L’exploit n’a échappé à personne ! 24 jours après sa double fracture de la jambe droite, Valentino Rossi est arrivé cinquième du Grand Prix d’Aragon, à seulement 5,8 secondes du vainqueur et une demi-seconde de son coéquipier.
Pressé de toutes parts par les nombreux journalistes présents dans l’hospitalité du team Movistar Yamaha MotoGP, le pilote italien, tout à sa joie, a pris son temps pour répondre aux différentes questions dimanche en fin d’après-midi…
Comme à notre habitude, nous reportons ici ses propos, en intégralité et sans aucune déformation journalistique.
Valentino Rossi : « Je suis très fier et très heureux car il y a une semaine, je ne savais pas si je pouvais courir. Mais nous travaillons bien. Nous avons fait le bon choix, peut-être aussi risqué un peu, mais je voulais essayer de ne pas perdre une autre course, parce que plus vous perdez de courses, plus vous avez besoin de temps pour revenir à votre niveau.
C’était un bon week-end car je me suis toujours
senti assez bien sur la moto, bien sûr avec un peu de douleur, pas
à 100%, mais quoi qu’il en soit je peux piloter d’une bonne
manière. Partir de la première ligne, hier, était déjà
génial. J’étais très heureux.
Je savais que, aujourd’hui, dans la course, ce serait plus
difficile. Mais, de toute façon, c’était une excellente
course. J’ai pris un bon départ et, dans les premiers tours,
j’étais fort. J’ai pu me battre pour la victoire avec Lorenzo
et Marquez. Dans la seconde moitié de la course, je savais que
je devrai souffrir. J’étais plus fatigué que la normale, et
j’ai ressenti une certaine douleur.
Nous avons également un peu subi la dégradation
du pneu arrière. Mais quoi qu’il en soit, c’était un bon
combat, et arriver dans le top 5 est sincèrement un résultat auquel
je ne m’attendais pas, et que je ne pensais pas pouvoir
réaliser. C’était donc très bien.
Maintenant, le travail se poursuit parce que j’ai deux semaines qui
seront très importantes pour ma jambe. Car je veux essayer de
travailler pour arriver à Motegi tout à fait en forme. Pour
sûr, je ne serai pas au maximum, mais je pense que je peux arriver
en bonne condition. Aussi, avec Motegi, il y a trois courses
consécutives. C’est un gros stress pour mon corps, pour ma
jambe, alors je dois essayer d’arriver à un bon niveau. »
Aviez-vous des attentes particulières pour ce week-end et pensiez-vous être aussi compétitif durant les 23 tours? Et qu’en est-il du championnat ?
« Non. Dans ces occasions, je pense que
vous devez avoir l’esprit ouvert parce que vous ne savez pas ce qui
se passera. Peut-être que je monte sur la moto et que je ne suis
pas en mesure de piloter…
Mais en même temps, si vous ne ressentez pas trop de douleur, vous
devez essayer d’attaquer au maximum, non ?
Donc, chaque jour, cela va de mieux en mieux. Du vendredi au
samedi, il y a eu un bon pas. D’hier à aujourd’hui,
non. Je commence à me sentir un peu fatigué et j’ai de la
douleur, mais c’est normal. Quoi qu’il en soit, je peux
piloter à un bon niveau, et je suis très heureux parce que j’ai
fait un bon départ et que j’ai bien roulé pendant la course.
Concernant le championnat, cela ne fait pas de différence, même un
point de plus (rires) ! »
Avez-vous pu utiliser une chambre hyperbare pour être en forme aujourd’hui ?
« Non ! En 2010, la chambre hyperbare a été très importante pour moi par rapport à l’infection, car l’os était dehors. Ils m’avaient aussi dit que c’était bon pour fermer la fracture. Mais cette fois, ils m’ont dit que cela était très important par rapport à une infection, mais par pour la fracture, donc je n’ai pas fait de chambre hyperbare. Et j’en suis plutôt content, car quand vous faites de la chambre hyperbare, ce n’est pas un bon feeling et vous ne vous sentez pas très bien. »
Après ce que vous avez fait aujourd’hui, vous sentez-vous davantage content pour ce que vous avez réalisé, ou davantage fort à cause de ce que vous auriez pu faire si vous n’aviez pas été blessé ?
« Dès le premier moment, j’ai été très contrarié pour la blessure, surtout de ne pas pouvoir courir à Misano. Je voulais me battre pour le championnat, peut-être jusqu’à la fin. mais malheureusement, la merde est arrivée. Maintenant, je suis davantage heureux car je suis de retour. Mais je suis particulièrement plus heureux en ce qui concerne ma vie, parce que après 25 jours, je peux déjà avoir une vie presque normale, je peux marcher et faire mes affaires. C’est tellement bon. »
Êtes-vous toujours content du nouveau châssis ?
« Pour moi, oui ! Nous sommes assez compétitifs, mais malheureusement, nous souffrons encore trop de la dégradation du pneu arrière. »
Quelle a été la douleur en course et quelle est la part de la dégradation du pneu arrière ?
« Je pense que si j’avais été en pleine forme, j’aurais pu arriver plus tôt au drapeau, quelques secondes plus tôt. Mais de toute façon, la deuxième moitié de la course est un problème pour nous. En ce moment, Ducati et Honda sont mieux. Nous devons travailler. »
Aujourd’hui, Marc a fait un grand pas vers le championnat…
« Un très grand pas. Il semble qu’après le test de Brno, ils aient beaucoup amélioré la performance, car Marc a gagné à Brno, perdu la course dans les derniers tours en Autriche, était très fort à Silverstone jusqu’à ce que le moteur soit en panne, a gagné à Misano sur le mouillé, et ici aussi. Je pense donc que c’est maintenant très difficile pour ses adversaires de viser le championnat. »
Après la course, Dani Pedrosa a dit qu’il n’était pas très content de la façon dont vous avez fermé la porte dans la ligne droite…
« Vous savez, si Pedrosa n’est pas très heureux, je pense qu’il n’a qu’à courir tout seul (rires). C’est ce que je pense. Car tout le monde fait la même chose avec moi quand je veux doubler, en particulier durant les derniers tours. Mais sincèrement, quand vous sortez du virage 14, vous allez toujours sur la gauche. Peut-être que c’était un mètre de plus, je ne sais pas. Peut-être que ces pilotes pensent que la piste leur appartient (rires) ! »
Comment vous sentez-vous maintenant ? Épuisé ou à peu près OK ?
« Avant tout, faire 23 tours est physiquement difficile, même si vous êtes très en forme. Donc j’ai un peu souffert dans les sept ou huit derniers tours, mais j’ai essayé de ne pas renoncer, car malheureusement, sur mon tableau de bord et également sur les écrans géants, j’ai vu que j’avais quatre gars derrière moi. Je me suis dit « Ah, si je renonce maintenant, j’arrive dixième ». Donc j’ai essayé au maximum d’obtenir le meilleur résultat, même si j’étais fatigué sur la fin. Mais sincèrement, comme je l’ai déjà dit, je n’ai jamais pensé que je pouvais arriver dans le top 5, et je me sens plutôt bien. »
Crédit photo : Akira Nishimura