Champion du Monde Moto3 en 2014 avec trois victoires, Alex a eu besoin ensuite de temps pour s’habituer à la Moto2, avec la quatorzième place en 2015 et la treizième l’an dernier. C’est une progression normale, comme par exemple celles de Johann Zarco et de son coéquipier Franco Morbidelli. Sauf que quand on est le frère d’un diable jaillissant de sa boîte et remportant le titre dès sa deuxième année en Moto2, des comparaisons se font qui ne sont pas toujours favorables.
C’est avec ça qu’il faut qu’Alex Marquez vive, comme quand les journalistes qui l’interviewent lui parlent… de son frère. Né le 23 avril 1996, Alex est environ trois ans plus jeune que son aîné, né le 17 février 93 (d’où son numéro de course). Cet écart a été à peu près respecté sur le plan sportif, avec Marc Champion du Monde 125 en 2010, puis Alex en moto3 en 2014. Ensuite Marc a filé comme une flèche vers la gloire en MotoGP, avec le titre dès sa première saison, pendant qu’Alex mettait un peu plus de temps pour arriver à maturité.
Cette année, Alex effectue une brillante saison, avec déjà deux victoires, en Espagne à Jerez et Barcelone. Il a la vitesse, comme le prouvent ses six premières lignes en sept Grands Prix, dont deux pole positions également réalisées lors des deux Grands Prix espagnols. Il est actuellement troisième du Championnat avec 103 points, contre 123 à son équipier Morbidelli et 116 à l’expérimenté Tom Lüthi.
Alex joue le titre cette année contre son coéquipier, ce qui n’est pas d’après lui un avantage : « Si vous jouez contre quelqu’un de l’extérieur, il n’y a pas de rivalité directe. Si c’est au sein de la même équipe, vous devez rester calme par rapport à votre partenaire, le respecter. »
Pour les dépassements, « vous devez plus respecter votre partenaire. Au Qatar on nous l’a dit. Mais, connaissant ses forces et les faiblesses – et lui les vôtres – vous préférez quelqu’un de l’extérieur qui ne connaît pas vos points forts ni vous les siens.
« À l’heure actuelle, nous sommes très proches. Avec les pneus durs, quand vous devez glisser, il est un peu mieux. Quand il y a l’option la plus tendre, je vais un peu mieux moi-même. Ce sont des détails qui sont remarqués plus tard en course. Pendant les essais, nous sommes toujours au même niveau. Le côté psychologique est très important. Étant presque au même niveau, vous devez jouer vos cartes.
Moins de chutes, donc plus de confiance ?
« L’année dernière, le problème était que, dès que je gagnais en confiance, boum ! Par terre, encore une fois. Cette année, avec le châssis, les suspensions … tout … par tous les temps, je ressens mieux le train avant. Je me fais des frayeurs, mais je sais où est la limite.
Avez-vous pensé à un moment que la Moto2 n’était pas une catégorie pour vous ?
« Pas jusqu’à ce moment parce que j’allais vite. Je devais m’adapter un peu mieux à la moto. C’est une catégorie dans laquelle, même si vous ne vous y sentez pas à l’aise, vous devez continuer à pousser et à pousser pour savoir ce qui vous manque.
« La première année j’ai subi beaucoup de chattering. Maintenant, j’ai appris à le contrôler. En Moto3, si vous en aviez, vous faisiez quelque chose sur la moto et c’était réglé. À Moto2, ça vient du pilote. Vous avez du chattering ? C’est votre faute. Tout ce que vous avez appris en Moto3, en Moto2 c’est l’inverse. Pour le freinage, en Moto3 on m’a appris à le faire plus tard et plus fort. Mais en 2015 en Moto2 Tito (Rabat) rentrait en courbe presque sans freiner puis ralentissait à l’intérieur de la courbe. »
Bientôt la MotoGP ?
« Il y a une possibilité, mais je ne sais pas exactement. Je pense que même si je gagne le titre, ce sera 80% Moto2 et 20% MotoGP.
Ce serait avec Marc VDS en MotoGP ?
« Cela pourrait l’être. Cette possibilité existe, mais vous devez connaître le matériel, tout. Suite à cette année, que je commence à apprécier après deux très mauvaises années, permettez-moi de profiter d’une autre année.
« Je pense plus à l’étape suivante pour 2019. Tout le monde sera en fin de contrat et c’est là qu’il y aura plus de mouvements. Je n’ai plus beaucoup de choses à apprendre en Moto2. Si je vais en MotoGP et, si tout va bien, je vais me battre pour entrer dans le top 10. Les pilotes veulent gagner. Si je gagne deux titres, ça fera toujours deux titres que j’aurai. »
Photos : Marc VDS Racing + Alex Marquez perso
Source : Extraits d’une interview de Jaime Martin pour marca.com Unidad Editorial Información Deportiva