Un peu à l’image des challenges Top Gear, les vrais, ceux de l’irremplaçable Jeremy Clarkson, James May et Richard Hammond, pas le succédané français ou les dernières versions de la BBC, deux des collaborateurs de Paddock-GP sont partis dimanche matin en mission vers une terre inconnue…
Même si nous n’aimons pas nous mettre en avant, la trêve hivernale nous laisse le temps de vous faire vivre les à-côtés de ce genre d’expédition, dont le résultat final se retrouvera bien sûr dans nos colonnes. Alors, une fois n’est pas coutume, allons-y.
Dimanche dernier, 5 heures du matin, votre humble serviteur n’a dormi qu’une heure mais tout est prêt : les appareils photos sont chargés, l’ordinateur également, accompagnés d’un minimum de vêtements, afin que le tout soit transportable en scooter au cas où le VTC qui doit m’emmener Gare de Lyon ne soit pas au rendez-vous.
Mais tout se passe bien, et à 7h42 le TGV qui m’emmène à Barcelone quitte doucement le quai dans la grisaille et le froid intense de la région parisienne. A peine plus tard, Luca se dirige vers l’aéroport de Bruxelles pour les premières et interminables vérifications du transport aérien moderne. Décollage à midi, sensiblement au moment où je trouve enfin le soleil.
Nous sommes censés arriver à la même heure dans la capitale de la Catalogne, quittée il y a tout juste un mois pour le dernier GP de la saison MotoGP 2024, puis se rejoindre à l’aéroport après que j’ai récupéré une voiture de location.
Chez Sixt, tout est prêt, ma voiture est réservée depuis un moment, le check-in fait à l’avance grâce au don des données faciales de mon visage à l’IA gérée par la matrice… La confiance frôle la sérénité.
Oui, mais non : carte d’identité expirée, pas de voiture ! Et pas la peine de discuter, allez voir ailleurs ! Europcar, Hertz, Alamo, même combat. Luca, seul à l’aéroport, commence à s’inquiéter…
L’Espagne reste l’Espagne, et, en descendant (beaucoup) en
gamme, on finit toujours par trouver une solution. En l’occurrence,
Centauro.
Carte d’identité expirée ? « Pas de
problème. »
Les prix ? « Les mêmes. »
Les assurances ? « C’est compris. »
La caution ? « Pas de caution (incroyable mais
vrai) ! »
La voiture ? « Allez la chercher, au 4e sous-sol et
ramenez-nous la simplement avec le plein ».
C’est tout. Avec une heure et demi de retard, la jonction
est faite avec Luca, puis on lance la fière Kia Picanto à vive
allure sur l’autoroute gratuite, direction, le sud…
Après deux heures de route, un rapide arrêt snack puis, la fatigue
me gagnant, je passe le volant à mon coéquipier avec pour consigne
de surveiller l’essence, et m’endors du sommeil du juste.
Réveil en sursaut.
« Luca, ça va ?
– Oui.
– On en est où de l’essence ?
– Il reste 10 kilomètres.
– Mais Luca, tu sais qu’on est en-dessous de Valence, qu’il y a
peu de station-services, et que la plupart sont en-dehors de
l’autoroute, au milieu de nulle part ? Sors tout de suite !!!
»
Nous voilà donc dans la nuit noire, l’un cherchant des lumières indiquant vie humaine, l’autre une station-service sur une application. Le second l’emporte et c’est quasiment en roue libre que nous arrivons dans la seule station du coin, véritable oasis salvatrice dans un océan de ténèbres.
Sauvés, la pression retombe. C’est à ce moment précis que j’entends Luca s’exclamer :
« Oh non ! Merde !
– Quoi encore ?
– J’ai oublié mon ordi au snack.
– Arrête…
– Si, si, un ordi tout neuf, et qui valait cher. »
Le snack, c’était il y a 250 kilomètres, il en reste pas mal à faire, et je commence à trouver cette journée légèrement fatigante…
« Bon, de toute façon, tu oublies. Ton ordi a été volé et tu ne le retrouveras jamais. »
Heureusement, mon compagnon de voyage est un pur produit de la
génération smartphone, et découvre vite, à distance, que son ordi
est toujours dans la station-service. Un bon signe.
On cherche dans notre mémoire le nom du snack, on trouve, le numéro
de téléphone, on trouve, on appelle et on nous informe qu’un client
l’a trouvé et l’a emmené avec lui, après avoir laissé ses
coordonnées.
Honnête homme ou voleur ? On appelle, ça répond, et l’ordi semble
disponible… à Valence, soit 150 kilomètre en arrière par rapport à
nous.
Pas le choix, demi-tour, la Picanto crache tout ce qu’elle peut,
c’est à dire pas beaucoup, et on récupère l’objet de notre sauveur
qui prévient Luca, « tout le monde n’est pas comme ça en
Espagne, fais attention ! ».
Peine visiblement
perdue, pour celui qui s’est déjà fait voler son téléphone il y a
un mois et est toujours maintenant localisé vainement à Dakar…
Devant la tournure des événements, on discute et, de ces propres mots, je découvre que le film « La chèvre » colle à la peau de mon copilote depuis son plus jeune âge… On se demande pourquoi !
Un homme averti en valant deux, des mesure sont prises, récupérations des clefs de la voiture, de l’appartement, etc. et c’est vers 1h30 du matin que nous arrivons à notre destination, après avoir dormi 2 heures en 40 heures. Le mot fatigué semble approprié mais, heureusement, tourisme et repos sont au programme d’une partie de la journée du lendemain.
Alors non, après une journée émaillée de soupirs et de yeux aux ciel (je ne reporte ici que les faits les plus marquants), nous ne sommes évidemment pas venus là pour profiter des paysages et de la douceur du sud de l’Espagne en décembre, et nous vous dévoilerons demain l’objectif de ce voyage dont l’entame semble annonciatrice d’autres faits aussi inattendus qu’intéressants.
En attendant, voici un indice, piégeux mais un indice quand même.
A demain… peut-être.
GP
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