A eux cinq, ils dépassent largement le siècle de journalisme consacré aux Grands Prix et ils se sont réunis pour la troisème fois pour faire le point en vidéo sur toutes les questions que se posent actuellement le petit monde du MotoGP.
Le maître des débats, Franco Bobbiese, qui officie habituellement dans l’émission italienne Paddock TV, est en effet entouré de l’ancien pilote et néanmoins excellent journaliste Mat Oxley (MotorsportMagazine.com, Royaume-Uni), de Michel Turco (Moto Revue, France), de Manuel Pecino (PecinoGP.com, Espagne) et de Giovanni Zamagni (Moto.it, Italie).
Mais cette fois, c’est carrément Carmelo Ezpeleta, le grand patron, de Dorna Sports, qui est venu faire le point complet de la situation pendant 45 minutes, avec des nouvelles et des précisions porteuses d’espoir !
Nous vous proposons donc la quasi intégralité de ce troisième chapitre, pour ceux qui ont un peu de mal avec la langue de Shakespeare…
Franco Bobbiese débute l’entretien en demandant à Carmelo Ezpeleta s’il pensait qu’un jour des éléments extérieurs aux MotoGP pourraient mettre celui-ci en péril.
Carmelo Ezpeleta : « vraiment pas ! Vraiment pas ! Si vous vous rappelez, nous étions au Qatar quand tout cela commencé et nous pensions que cela allait être résolu en quelques semaines. Puis nous avons repoussé les Grands Prix américains et celui de Thaïlande pour essayer de démarrer le week-end dernier à Jerez. Mais plus tard, nous sommes rentrés et nous avons réalisé que le problème était plus grand. Et c’est vrai, ce n’est pas un problème sportif mais c’est le plus grand problème depuis que nous gérons les droits du championnat du monde. »
« Mais d’un autre côté, c’est un challenge pour chacun d’entre nous que d’essayer de le faire, et une chose qui s’est avérée très positive, ce sont les bons contacts que nous avons avec toutes les parties impliquées. Nous avons immédiatement parlé avec la FIM et nous travaillons ensemble très étroitement. De la même façon, les personnes de la MSMA (association des constructeurs) se sont immédiatement réunies et nous avons proposé quelque chose ou tout le monde a été d’accord. Ils ont eu plusieurs réunions pour parler de cela et nous avons finalement eu un meeting très important, pas seulement pour cette année mais aussi pour l’année prochaine au sujet des questions techniques. »
Puis, et j’ai apprécié, nous avons également parlé avec notre actionnaire pour que, dans la pire des hypothèses, nous puissions sauver la situation des teams indépendants durant la saison. Après cela, ce que nous faisons est de travailler les différents scénarios locaux, pour essayer d’établir les possibilités. Mais votre question est vraie car il s’agit de la période la plus difficile que nous avons depuis 1992. La chose positive, c’est que nous travaillons ensemble et je pense que si nous sommes capables de gérer la situation, nous serons plus forts dans le futur. »
Mat Oxley pose ensuite la question de savoir comment se présentera le championnat à partir de 2022, avec possiblement des développements techniques figés assez longtemps en raison de la crise économique qui s’avère certaine et moins de Grands prix…
« Oui, nous avons des mesures importantes à prendre aujourd’hui et nous sommes actuellement concentrés pour essayer de faire la saison 2020, mais nous avons également commencé à en parler. La première mesure que nous avons prise avec la MSMA, qui a été approuvé par la FIM et l’IRTA, et d’essayer de figer les aspects techniques afin de réduire les coûts. Évidemment, à cause de la crise économique, les investissements sportifs seront réduits mais ce que nous devons faire est de garder les meilleures choses que nous avons dans le championnat d’un point de vue sportif, c’est-à-dire les courses. En aucun cas, nous ne voulons diminuer le spectacle que nous avons actuellement. Les Moto3, les Moto2 et les MotoGP sont en très bonne situation et nous ne voulons donc pas réduire cela. »
