Au soir de cette première journée d’essais du Grand Prix des Amériques, et malgré les petites réticences que nous avons déjà évoquées, nous n’avons pas pu nous empêcher de recueillir les propos d’Hervé Poncharal suite à la magnifique deuxième place de Johann Zarco.
Celui-ci, pourtant assailli par la presse internationale, a pris le temps de nous répondre et nous l’en remercions.
Hervé Poncharal : » J’ai l’impression de me répéter mais puisque vous me le demandez je vous le redis quand même : on vit un rêve éveillé ! Johann est extraordinaire ! Et on apprécie bien le côté extraordinaire et magique de la chose, car nous participons à la 27e saison de Tech3 en Grands Prix, et avant j’en faisais pour Honda France. On connaît donc la difficulté de performer régulièrement à ce niveau. Il y a les meilleurs pilotes du monde, des gars qui sont considérés comme des extraterrestres, des gars intouchables, des demi-dieux. Donc, oui, c’est un rêve éveillé car on ne s’y attendait pas. Au Qatar, on s’est dit que c’était un environnement magique, un moment particulier que l’on aura du mal à retrouver, même si Johann vous avait dit le contraire. Et bien non ! Chaque course, chaque journée, chaque séance d’essais, il est de plus en plus fort.
Si vous voulez, au Qatar il s’est passé ce qui s’est passé : il y avait un concours de circonstances, il avait fait un choix de pneus un peu plus tendres, les autres ne voulaient pas prendre de risques en début de course et de saison… Vous pouvez toujours trouver tout un tas de bémols. En Argentine, il a plus qu’assuré et rattrapé ce qu’on peut peut-être considérer comme une « boulette de jeunesse ». Et là, sur un circuit aussi technique et compliqué où d’habitude la Yamaha a du mal, lui et Vinales montrent que la moto marche ! Donc oui, c’est un peu un rêve. Mais je vous jure que l’on se pince ! Nous sommes tous heureux.
Il y a aussi une autre chose qui me fait un plaisir immense.
Vous me connaissez et vous savez que je suis un mec sentimental.
Bien sûr, j’aime le sport et j’aime la course, et c’est la base de
tout ici, mais j’aime aussi les relations humaines et les échanges
où tu ne fais pas que rouler un pilote, mais où tu vis aussi avec
des bonhommes qui ont leurs qualités et leurs défauts.
Et avec Johann, je ne savais pas trop comment ça allait se passer
et je vous l’avais déjà dit. Chez Ajo, il avait trouvé une famille.
J’en avais parlé avec lui à Indianapolis et il m’avait dit que
c’était tellement magique qu’il voulait le faire durer. Et quand
quelqu’un te dit ça, tu te dis « whouuu… est-ce que je vais
arriver à le rendre heureux ? « .
Et hier soir, et ce matin, il m’a dit des choses qui m’ont rendu
rendu heureux. Il m’a dit » j’étais bien là-bas, mais je suis
encore mieux ici « . Et j’adore cela car il aime vraiment
passer de bons moments avec nous. Rouler vite, c’est le truc
majeur, mais il y a aussi quelque chose, humainement parlant, qui
est terrible. C’est important pour nous et, franchement, en dehors
du pilote que l’on est en train de découvrir, qui est un pilote
sublime, on peut le dire, il y a aussi un homme du même niveau.
Quand je pense qu’il y a des gens qui disaient qu’il n’était pas très doué et n’était là que grâce à une capacité de travail hors du commun… Je peux dire que ce mec, il est ultra doué, il est surdoué ! Quand tu vois la vitesse à laquelle il apprend la MotoGP et les circuits… c’est un talent incroyable ! Mais ça ne s’arrête pas là et c’est un gars qui est hyper intelligent, il est cultivé, il a envie de tout apprendre et de tout comprendre, et pas seulement la MotoGP ou les circuits.
Bref, vivons actuellement un rêve merveilleux, et nous sommes impatients d’en connaître la suite, mais nous savons aussi qu’il y aura des moments plus difficiles dans lesquelles il faudra savoir se montrer solidaires. Nous le serons, car Johann le mérite amplement. Il me bluffe tous les jours. »