Au lendemain de la 7e manche de la saison 2023 qui s’est tenue sur le circuit d’Imola, le pilote turc Toprak Razgatlioğlu a significativement réduit l’écart sur son principal rival Álvaro Bautista.
Avec l’art et la manière s’il vous plait !
En effet, après avoir lâché prise lors de la première course du samedi, se contentant ainsi de la 2e place, il a le lendemain remporté tout d’abord la Superpole Race au terme d’une bataille épique (format court équivalent à la Sprint de MotoGP), puis la seconde course longue du weekend où le pilote de Talavera de la Reina, une fois n’est pas coutume, est parti à la faute dès le 2e virage.
Dès lors, Toprak n’eut plus qu’à dérouler sa science du pilotage et terrasser toute forme de concurrence, en la personne d’Axel Bassani, pour enfin remporter sa première course longue de l’année.
L’exploit n’est pas mince, et l’est d’autant moins que mathématiquement tout reste envisageable dans la conquête du titre avec quelques 310 points encore à distribuer.
A cela plusieurs raisons, et tout d’abord la plus importante : Son obstination pour gagner est sans pareille. La moindre faille ou erreur du pilote Ducati est immédiatement mise à profit par le Turc. Qui plus est, Toprak surprend son adversaire pourtant fin calculateur en l’attaquant là où personne ne tenterait décemment de le faire. Bautista en a fait l’amère expérience en perdant ainsi la Superpole Race dans les derniers mètres. Cela semble l’avoir à ce point déstabilisé qu’il a tout de suite voulu, lors de la deuxième course longue, s’échapper dès le départ. Bien mal lui en a pris puisque sa machine s’est dérobée lors du second virage, l’envoyant définitivement au tapis.
Si l’on remonte à l’année 2019 lors de laquelle Álvaro Bautista a débuté sa collaboration avec Ducati, un certain Jonathan Rea, quintuple champion du monde d’affilé de la discipline, se trouvait exactement dans la même situation que Toprak Razgatlioğlu aujourd’hui face à ce diable rouge aussi intraitable et de la même trempe.
Qui aurait d’ailleurs parié sur l’issue de cette saison ? Le pilote Ducati était parti pour l’emporter faute de combattants.
C’était pourtant mal connaître le pilote nord-irlandais qui, à force de pression sur Bautista, a fini par le faire craquer en milieu de saison. L’un des plus beaux titres de JR d’ailleurs, lui qui n’avait jamais été aussi malmené !
Alors 2023 rebelote ?
Et pourquoi pas ! D’autant que les tracés à venir, au nombre de 5, furent plutôt favorables en 2022 au pilote Turc. Most en République Tchèque le vit ainsi remporter la Superpole Race et la course 2 devant le même Bautista. Résultats identiques sur le tracé français de Magny-Cours où Bautista finit la deuxième course dans les graviers faute à l’agressivité supposée de Jonathan Rea. Si ce n’est Aragón et Portimão où la Ducati fut plutôt à son avantage, la dernière manche en Argentine était également en faveur de Toprak, certes au prix de son agressivité.
Bref tout cela pour dire que, même si la messe semble dite, bien malin qui prédira sans ciller sur la victoire du champion du monde en titre. Qui plus est, et n’en déplaise au pilote espagnol, sa situation reste plus facile que celle du Turc. Bien qu’au sommet de son art, ses 53 Kilos « tout mouillé » l’aident beaucoup. Nombre de pilotes continuent d’ailleurs de s’étonner – à raison – de l’insolente supériorité de la machine italienne, reléguant parfois la concurrence au rang de simples Supersport 600 dixit Toprak !
Si maintenant donc Álvaro Bautista perd sa zénitude affichée et commet des erreurs sous la pression, lui vainqueur désigné aurait alors tout à perdre. Un nouveau titre de Toprak Razgatlioğlu n’en serait que plus glorieux, et cela il le sait. A défaut d’une supériorité mécanique tout se joue désormais au mental, et le Turc vient en la matière de prendre l’ascendant.