« Concernant le nombre de courses, nous avons un contrat pour 2021 avec 20 courses et nous ne pouvons pas annuler cela. D’un autre côté, tous les promoteurs avec lesquels nous avons parlé sont heureux de continuer, donc selon moi, plus de courses favorise le championnat car nous pouvons avoir un accord pour investir plus d’argent. Mais quoi qu’il en soit, et selon moi, l’intérêt des pays à accueillir le championnat ne se dément pas, et même durant cette période, nous avons reçu deux nouvelles demandes pour faire des courses dans le futur. Nous pensons que notre sport est très bon, et le vrai sujet est d’essayer de réduire les coûts. Il y a des coûts qui ne sont pas nécessaires pour avoir des budgets plus bas et permettre aux teams indépendants, aux constructeurs et à tout le monde d’être concentrés là-dessus. Bien sûr, ce sera un championnat différent de ce que nous avons connu jusqu’à présent, mais pas d’un aspect sportif. De ce côté-là, nous pensons que nous devons garder la situation actuelle ou même la rendre meilleure, et essayer de continuer comme ça. Bien sûr, nous aurons moins de possibilités de marketing. La seule façon, c’est de continuer à donner de l’argent au paddock comme nous le faisons, ou même davantage, pour essayer de compenser les pertes des ressources des équipes d’un point de vue des sponsors. C’est notre idée, mais la chose la plus importante est d’essayer de conserver le sport comme il est. »
« Par exemple, durant les discussions avec les constructeurs, nous avons eu quelques propositions. Par exemple, l’idée de geler les moteurs et l’aérodynamique pour 2021 a été une proposition de Dorna, peut-être deux semaines après le retour du Qatar. Au début, une majorité de constructeurs ont refusé, puis, quand chacun d’entre nous a réalisé la situation, ils ont accepté et cela a été approuvé à une grande majorité. Tout le monde a été d’accord et il y a seulement eu une abstention. »
« Puis, par exemple, la deuxième chose dont nous avons parlé est la possibilité d’avoir une seule moto au lieu de deux pour réduire les coûts, comme ils l’ont évoqué à de nombreuses reprises. Finalement, nous avons décidé que non car au vu de la réduction de coûts comparée aux possibilités qu’une deuxième moto nous offre, nous avons décidé de conserver deux motos pour le futur proche. Car nous pensons que la situation du flag-to-flag est très bien comme elle est actuellement, et deuxièmement, si nous avons seulement une moto et qu’un pilote chute lors du warmup, il ne pourra pas participer. À cause de cela, nous avons décidé que cela était très important et que cela valait la peine pour le championnat. Nous pouvons réduire un autre domaine. La chose importante, c’est que nous faisons tout en relation avec les constructeurs. Avant tout, nous espérons avoir un championnat qui en vaille la peine d’un point de vue sportif, et peut-être que nous aurons moins de marketing et d’autres choses, mais nous voulons conserver cela. Et bien sûr, si cela est nécessaire, nous parlerons à toutes les équipes pour essayer de réduire les coûts non nécessaires. »
Giovanni Zamagni revient ensuite sur la saison 2020 et demande s’il est possible de s’en faire une idée actuellement ou s’il va falloir annuler course après course au dernier moment.
