Si Johann Zarco et Fabio Quartararo défendront nos couleurs en MotoGP cette saison, et bien que nos représentants seront nombreux en Supersport 600 et Supersport 300, nul pilote français n’apparaît dans les catégories précédentes des Grands Prix.
Il faut donc tourner nos regards vers l’autre bout de la pyramide pour y apercevoir la relève qui, à côté des 3 pilotes hexagonaux qui se sont qualifiés pour la Red Bull MotoGP Rookies Cup : Lorenzo Fellon, Gabin Planques et Clément Rougé, comprend également ceux qui participeront à l’European Talent Cup.
Avec l’autorisation de la Fédération Française de Motocyclisme, nous reproduisons ici un article sur Marceau Lapierre extrait du magazine électronique France Moto.
Marceau Lapierre : La victoire sinon rien !
Vainqueur du Pré-moto 3 en Championnat de France Superbike à la surprise générale, le jeune Marceau Lapierre n’est pas un espoir comme les autres. Lui et son père se sont uniquement fixés pour finalité la victoire en Grand-Prix. Pas de demi-mesure, quitte à piocher dans le bas de laine familial et à travailler d’arrache-pied.
C’est un vrai hold-up sur le Pré-Moto 3 qu’a signé Marceau Lapierre cette saison. Tous les observateurs du milieu attendaient une victoire d’Alexis Boudin ou de Bartholomé Perrin, les favoris, mais c’est le pilote licencié auprès de la Ligue d’Occitanie qui a créé la surprise en signant une saison quasi parfaite. Sans une chute et sans un faux-pas malgré une pression croissante des gros bras de la catégorie. Il a impressionné tout le monde, même son père qui ne s’attendait pas à le voir à pareille fête et s’avoue bluffé par la performance de son rejeton. Le fait d’un travail régulier selon lui. Elle ne pouvait lui faire plus plaisir en tout cas. Car Marceau suit parfaitement le plan de bataille fixé dès le début de son engagement en compétition. A savoir s’impliquer à fond et mobiliser tous les moyens possibles pour grimper le plus haut possible. Pour n’avoir rien à regretter ensuite.
« Mon fils et moi sommes d’accord sur une chose, il ne roulera pas pour occuper une place de fond de grille d’un championnat mineur. Ce que l’on veut, c’est réussir dans le sport en gagnant des courses de Grand-Prix, pas rouler pour rouler. C’est ainsi que l’on voit l’avenir. Et c’est pourquoi je mets tout ce qui est en mon pouvoir pour l’épauler du mieux possible. Même s’il faut piocher dans la tirelire familiale et même si cela me prend pas mal d’énergie. C’est le deal entre nous et Marceau l’a bien compris. C’est pour cela qu’il accepte de travailler si fort. Après, pas de méprise, je ne lui impose aucune obligation de résultat. Du moment qu’il est exemplaire en terme de comportement et de travail, ça me va. »
Mais n’allez pas vous méprendre, s’il accepte de travailler comme un fou à l’école et à l’entraînement, c’est aussi parce qu’au fond de lui, Marceau est un grand passionné de moto. De vitesse surtout. Il ne manque aucun GP les dimanches, quitte à les visionner une seconde fois les lundis qui suivent, dès fois qu’il aurait manqué quelque chose. Impossible de le coller sur les pilotes des 25 dernières années. C’est étonnant pour un fils d’enduriste amateur, mais ça n’a rien de mystérieux lorsqu’on apprend que dès ses 5 ans, il écumait les GP vitesse avec son père à qui il arrivait aussi de rouloter sur circuit de temps en temps.
Travail et détermination
Marceau n’a pas chevauché une machine dès son plus jeune âge en tout cas. C’est à 9 ans qu’il fait ses premiers tours de roue sur une PW, alors qu’il accompagne sa sœur, de 6 ans son ainée, sur une piste d’initiation à la moto. L’expérience lui plaît mais c’est surtout en participant quelques temps plus tard à l’une de ces journées « découverte » organisées par la FFM et Alain Bronec qu’il choppe le virus. Au milieu d’enfants de son âge sur des NSF 100 Honda, il inaugure une relation passionnelle avec la discipline. S’en suivront trois années de compétition en championnat de France d’endurance et de vitesse 25 Power où il fera ses classes consciencieusement. En progressant pas à pas comme en attestent ses places finales de 10e, 8e et 6e. Ensuite, avec l’appui d’Alain Bronec, il grimpe en Pré-Moto3 au guidon d’une des Sherco PR3 de la Fédération. Sa première année est correcte, il signe une 11e place finale, mais l’important n’est pas là. Surtout, il apprend le métier et prend conscience de l’importance du travail sur la performance.
Alain Bronec nous en dit plus. « Une chose étonne avec Marceau, c’est son sens du travail. Il est déjà très concentré sur ce qu’il fait et a compris qu’il fallait travailler pour réussir. Rien n’arrive par hasard. » Une réflexion qui prend toute sa dimension lorsqu’on sait qu’aucune concession n’est faite à sa scolarité : pour avoir droit de continuer la moto, Marceau doit obligatoirement passer dans la classe supérieure avec de bonnes notes. Le cas échéant, ses parents l’ont prévenu, l’aventure en vitesse s’arrête de suite. Voilà pourquoi dès lors qu’il roule à l’entraînement sur ses Yamaha 125 TTR et YZF-R, ou qu’il s’entraîne en vélo, en natation ou en tennis, il le fait avec application. En repoussant ses limites à chaque fois.
Le programme sera le même l’année prochaine pour sa première année en European Talent Cup qui regroupe les talents de 13 à 17 ans sur des Honda NSF 250 R. Une catégorie qui prépare au Moto 3 Junior, l’anti-chambre du Moto 3 et qui se veut une foire d’empoigne avec plus de 40 concurrents réunis à chaque épreuve. Ça ne sera pas une partie de plaisir, mais qu’importe, Marceau a hâte d’en découdre pour continuer sa progression. Les objectifs fixés sont raisonnables : une place aux portes du top 20 en fin de saison 2019 pour ensuite accrocher une 8e place en 2020. Lui et son père, qui a déjà prévu d’envoyer une structure sur place, en Espagne où se déroule le Championnat, sont prêts pour le défi. Ensuite, ce sera l’heure du bilan. Si Marceau est dans les projections, alors l’aventure continuera, le cas échéant, il pourrait obliquer vers une école d’ingénieurs, là où son avenir sera plus certain.
Crédit texte : Vincent / FFM
Crédit photos : Gérard Délio