« Un autre jour, une nouvelle histoire, » tels ont été les mots de Marc Márquez après s’être adjugé sa 66e pole position en Grand Prix — un nouveau record des pole positions enregistrées depuis 1974. Côté météo perturbée, la deuxième journée du Grand Prix d’Argentine n’a pas dérogé à la règle avec un peu de pluie pour pimenter les hostilités.
Que faut-il retenir de ce samedi à Termas de Río Hondo ?
La pluie : invitée surprise
La météo tant redoutée a finalement fait son apparition samedi matin durant la troisième séance d’essais libres. Si certains se sont fait surprendre par sa venue, d’autres, au contraire, ont tiré profit de la situation à commencer par Valentino Rossi qui pointait au 16e rang à la fin de la première journée et s’élancera finalement depuis la troisième ligne : « Terminer septième n’est pas si mauvais compte tenu de mon rythme, » expliquait l’Italien. « Je ne sais pas si je serais en mesure de faire pareil sur le sec. Nous avons apporté quelques réglages samedi matin, lesquels nous ont permis d’améliorer légèrement sur un run. Sur piste trempée, la situation était quelque peu meilleure. Toutefois, je ne suis pas aussi rapide que la saison dernière et nous devons encore travailler, notamment sur l’équilibre de la moto. »
Rossi soulignait également l’importance de rouler sur piste mouillée lui permettant de comprendre certains aspects de la moto pour des conditions sèches.
Il fallait remonter à Laguna Seca en 2006 pour y voir les deux Ducati officielles exclues du Top 12 sur la grille départ. Andrea Dovizioso et Jorge Lorenzo ont connu quelques difficultés pour faire briller leur Desmosedici GP17 en qualifications. L’Espagnol a toutefois eu la possibilité de porter son attention sur sa hauteur de selle qui, selon lui, était trop basse : « À Valence (Test), nous avons rabaissé la moto, car elle était trop haute en comparaison à mon ancienne machine, » racontait-il. « Il semble que nous ayons opté pour la mauvaise direction et nous avons perdu beaucoup de temps ces derniers mois. Cela nous permettrait de mettre plus de poids à l’avant et de retrouver le feeling. »
Jorge Lorenzo découvrait sa Ducati pour la première fois sur le mouillé ce samedi en Argentine, « La moto est compétitive dans ces conditions. J’avais simplement choisi un pneu trop soft en Q1 et nous n’avons pas eu la possibilité de le changer à temps. » Il se positionnera 16e sur la grille : « Il est difficile pour n’importe quel pilote d’être compétitif ; c’est une combinaison de plusieurs facteurs. Je dois encore comprendre certains éléments. Je pense que tôt ou tard, nous ferons un grand pas en avant. »
Andrea Dovizioso a quant à lui manqué sa place en Q2 de justesse et occupera la 13e position sur la grille : « Les conditions n’étaient pas faciles à gérer. C’est une combinaison de plusieurs facteurs. Doubler sur ce circuit s’avère difficile et d’être 13e risque de compliquer la situation. Nous espérons pouvoir travailler sur le sec dimanche pour progresser. Nous ne sommes pas loin des avant-postes. »
Une domination qui prend fin
Vainqueur à Losail, Maverick Viñales avait dominé les deux premières séances d’essais libres en Argentine. La météo lors des qualifications a permis à Márquez de reprendre l’avantage sur son rival Yamaha qui n’avait jamais évolué dans ces conditions au guidon de sa nouvelle machine.