« J’espère que non ! Comme je l’ai déjà dit, nous avons plusieurs scénarios. L’un d’entre eux est d’essayer de démarrer fin juillet puis de se concentrer pour faire quelques courses en Europe, en se déplaçant au maximum dans cinq pays. »
» De notre côté, nous faisons deux choses. L’une, en relation avec les gouvernements, est d’essayer de comprendre quelle sera la situation exacte à la période où nous proposons de faire un Grand Prix. »
« Le deuxième point, c’est que nous travaillons sur un protocole pour montrer aux autorités de chaque pays que nous sommes en mesure d’être sûrs. C’est pour cela que nous avons parlé à toutes les équipes et à tous les constructeurs afin de décider d’un nombre maximal de personnes, car ce sera plus facile si nous sommes moins de personnes. »
« Troisièmement, je parle également avec les gouvernements locaux et les promoteurs pour connaître quelle est la situation exacte. Je sais que la situation d’Italie n’est pas très bonne mais elle n’est pas pire qu’en Espagne. Nous travaillons avec les autorités espagnoles et il y a eu également une réunion entre le comité olympique italien et le président de la fédération motocycliste italienne. Quoi qu’il en soit, nous arrivons à un protocole en prenant le protocole italien et en lui ajoutant le protocole espagnol, puis nous avons regardé si quelque chose pouvait encore l’améliorer, en provenance d’un autre pays. »
« Notre plan est basé sur le fait que nous sommes presque prêts pour tout faire à partir de la fin juillet, et le seul sujet non finalisé est le fait de voyager d’un pays à l’autre. C’est un problème difficile car nous avons différentes personnes qui ne vivent pas en Europe, et la première chose est de comprendre comment ces personnes pourront se rendre en Europe. Nous avons travaillé là-dessus durant les derniers jours et normalement ces personnes qui ne sont pas en Europe devront arriver 14 jours avant et rester en Europe avant de commencer quoi que ce soit. »
« La deuxième chose, c’est que nous nous préparons pour avoir des tests pour que chaque personne, soit 1 300 personnes, soit testée pas plus de quatre jours avant d’arriver dans le premier pays. Elles devront passer un test, puis, quand elles arriveront dans le pays pour rentrer sur le circuit, nous ferons un test à chacune d’entre elles, même si elles nous montrent leur test datant de moins de quatre jours. Nous referons quand même un test. »
« Nous prendrons aussi des mesures dans le paddock pour séparer les gens du paddock des permanents du circuit. Cela veut dire que tous les commissaires et toutes les personnes travaillant pour le circuit ne seront pas en contact avec nous, excepté en cas d’accident. Une chose qui nous aide, c’est que tous les pilotes qui participent à une course sont équipés de casques, qui sont plus protecteurs que les masques, ainsi que des gants. Donc normalement, ils n’ont pas besoin de toucher qui que ce soit. Mais quoi qu’il en soit, nous pensons à avoir une grosse équipe médicale pour essayer de prendre tout en charge tout le temps. »
« Notre idée est d’essayer de garder les choses sous contrôle
dans le paddock à chaque instant, et pas seulement les températures
corporelles. Par exemple, quotidiennement, si quelqu’un présente
des symptômes, nous lui ferons passer un nouveau test, et nous
prendrons les températures de chaque personne du paddock
quotidiennement. »
« C’est un protocole que nous soumettons à chaque pays
individuellement. »
« En principe, notre scénario est d’essayer de commencer à la fin juillet et de faire des courses en Europe jusqu’à début novembre, en faisant plusieurs courses sur le même circuit, mais pas lors du même week-end : lors de deux week-ends consécutifs. Dans certains pays, seulement une course, dans d’autres peut-être deux courses. Nous devons encore le décider mais cela sera principalement concentré en Europe. Puis, après cela, car nous avons toujours des contrats avec des pays comme la Thaïlande, la Malaisie, les États-Unis, l’Argentine, le Japon et l’Australie, nous parlons actuellement avec eux pour voir s’ils peuvent accueillir les courses ou pas. Pour le moment, la situation ne le permet clairement pas, mais nous pouvons attendre. »
« Ce que nous proposerons au paddock, c’est notre scénario : à partir de maintenant, de fin juillet à novembre, de faire environ 10 ou 11 courses en Europe, puis, début septembre, de communiquer s’il y aura des courses hors Europe. Évidemment, en dehors de l’Europe, il n’est pas possible de les faire sans spectateur, car quand nous faisons des courses sans spectateur, le promoteur ne paye aucun montant et nous pouvons seulement le faire chez nous, car voyager en dehors de l’Europe sans revenu est très difficile. Cela est la situation. Si les Grands Prix non européens sont en mesure de faire les courses avec des spectateurs ou s’ils peuvent nous payer une compensation pour avoir la course, nous le ferons, si cela se passe en novembre. Le championnat comportera donc 10/11 courses, ou peut-être 14, mais s’il y en a 14, nous l’annoncerons au plus tard en septembre. Il est important de le dire dès le début car ce ne serait pas correct d’annoncer fin novembre si c’est terminé ou pas. »
« A la mi-saison, le paddock saura s’il y a la possibilité de continuer, ou pas. C’est à notre avis la façon de faire correspondant le mieux à l’esprit sportif. »
Michel Turcot demande alors à Carmelo Ezpeleta s’il peut préciser si la première course se déroulera bien en Espagne…
« Brno et l’Autriche sont toujours à leurs dates originelles, les deuxièmes et troisièmes semaines d’août. En principe, si nous le pouvons, nous garderons ces dates. Si nous pouvons débuter avant cela, et nous étudions cette possibilité, nous commencerons bien sûr en Espagne. C’est l’idée. Bien sûr, nous avons peut-être encore besoin de deux ou trois semaines supplémentaires pour décider de façon définitive. Nous pensons que nous pourrons proposer un calendrier avec une situation plus claire durant la troisième ou quatrième semaine du mois de mai ».
