Loin de la communication un peu formatée des traditionnels communiqués de presse, les échanges entre le pilote français et les journalistes dans l’hospitalité Tech3 sont d’une richesse et d’une simplicité que les vrais passionnés apprécieront (vous pouvez retrouver tous ses débriefs passés dans notre rubrique (“Interviews“).
Il y a toujours le petit détail qui nous fait plonger chaque jour davantage en immersion dans le monde de la MotoGP…
Comme à notre habitude, nous reportons ici l’intégralité des propos de Johann Zarco, de façon brute, donc sans aucune mise en forme ou déformation journalistique.
Johann Zarco : « je m’attendais à être plus fort durant la course, avec les pneus usés, mais au final, mes adversaires ont également été forts. J’ai pris un bon départ, mais le premier tour, cela a été un moment chaud et difficile. Quand je repense à tout ça, j’ai essayé de doubler, mais c’était difficile. Peut-être que ce n’était pas le bon moment où la bonne opportunité ; j’ai failli tomber et j’aurais pu perdre bien plus. C’est pourquoi j’ai perdu beaucoup de positions, puis j’ai récupéré un bon feeling , mais j’ai été limité par l’avant. Ce n’était pas à cause du pneu, car même s’il s’agissait d’un tendre, les techniciens ont déclaré que la gomme était plutôt en bon état après la course. Donc, cela signifie que si j’étais limité, il était possible que l’équilibre de la moto n’était pas aussi parfait que ce que je ressentais pour être plus fort. Ceci a été le côté difficile, mais je suis content de la course. C’était une autre bonne expérience et une bonne opération pour le championnat. C’était comme à Misano où cela a été difficile mais au final la septième place aurait été plutôt bonne. Et ici, de nouveau, nous avons essayé de faire de notre mieux, et j’ai terminé à la 9e position, 13 secondes derrière les meilleurs pilotes. Ce n’est pas si loin, mais j’ai manqué quelque chose pour rester avec ce bon groupe. Quand ils ont dépassés Kallio, ils se sont échappés, et je ne pense pas que j’étais assez fort à ce moment. C’est donc une sorte d’expérience et j’espère vraiment que j’apprendrai comment utiliser cela pour être plus fort à l’avenir. Plus fort sur moi-même pour régler la moto, fournir les bonnes informations, et aussi plus fort avec l’équipe afin qu’ils puissent me donner le feeling fantastique que vous pouvez habituellement avoir avec la Yamaha. »
Il s’agissait de votre premier Grand Prix en Aragon avec une MotoGP…
« C’est pourquoi je peux être satisfait de cette neuvième position. Je pense que l’objectif reste d’être le Rookie of the year. Les pilotes qui se battent avec moi ont eu une course difficile aujourd’hui, et je peux également penser à me battre avec Crutchlow pour le titre de premier pilote indépendant. Ici, il a chuté devant moi, donc je savais qu’au final ma position était plutôt bonne. »
Avec du recul, auriez-vous fait un autre choix de pneus ?
« Je suis content car si j’avais eu des problèmes avec le pneu avant uniquement au freinage, je pourrais dire que mon choix aurait été mauvais. Mais également en virage, alors mon choix était le bon et le plus sûr : j’y peinais également un peu, mais si j’avais bien médium, cela aurait peut-être pu être pire. Le choix était donc bon, et, concernant les pneus, je peux dire que j’étais en mesure de me battre avec le groupe de devant pour la cinquième position. »
Quel bilan peux-tu dresser aujourd’hui ?
« Déjà, du point de vue physique, je suis content à ce stade de la saison. Quand je suis arrivé à Aragon, je me sentais vraiment bien en forme. J’ai terminé une course difficile, je me sens bien, donc je sais que les 15 jours avant la prochaine course vont me permettre, avec le rythme de notre entraînement, d’être reposé et en forme, et d’aborder ces trois courses outre-mer qui, mine de rien, que ce soit du point de vue mental ou physique, nous atteignent. Pour ma première saison en MotoGP, je ne suis donc pas épuisé avant de partir sur les trois courses qui touchent les hommes. Et quand je vois les difficultés qu’il y a pu avoir, ici à Aragon, mine de rien je ne m’en sors pas si mal. Je suis vraiment enthousiaste car il peut y avoir des courses en outre-mer où peut-être que la piste m’aidera davantage et je pourrai retourner à une bataille dans les cinq premiers, et pourquoi pas, aller jouer un podium. Ça reste le vœu. »
Ces trois courses, tu vas les commencer par Motegi où tu as déjà essayé la Suzuki. Vas-tu pouvoir faire une comparaison ?
« C’est vrai, oui. Je pense c’est superbe d’attaquer avec Motegi. Je ne peux pas dire que je vais vraiment pouvoir comparer mon test avec la Suzuki par rapport à mon stade actuel avec la Yamaha, mais dans la tête, la mise en route sera peut-être plus rapide, avec plus d’aisance, et donc un super beau Grand Prix au Japon me donnerait un bon élan pour l’Australie la Malaisie. »
Tu dis que tu as encore un peu de mal à donner les bonnes informations à ton équipe et que tu devais t’améliorer là-dessus…
« Je pense, parce que, quand on a des problèmes, il faut bien réussir à analyser. On roule à la limite, donc finalement on est à la limite avec le pneu avant, on glisse de l’arrière, on essaie de mieux faire tourner la moto : on est toujours en train de chercher mieux, mieux, mieux. Et quand je dis réussir à donner un bon commentaire, c’est « lequel j’ai vraiment besoin pour la course ». Et ça, je pense que certains, comme Valentino, savent faire ça à la perfection. »
Tu es impressionné par ce qu’il a fait ?
« Oui ! Je l’ai encore salué, parce que ce qu’il a fait ce week-end, c’est génial. Je partais lancé comme un frelon pour terminer devant lui, parce que je suis plus jeune et je suis en forme, mais sa force mentale et sa force technique ont pris le dessus. C’est beau et ça me motive : quand tu vois que le gars fait le troisième temps et fini cinquième alors qu’il n’est pas en pleine forme, tu te dis que c’est vraiment une question de feeling. Et comme mon feeling évolue, je suis heureux de me dire « lâche pas le morceau, tu vas y arriver ». »