Décidément, et contrairement à la dernière manche européenne de Misano Adriatico, on ne s’ennuie pas dans cette tournée outre-mer : tout est vécu passionnément, et souvent de façon outrée. Revue de détail des dernières « sensations thaïlandaises » :
Tout d’abord LE transfert de l’année et ses conséquences.
Marc Marquez, pilote
emblématique du Honda Racing qui casse son contrat pour partir dans
un team satellite. Si tout a été dit concernant les ramifications
de l’affaire, reconnaissons que l’issue n’est pas banale : le
1er constructeur mondial orphelin du seul pilote en
capacité de gagner et qui contribua à l’entièreté de leur succès
ces dix dernières années.
Comment sortir de l’ornière ? Comment une machine autrefois
ardemment désirée par tout compétiteur n’arrive plus à
séduire ? Il reste donc une place vacante, Joan Mir n’ayant lui-même pas trouvé de
solution pour s’enfuir…
Et voilà que le français Johann Zarco, nouvelle recrue du team LCR Honda, se prend à rêver de la combinaison orangée Repsol. Sympathique me direz-vous puisqu’il est le seul à l’exprimer clairement. Sauf qu’il confond peut-être vitesse et précipitation, oubliant qu’il a récemment signé dans le team satellite.
Grossière erreur pour certains et vrai manque de tact vis-à-vis de Lucio Cecchinello pour d’autres. Cela reviendrait à priver ce dernier d’un pilote rapide, bon metteur au point, source de curiosité et d’intérêt tant pour ses résultats à venir que la dynamique des sponsors qui le soutiennent. Et justement, quid des dits sponsors si Johann venait à partir ? Le team risquerait clairement d’en pâtir. Et cela Lucio ne le conçoit ni ne l’accepte, qui demanderait des compensations à Honda au cas où cela devait se produire.
Au-delà de ça, on peut raisonnablement s’interroger sur la nature prochaine des relations entre les deux hommes s’ils travaillaient finalement ensemble. Car enfin, pour Johann ce serait « à défaut de » et pour Lucio Cecchinello un pis-aller. Il y avait mieux à faire pour débuter une collaboration qu’une confiance possiblement écornée.
Le malheur des uns fait le bonheur des autres dit-on, l’usine officielle Ducati vient de le prouver en célébrant exagérément une victoire par élimination lors de la course dominicale. Car si la chute de Jorge Martin n’avait pas eu lieu, les rouges feraient alors grise mine.
Il n’y a qu’à voir l’exagération toute latine que l’ensemble du staff de la marque a manifesté samedi à l’encontre de Francesco Bagnaia lors de ses qualifications ratées puis d’une course Sprint en queue de peloton. Pas de demi-mesure : on enterre ou l’on encense ! Entre le samedi et le dimanche, Pecco se devait de revoir ses approches de la course (dixit Davide Tardozzi) comme s’il était tombé au plus bas, quand le lendemain il fait véritablement figure de héros. Son geste très explicite en fin de course visait d’ailleurs à prouver qu’il avait fait taire les trop nombreuses critiques dont il était l’objet. Révélateur. Pas simple la vie d’un champion du monde…
Au sein de la VR46, ce fut l’abnégation dans la douleur. Le
travail des 2 pilotes handicapés par leurs clavicules respectives
fraîchement consolidées fut admirable. La pole position de
Luca Marini était emblématique
de sa détermination. Qui sait ce qu’il aurait pu réaliser en course
longue s’il n’avait été harponné par le trublion Brad Binder… Sa deuxième place lors
de la Sprint laissait augurer le meilleur.
Marco Bezzecchi ne fut pas en
reste puisqu’encore moins à la fête, son opération chirurgicale ne
datant que d’une semaine ! Et pourtant, podium en Sprint à la
troisième place et Top 5 le dimanche. Chapeau bas. La joie était
non feinte au sein du team pour l’exploit. Belles images.
Conclusion ? Oui le calendrier des courses est chargé, oui les courses Sprint en rajoutent dans la dangerosité et la fatigue pour les protagonistes, mais quel spectacle !
Carmelo Ezpeleta, tout en s’inspirant de la discipline reine qu’est la Formule 1, a réussi à nous concocter un superbe show tout empreint d’émotions et d’exploits.
Vivement Phillip Island pour notre plus grand plaisir.