Manuel Pecino s’interroge sur le gel du développement technique qui pourrait nuire à KTM et Aprilia…
« Ils continuent avec les concessions et les conserveront pour les saisons 2020 et 2021. Il est clair que les deux constructeurs bénéficiant des concessions conserveront ces concessions ».
Le journaliste espagnol en arrive alors au sujet de Michelin et se demande si ces derniers sont prêts à produire des pneus.
« Absolument ! Je dois souligner l’aide fournie par Michelin. Le ??? est facile car il y a un moins grand nombre de types ou de pneus. Nous avons parlé ensemble et ils sont prêts à les faire, principalement car nous allons courir sur des circuits qui sont déjà homologués et dont ils ont les données. Le seul circuit dont ils n’ont pas les données, c’était la Finlande, et celui-ci a été repoussé jusqu’à l’année prochaine ».
Mat Oxley demande alors des précisions sur les discussions qui ont eu lieu entre Dorna Sports et les différents ministères des différents gouvernements.
« Nous discutons actuellement avec l’Espagne, l’Italie,
l’Autriche, la République tchèque et nous devons le faire à propos
de Silverstone. Jusqu’à présent, nous faisons partie du conseil
supérieur du sport en Espagne, ce qui est semblable au ministère
des sports espagnol. Le conseil supérieur du sport a créé une
structure dont nous faisons partie avec la fédération espagnole
pour discuter du protocole et de choses comme ça. Nous discutons de
choses générales pour que le protocole soit accepté. Nous nous
adresserons également au gouvernement, au ministère des transports
et au ministère de la santé, par le biais de ce conseil national du
sport.
En Italie, il y a quelque chose de similaire fait quotidiennement
par le comité olympique. Il y a également quelques personnes de
chez nous mais c’est principalement le comité olympique et la
fédération italienne qui ont fait le protocole.
Le propos de ces deux structures est davantage de savoir comment le
sport pourra recommencer, mais pas ce qui concerne les mesures
particulières pour faire des événements. C’est quelque chose dont
nous parlons directement au ministère de la santé et au ministère
des transports.
En République tchèque, nous discutons avec le gouvernement, avec le
gouvernement de la Moravie du Sud et avec la ville de Brno.
En Autriche, c’est quelque chose qui a été géré par le promoteur
autrichien, tout comme le protocole, parce que là également ils
veulent commencer avec la Formule 1 et nous avons un protocole
similaire.
En France, nous parlons avec Claude Michy qui est en relation
étroite avec le gouvernement français et les différentes
structures.
Voilà globalement ce que nous faisons. Je dois dire que la majorité
des pays avec lesquels nous parlons sont heureux d’accueillir les
événements afin de montrer que le pays revient à la normalité. La
chose la plus important est d’essayer qu’ils acceptent que l’on
voyage, et d’être en sécurité. Nous parlons principalement aux
ministères des transports et aux ministères de la santé ».
