Ce fut un week-end, comment dire, MAGIQUE, MAGNIFIQUE pour notre pilote français Johann Zarco, un résultat dont secrètement il venait à douter, une victoire à l’arraché conquise dans le dernier tour, sans faiblir, sans trembler.
Même les commentateurs, hystériques, n’en revenaient pas, ne voulaient pas y croire tant ils l’avaient espérée.
Cette victoire est une délivrance : Johann brise son plafond de verre et accède enfin au club très sélect des vainqueurs de grands prix. Son exploit n’est pas loin de rappeler celui d’Aleix Espargaro, dont on avait définitivement accepté l’idée que le compétiteur espagnol était bon, pugnace, mais pas en mesure d’enfoncer le clou. Lorsqu’il franchit la ligne d’arrivée du Grand Prix d’Argentine en 2022, on le vit sombrer en larmes, atteindre enfin son graal, celui qui se refusait définitivement à lui.
Johann est fait du même bois mais a su contenir son émotion, plus mesurée, plus digne, tout en mesure et en contrôle. Il a su offrir en guise de récompense à ses fans une prestation de haute volée. Il a su enfin les gratifier de son « Back Flip » maitrisé, sa signature personnelle. Il a su rire et sourire dans le parc fermé, chanter la Marseillaise sur le podium comme reconnaissance de sa gloire et ode à sa patrie.
Dieu que tout cela était beau et amplement mérité.
Comme le révéla plus tard Johann en interview, ce qui le toucha beaucoup fut la reconnaissance de ses pairs dont les yeux brillaient en le félicitant, tant ils savaient à quel point cette performance est unique pour un pilote.
Reste toujours dans nos mémoires cette déconcertante saison 2011 en 125cm3 où Johann apparut incapable d’accéder à son premier titre mondial, faute à la pression et l’ascendant psychologique de son adversaire Nicolas Terol. Et pourtant il semblait avoir tous les atouts dans sa manche.
Fort heureusement, il balaiera vite les incertitudes sur ses capacités intrinsèques en écrasant le championnat Moto2 par un double titre de rang en 2015 et 2016, seul pilote actuel du plateau ayant réalisé ce type d’exploit.
C’est dire si l’on attendait et espérait beaucoup de Johann lors de son accession à la catégorie reine en 2017. Peut-être fut-ce une charge trop lourde à porter, lui qui de son propre aveu réfléchit parfois trop, et qui perdit sans doute un peu confiance en lui à vouloir à tout prix réussir sans y parvenir.
Il va de soi qu’aujourd’hui on ne le regarde plus de la même
façon.
Il va de soi que cette victoire en appellera d’autres car elle est
un déclic, elle lui donne enfin cette certitude qu’il est en
capacité de réitérer l’exploit.
Et puis la saison n’est pas terminée, loin s’en faut : les manches Thaïlandaise, Malaisienne, Qatari et Espagnole arrivent à grand pas. Et pourquoi pas de nouveaux succès à venir pour Johann ? Il sait qu’il a la meilleure moto et qu’il n’a rien à perdre. Il réintègre déjà le Top 5, ce qui n’est pas un mince exploit dans une saison qui pourrait être l’une des meilleures qu’il aura réalisé depuis son accession à la catégorie reine.
Lucio Cecchinello, peut-être un peu déconcerté par les récentes hésitations du français et les sirènes Repsol, doit être désormais pleinement rassuré : Johann Zarco a non seulement l’envie mais aussi les capacités de gagner.
Certes, son choix de départ au sein du LCR Honda devrait rebattre les cartes et réduire les possibilités, si l’on considère bien sûr l’actuel niveau de la Honda. Cela étant, Alex Rins a prouvé qu’en pleine confiance avec cette machine sur un tracé favorable (en l’occurrence Austin) la victoire était possible. Et tout porte à croire que le constructeur nippon, après avoir touché le fond, n’en restera pas là.
De bonne augure pour la suite.