Sixième, Viñales terminait toutefois au rang de premier pilote Yamaha — première fois depuis le Grand Prix du Qatar en 2015 qu’il n’y pas de Yamaha dans le Top 5 sur la grille : « Je suis peut-être en deuxième ligne, mais je pense être en mesure de me battre pour la victoire, » confiait l’Espagnol. « Marc sera là dimanche : il a la moto, le potentiel et il est toujours présent. Cal est aussi capable de se rivaliser devant. J’inclus Valentino bien sûr, car il est septième sur la grille et il peut trouver quelque chose au warm up pour retrouver le rythme. » Au départ de la course, Viñales anticipe une lutte difficile face à Karel Abraham : « Il peut tenter de s’échapper et prendre l’avantage. Je vais m’efforcer de suivre la même stratégie qu’à Losail en restant calme et en ne prenant aucun risque inutile. »
Au sujet du choix des pneus pour la course, Viñales d’ajouter : « Le warm up sera la clé. Il semble toutefois qu’il fasse plus froid le matin que l’après-midi à 16h pour la course. Nous devrons donc essayer. »
Folger, rookie le plus rapide
Jonas Folger s’était installé dans le Top 10 à l’issue de la première journée en Argentine. Parvenant à conserver son bien jusqu’à l’arrivée des précipitations, l’Allemand s’est finalement adjugé la 11e position sur la grille, coincé entre Alvaro Bautista et Andrea Iannone : « Nous avions réglé la fourche de telle sorte qu’elle soit moins rigide pour la pluie. Malheureusement, la piste a commencé à sécher en Q2 et nous n’avons pas eu le temps de remettre le set-up précédent. Nous verrons quel sera notre rythme durant le warm up, mais je me sens positif et je suis convaincu que nous pouvons faire du bon travail. »
Son coéquipier Johann Zarco, surpris par la venue de la pluie, s’élancera quant à lui de la 14e place au départ. Le Français n’a pas anticipé les conditions aussi bien qu’à Losail — en signant son meilleur chrono en début de week-end pour éviter la pluie du samedi : « J’ai été un peu malchanceux et c’est dommage de ne pas être plus proche sur la grille, mais je vais apprendre de cela, » rassurait-il. « Je me sens à l’aise sur la Yamaha et mon feeling est très bon ; nous verrons donc ce que nous sommes en mesure de faire dimanche. » Confiant, Zarco entend bien prendre un départ aussi fulgurant qu’à Losail pour remonter rapidement au classement.
Un nouveau pneu pour plus tard
Michelin avait prévu de proposer un nouveau pneu avant soft avec une architecture plus rigide. Les pneus étant bloqués à la douane en raison d’une grève, le Direction de Course et la Commission de Sécurité — composée des pilotes — ont décidé de ne pas les utiliser ce week-end. La raison ? « Beaucoup de choix à évaluer en trop peu de temps, » selon Márquez.
Ce pneu aurait pu être un élément de réponse aux problèmes dont a souffert Rossi tout l’hiver en stabilisant sa Yamaha YZR-M1 sur l’avant : « Hier, on m’a dit que je ne pourrai pas l’utiliser. Il aurait pu être intéressant de l’essayer, mais nous allons conserver l’allocation actuelle. » Pilier de la Commission de Sécurité, l’Italien n’a pas pu y participer ce vendredi soir préférant poursuivre son travail avec son team.
« En analysant la météo et le temps restant, les pilotes ont pris la décision de ne pas utiliser ce pneu, » expliquait Nicolas Goubert, Directeur Technique pour Michelin. « C’était un choix raisonnable et nous étions d’accord. » Ce nouveau pneu ne sera vraisemblablement pas non plus proposé à Austin qui est, selon Goubert, un tracé bien plus éprouvant que Termas de Río Hondo : « Nous verrons ce que nous ferons et tout dépendra du déroulement de cette course. »
Cette décision prise en l’absence de Rossi n’a toutefois pas tardé à faire couler beaucoup d’encre autour d’une éventuelle théorie conspirationniste à l’encontre de l’Italien.
KTM s’empare de la pole en Moto2
Jamais dans l’histoire depuis 1949, un pilote portugais ne s’était élancé de la pole position en catégorie intermédiaire. Miguel Oliveira a donc écrit une page de cette histoire samedi, en enregistrant sa première pole en Moto2 au guidon de la KTM.
Il fallait remonter au Grand Prix de Grande-Bretagne 2015 pour retrouver une machine autre qu’une Kalex en pole position, avec Sam Lowes (Speed Up) : « Les conditions étaient légèrement difficiles, » expliquait Oliveira. « J’ai utilisé deux jeux de pneus pluie avant de comprendre que je devais rouler en slicks. C’est dommage de ne pas être sorti plus tôt, car j’ai connu quelques obstacles pour atteindre mon rythme sur les premiers tours. J’ai ensuite comblé l’écart en réalisant de nombreux chronos rapides. Je suis satisfait de ce résultat ; c’est ma première pole position et je tiens à féliciter l’équipe. Nous devons toutefois garder les pieds sur terre, car seule la course compte. »