Giovanni Zamagni demande alors si le MotoGP bénéficie d’une priorité par rapport aux Superbike.
« Non, non, c’est exactement la même chose ! Nous avons l’obligation de faire les deux et nous considérons le Superbike lors de nombreuses discussions. Beaucoup des circuits où nous sommes vont plus que probablement organiser une course ou deux pour les MotoGP puis en accueillir une pour les Superbike. Nous gérons cela. Il y a d’autres circuits qui ne seront pas pour les deux mais notre priorité est bien sûr d’avoir les Superbike avec un objectif d’avoir 6 ou 7 courses de plus, même s’il y en a déjà eu une en Australie. C’est ça notre idée, et cela dépendra de la situation car le protocole médical doit être plus ou moins le même ».
Michel Turco évoque l’hypothèse d’un retrait futur de certains constructeurs en raison de la crise économique…
« Et bien, j’ai peur de tout (rires), mais une chose est d’avoir peur, et l’autre est ma compréhension des choses. La chose que nous faisons durant cette saison est précisément de maintenir en vie les équipes pour le futur. En ce qui concerne les constructeurs, ils parlent déjà de continuer, mais quoi qu’il en soit, c’est quelque chose que nous ne pouvons pas prévenir. Par exemple, lors des crises précédentes, en 2008, vous vous souvenez que nous avons essayé de supprimer le vendredi mais il est apparu que cela n’entraînait pas une grande réduction des coûts et que cela était dommage. Cela nous ramène à la question initiale et du fait que nous voulons conserver tout ce qui est un argument pour faire un bon sport. Puis, selon moi, nous devons réduire d’autres domaines. »
« C’est assez drôle car, l’année dernière, nous parlions des difficultés pour faire tout, et nous ne réalisions pas que nous étions dans une très bonne situation. Maintenant, nous sommes dans une situation pire mais nous pensons qu’en travaillant ensemble, nous pouvons beaucoup réduire les coûts, ce qui nous permettra de continuer jusqu’à ce que la situation change. Nous pensons également que la réaction de nos sponsors montre qu’ils ont confiance en nous et qu’ils pensent qu’ils peuvent continuer. Selon moi, le plus important est de conserver la qualité du sport, puis économiser sur l’opposé. Nous considérons avant tout l’argent pour garder le sport vivant, puis nous nous occuperons d’autres sujets plus tard. Évidemment, nous pensons que les demandes d’événements du monde entier seront intéressantes. C’est une crise incroyable mais tout le monde doit revenir à une situation normale, car sinon ce ne sera pas simplement une crise du MotoGP mais une crise mondiale. »
« Nous pensons que nous devons aller en Autriche pour montrer au monde entier que nous sommes un très bon outil pour faire comprendre que le pays va bien et peut organiser. Selon moi, nous devons conserver l’intérêt des télévisions et nous pensons que nous aurons l’intérêt de la part des pays, puis des sponsors. Si quelqu’un a un circuit de haut niveau, il peut avoir soit la Formule 1 soit nous. Il n’y a pas beaucoup d’autres choses. Donc une organisation, un pays ou une ville qui a un circuit a besoin d’être au calendrier. Nous pensons cela. »
« Pour les télévisions, nous sommes en compétition avec d’autres sports et d’autres possibilités. Et pour les sponsors, nous sommes en compétition contre tout le monde. Donc je suis optimiste en ce qui concerne les circuits, je suis également optimiste en ce qui concerne les télévisions mêmes si la situation peut être un petit peu plus difficile qu’avec les circuits, et nous nous attendons à essayer d’aider en ce qui concerne les sponsors des équipes. Cela est notre scénario et nous pensons pouvoir régler ces problèmes avec les mesures que nous prenons. »
Manuel Pecino souligne que les journalistes ne seront a priori pas admis sur les Grands Prix à huis clos…
« Dans cette situation spéciale, nous devons présenter un
protocole qui est acceptable par les autorités locales. Et à chaque
fois, quand nous avons parlé avec les autorités locales, elles ont
demandé à ce qu’il n’y ait pas de médias TV. Ce n’est donc pas
possible pour nous car nous ne pouvons pas à la fois réduire le
nombre à 10 ou 15 personnes et (accepter les journalistes). Cela
entraînerait des situations où les gens demanderaient pourquoi oui,
pourquoi non. Au début, nous avons essayé avec 17 ou 18 personnes
mais dans chaque pays le protocole est comme ça, et ils font la
même chose avec tous les sports. C’est la même chose avec la ligue
de football. Cela ne vient pas de nous, cela vient des
gouvernements. Bien sûr, nous ne sommes pas heureux de cette
situation car, par exemple il n’y aura aucune hospitality, et même
si nous aurons différents fournisseurs pour la cuisine personne ne
mangera dans les hospitality habituelles.
