Lors du HJC Grand Prix de France au Mans, nous avons eu le privilège de vivre deux moments particulièrement forts en compagnie de Johann Zarco !
Le premier est survenu lorsque nous avons assisté à la Q2 dans le box Tech3. Nous allons donc essayer de vous le partager du mieux possible par le biais d’une sorte de roman-photos, les vidéos privées étant interdites dans l’enceinte du circuit pendant un Grand Prix …
13h38. Fin de la Q1 : tout le côté droit du box Tech3 manifeste sa joie autour de Nicolas Goyon car Hafizh Syahrin a fait une belle prestation.
Après avoir inscrit son nom en haut du classement durant les premières minutes, le pilote malaisien se classe finalement 4e devant Alex Rins.
Accolades, embrassades et étreintes en tout genre animent alors
avec joie la partie du box Tech3 réservée au
numéro 55.
Guy Coulon déjà équipé de son casque qui
vient toutefois écouter les premières réactions d’El
Pescao, au cas où un enseignement pourrait en être
tiré…
Toute cette animation contraste fortement avec le silence qui règne dans la partie gauche du box. La Yamaha M1 de Johann Zarco, ses pneus gérés par Pierre-Laurent Beghin continuant de monter doucement en température sous ses couvertures chauffantes, est l’objet de toutes les dernières attentions de Jérôme Poncharal, Brice Grossin et Steve Blackburn, ses mécaniciens.
Le contraste est d’autant plus saisissant que le siège du pilote français est toujours vide, à côté d’un Guy Coulon toujours bien pensif, huit minutes avant le début des hostilités…
2 minutes plus tard, à 13h42, Johann Zarco fait son entrée en silence et va s’asseoir sur son baquet réservé.
Très peu de mots sont échangés et après une minute de concentration, le pilote Tech3 numéro 5 entame son rituel qui commence par la pose de boules Quies.
Là encore, le geste fait partie d’une routine bien calibrée, Johann penchant la tête et maintenant ses cheveux d’une main pendant que l’autre procède à la pose de l’accessoire acoustique.
Un dernier mot de son ingénieur datas Alexandre Merhand et c’est l’enfilage du casque Shark Racer-R Pro, un geste 1000 fois répété au millimètre, les cheveux bien rabattus en arrière, le couvre-chef bien enfoncé sur la tête et la jugulaire bien serrée.
Il reste 2 minutes avant l’ouverture de la séance et la première d’entre elles est passée à suivre les images diffusées par Dorna, évidemment en silence. Le baiser sur le casque est celui de l’amie de Johann, scanné et apposé sous le vernis. Une sorte de porte-bonheur qui vient compléter l’image de son association avec Laurent Fellon.
Un simple geste de la tête à l’égard de ses mécaniciens et ces derniers retirent les couvertures chauffantes avant de sortir la Yamaha noire pour la démarrer. Pendant ce temps, Johann procède à quelques assouplissements avant de se diriger vers la lumière…
Le premier run de cette Q2, vous l’avez tous en mémoire: panneauté depuis le muret par Gérard Vallée, Johann Zarco y réalise le meilleur temps et, après 3 tours lancés, revient à son box sous l’objectif des caméras de Dorna qui sont apparues comme par enchantement
Sans un mot, il va s’asseoir sur son siège et Guy
Coulon lui demande alors : « on garde tout
? ».
Le double champion du monde répond par un simple hochement de tête,
se désaltère un peu puis entame alors à ce qui ressemble à des
exercices respiratoires : incontestablement, il met là en pratique
le travail effectué avec le champion d’apnée Stéphane
Mifsud.
Dans la pit-lane, on monte à nouveau un pneu arrière neuf sur la Yamaha et Johann Zarco sait très bien qu’il n’aura qu’un tour lancé durant lequel la gomme sera à son maximum d’adhérence.
Les ingénieurs japonais et Pascal Sasso, le technicien Michelin, se sont rapprochés, mais Johann ne dira pas un mot pendant les 2 minutes qu’aura duré cet intermède, totalement concentré sur sa respiration.
A 13h58, après la routine de l’assouplissement, le pilote français part à nouveau affronter son défi sous l’œil d’un Hervé Poncharal aussi silencieux que tendu intérieurement.
A l’inverse, Mathilde Poncharal, responsable de la communication du Team, ne semble subir aucun stress, même si elle a l’œil partout pour surveiller à la fois tout ce qui se passe dans le box et les chronos.
À 14h04, c’est une explosion de cris qui retentit dans le box Tech3 alors que Johann Zarco s’est emparé de la pole position en améliorant son meilleur chrono d’une demi-seconde ! C’est cette fois une forêt de caméras qui envahit le box pour filmer les embrassades, les rires et même les larmes de joie, avant que tout le monde court vers le parc fermé pour y retrouver le héros.
Enfin, presque tout le monde puisque Guy Coulon, victime involontaire d’une petite sciatique, reste dans le box et regarde son pilote sur les écrans en déclarant modestement avec sa pudeur habituelle : « bon, on n’a pas mal travaillé ! ». Comme quoi les propos qu’il nous avait confiés le lundi précédent étaient d’une grande valeur…
Outre la grande tension qui règne forcément pendant cette période d’une vingtaine de minutes qui entoure la qualification, ce qui ressort de l’exercice est un extrême professionnalisme dans lequel personne n’a réellement besoin de parler pour se comprendre et savoir ce qu’il a à faire. Une mécanique bien particulièrement bien huilée, fruit d’une expérience de 20 ans…
Au final, 3 mots auront été prononcés par Guy Coulon, et aucun par Johann Zarco… avant que celui-ci ne soit pris d’assaut pendant des heures par les caméras et les micros !
Cela est bien à l’image du MotoGP, monde de contrastes prononcés mariant un sport individuel au travail de toute une équipe, des moments de solitude extrême et des sollicitations incessantes…