte également ses propres teams et élargit sa présence dans le paddock. Comment cela évolue-t-il, et quelle sera l’influence du retrait de Valentino des grilles de départ en tant que pilote sur l’ensemble du monde de la compétition moto ?
Les teams Moto3 et Moto2
Le SKY Racing Team VR46 a fait rouler l’année dernière Andrea Migno et Nicolo Bulega, ainsi que pendant une partie de la saison Romano Fenati. En 2017, Francesco Bagnaia et Stefano Manzi sont en Moto2 dans la nouvelle équipe de Valentino, tandis que Nicolò Bulega et Andrea Migno restent en Moto3 avec pour mission de décrocher le titre mondial.
Par ailleurs, Rossi glisse habilement ses pilotes au sein de teams amis, comme par exemple en 2016 Francesco Bagnaia chez Pull & Bear Aspar Mahindra, ou encore Marco Bezzecchi et Stefano Manzi aussi chez Jorge Martinez, mais en CEV au sein du MRW-Mahindra-Aspar, ou en 2017 ce même Marco Bezzecchi en GP Moto3 sur Mahindra avec le CIP d’Alain Bronec. L’an passé, Martinez faisait rouler cette équipe en parallèle à la sienne (MRW-Mahindra-Aspar) qui engageait Albert Arenas et Aaron Polanco, tandis que Vale faisait courir Dennis Foggia et Celestino Vietti au sein de l’équipe VR46 Riders Academy. Le but était de former ces pilotes pour le Championnat du Monde Moto3, et non le CEV Moto2.
Le team MotoGP
Vale n’est pas particulièrement intéressé actuellement par la création de sa propre équipe MotoGP. Il est déjà suffisamment occupé, et il serait illogique qu’il monte un team adversaire de celui pour lequel il court en ce moment. Dans quelques années, ce sera peut-être un peu différent, puisqu’il aura les sponsors (les actuels, plus de futurs), les motos, les pilotes (Bagnaia peut-être, pourquoi pas) et le financement bienveillant de son cher ami Carmelo.
Il serait étonnant que Rossi fasse rouler autre chose que des Yamaha. Deux possibilités d’association s’offrent alors : soit Valentino engage une équipe satellite du type Tech 3 – avec des M1 identiques aux motos d’usine car on voit mal l’Italien se contenter de machines d’occasion – soit Yamaha lui confie l’équipe officielle. Cette dernière solution serait l’équivalent de l’accord qui lie Aprilia à Gresini. C’est le seul exemple de ce type en MotoGP, mais il est courant en Moto3 avec Mahindra et Aspar, en Moto2 et 3 avec KTM et Ajo, et en Superbike avec Kawasaki et Provec, Ducati et Feel Racing, Honda et Ten Kate, BMW et Althea, Yamaha et Crescent.
Yamaha se retrouverait ainsi délivré de la partie commerciale, charge à Rossi de financer l’équipe avec les droits télévisions versés par Dorna, ses sponsors personnels (Monster Energy, Sky, Oakley, Eneos [JX Nippon Oil & Energy], AGV, Dainese, etc) et quand même quelques yens du constructeur japonais.
Quand Valentino va quitter l’écran
Le samedi 5 juin 2010, Valentino chutait au Mugello lors de la deuxième séance d’essais libres du Grand Prix d’Italie et se fracturait un tibia. Le lendemain, 40% de téléspectateurs en moins regardaient le Grand Prix à la télévision. Le chiffre était à peu près équivalent dans tous les pays du monde. Cette baisse de 40% du public devant l’écran se reproduisait lors des trois Grands Prix suivants (Silverstone, Assen et Barcelone) où Rossi était forfait. Puis ils revenaient tous pour le GP d’Allemagne, l’icône ayant fait sa réapparition. C’était la première fois que le monde de la course moto pouvait quantifier aussi précisément l’importance de Valentino, sa valeur pour le business.
Que les affaires d’une entreprise diminuent de 40% et c’est le désespoir du patron jusqu’aux employés, en passant par les actionnaires et les fournisseurs. Depuis le Mugello 2010, on sait que c’est exactement ce qui va se produire pour les Grands Prix lorsque le roi de Tavullia tirera sa révérence. « Rossi est irremplaçable » a-t-on constaté chez Yamaha comme chez Dorna. L’organisateur espagnol a bien tenté de combler le futur vide avec Marc Marquez, mais si le kid de Cervera est un pilote extraordinaire, il n’a ni le charisme, ni le machiavélisme du Transalpin pour manipuler les médias. Rossi est d’ores et déjà un capitaine d’industrie, chemin que n’a pas l’air d’emprunter son possible successeur sur le plan sportif.
Il est encore trop tôt pour savoir quelles seront les conséquences du départ à la retraite sportive de Valentino Rossi. Mais il est certain que les propriétaires d’actions liées à des entreprises dépendant des GP, comme la Dorna, vont devoir vendre à un moment judicieux – avant le départ de Vale – sous peine de boire un gros bouillon. Mais peut-être que d’ici-là, Maverick Vinales aura pris le relais.