« C’est donc très compliqué mais nous devons présenter aux
autorités locales et aux ministères de la santé quelque chose qui
est possible. C’est l’une des plus mauvaises nouvelles que nous
avons mais jusqu’à présent nous ne l’avions pas réalisé. Considérez
cela : nous abordons ça en étant actuellement dans la pire des
situations. Avec le temps, dès que les gouvernements nous y
autoriseront, nous communiquerons immédiatement. »
Franco Bobbiese essaie de conclure l’entretien avec Carmelo Ezpeleta en lui demandant si cette saison raccourcie pourrait favoriser un outsider.
« Honnêtement, je ne sais pas. J’ai eu des conversations avec différents pilotes de différentes catégories, et la seule chose que je peux dire c’est qu’ils sont impatients de commencer. La seule question qu’ils m’ont posée, c’est de savoir s’il était possible, et ce sera évidemment possible, de faire un test avant le premier événement. Assurément, nous ferons cela. Nous comprenons tous que nous sommes dans une situation très spéciale et qu’il est très important d’essayer de faire le championnat, si cela est sûr. D’un point de vue logistique, c’est très compliqué car beaucoup d’équipes ont du personnel qui vient des autres continents, et nous devons leur expliquer qu’ils ont besoin d’être en Europe au moins 14 jours avant le premier événement. Mais la seule chose qu’éprouvent les pilotes, c’est qu’ils sont anxieux de commencer à courir. Nous leur expliquons plus ou moins que, si nous le pouvons, notre idée est de faire une course pendant deux semaines consécutives, puis d’avoir une semaine sans rien avant d’avoir à nouveau deux courses consécutives et ainsi de suite. Nous essaierons de ne pas épuiser les personnes durant cette période. Bien sûr, faire 10 ou 11 courses entre juillet et la mi-novembre est difficile, mais d’un autre côté elles ont été en vacances durant tout ce temps. »
Manuel Pecino demande au patron de Dorna Sports combien de temps il dort chaque nuit, avec tous ces problèmes dans la tête…
« Non, non ! Pour être honnête, j’ai l’habitude de prendre des notes dans mon agenda au sujet des choses que je fais. Cela fait maintenant deux mois que je suis chez moi et je n’ai jamais été chez moi pendant deux mois durant ma vie. D’un autre côté, je découvre les téléconférences et cela fonctionne très bien. Je ne m’inquiète pas. Je travaille normalement. Je me réveille comme d’habitude et je commence à travailler de huit heures jusqu’à 19 heures, comme je le fais au bureau. Puis ensuite, j’ai quelques activités comme le vélo et je dors très bien. Peut-être même mieux qu’avant, pour être honnête. Mais par exemple, nous avons parlé des protocoles, et peut-être que ces derniers vont changer, mais aujourd’hui je ne sais pas s’ils vont me permettre d’aller sur les circuits, puisque j’ai plus de 70 ans (rires) ! Je me suis rendu à toutes les courses depuis 1992 et c’est mon objectif de continuer à le faire, mais peut-être que le coronavirus ne me permettra pas d’être présent à toutes les courses. Je ne sais pas mais la situation est très étrange et nous devons essayer de nous adapter dès que nous comprenons quelle est la situation. »