Au lendemain du Grand Prix d’Assen, tout a été dit et entendu sur la situation de l’usine KTM en MotoGP. Rappelons les faits : Arrivée crânement en catégorie reine en 2017, la marque autrichienne tente d’appliquer méthodiquement ses recettes pour réussir, expérience des petites catégories oblige. Et force est de constater qu’elle est sur le point d’y parvenir.
En effet, après des débuts laborieux où la pertinence des choix techniques était controversée (notamment le fameux châssis tubulaire en acier), la RC16 s’affirme aujourd’hui comme LA machine sur laquelle il faut être pour concurrencer une Ducati au mieux de sa forme. Preuve en est avec le Sud-Africain Brad Binder Top 5 du championnat au terme de la dernière manche d’Assen. Et encore aura-t-il éprouvé par deux fois les sanctions des commissaires pour avoir mordu sur une partie verte de la piste lors du dernier tour lors de la Sprint et du GP. Auquel cas il aurait-été sur la troisième marche du podium des dites courses et Top 4 du championnat.
Son coéquipier australien Jack Miller, transfuge du team officiel Ducati, n’aura également pas mis longtemps à trouver ses marques sur la moto. Et ses chutes, plus fréquentes que Binder, ne sont pas forcément à mettre sur le compte de sa machine mais plutôt de sa fougue. Même Augusto Fernández, pourtant rookie de la catégorie, a bien failli gouter aux joies du podium en mai dernier lors du 1 000e grand prix qui s’est déroulé en France sur le circuit du Mans. Bref, vous l’aurez compris, KTM plait et apparait comme une excellente opportunité pour jouer la gagne.
L’année dernière pourtant, ce n’était pas aussi évident, plutôt en devenir avec des résultats ponctuels à mettre au crédit des pilotes présents depuis leurs débuts dans l’aventure autrichienne. Pour les rookies de la catégorie en revanche, débuter sur la RC16 s’apparentait plus à un chemin de croix : Raúl Fernández et Remy Gardner en auront fait les frais en 2022. Plus avant Johann Zarco, pourtant pas novice dans la catégorie, jettera l’éponge au cours de sa première saison en 2018. Car oui la KTM est une machine difficile à dompter, ou plutôt était !
Les pilotes sont désormais en mesure de jouer la gagne lors de chaque manche : Le V4 crache sa puissance aussi fort que son homologue italien de Bologne et le châssis est à l’avenant. Il reste bien quelques « points de détail » pour homogénéiser l’ensemble mais bon sang ne saurait mentir : La machine est « Born to race ». Forcément, on se bouscule maintenant pour séduire la belle orange.
KTM l’a pourtant répété avec force : Désireuse de ne pas réitérer les erreurs du passé avec certains pilotes par trop vite écartés, l’usine veut les conserver dans la grande famille et honorer ses engagements. C’est tout à leur honneur mais, entre bons sentiments et le nécessaire aboutissement de l’aventure sportive, KTM doit faire des choix. Sa filière surproductrice de talents rend ses décisions en cours et à venir difficiles. Seules quatre machines, toutes prises jusque fin 2024, sont disponibles.
Qui plus est, les rumeurs les plus folles de transferts circulent, parmi lesquelles celle – insistante – de Marc Márquez définitivement en délicatesse avec sa Honda. Même si ce dernier s’en défend, difficile de ne pas accorder un tant soi peu de crédit à cette option. Qui plus est, il pourrait être associé dans une nouvelle écurie au jeune prodige Pedro Acosta en contrat avec l’usine qui le suit depuis ses débuts.
Alors, une troisième équipe ? Après tout pourquoi pas. Quelques projets avaient bien été évoqués dans le passé suite à la défection de Suzuki laissant deux places vacantes : Marc VDS, Pons et Léopard entre autres. Mais cela fit long feu.
Il faudra pourtant bien que la situation s’éclaircisse sur cette potentialité, auprès de la DORNA tout d’abord qui souhaite avant tout un nouveau Team Usine et non des structures privées, ainsi que sur la faisabilité financière dudit projet, au risque pour le constructeur autrichien de voir ses talents s’éparpiller et faire les affaires de la concurrence.
Un choix cornélien vous dis-je !