Il fut incontestablement l’un des meilleurs à la fin des
années 1990 et au début des années 2000. Alex Barros est de tous
nos souvenirs. Retour sur l’histoire d’un grand de ce sport, à la
longévité exceptionnelle.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le Brésil n’a jamais
été vecteur de grands talents motocyclistes. Bien évidemment, la
Formule 1 ne fut pas en reste, et Emerson
Fittipaldi, Nelson Piquet, Ayrton
Senna et Rubens Barrichello peuvent en
témoigner.
Quand il débarque en catégorie 80cc en 1986, Alex est une sorte
d’OVNI, qui doit mentir sur son âge tant il est jeune. À seulement
15 ans, il a déjà franchi tous les paliers nationaux, désormais
prêt à affronter le monde des grands. Ses débuts pour
Rieju puis Autisa, deux marques
aujourd’hui oubliées, sont pour le moins discrets.
Ce n’est qu’en 1989 que Barros se fait un nom, engagé par
Venemotos Yamaha (l’importateur Venezuelien,
partenaire de Johnny
Cecotto à l’époque), en catégorie 250cc. À la suite
d’une saison une nouvelle fois discrète pour ne pas dire ratée (18e
au général, quatre apparitions dans le top 10), «
Baixinho » choque la planète GP en passant
immédiatement en 500cc.
Cagiva, en grande difficulté, ne trouve personne pour
mettre au point la machine. Barros répond présent et devient ainsi,
à 20 ans à peine, le plus jeune pilote à s’élancer en catégorie
reine.
Doué, il dépasse toutes les attentes et parvient à se hisser dans
le top 5 à de nombreuses reprises, durant les trois années passées
chez les rouges. En 1992, il profite des chutes et
abandons pour monter sur le podium à Assen, un tour de force.
Le brésilien était loin d’être discret. Ainsi, il se fit engager par Suzuki pour la saison 1993, soit un top team jouant la gagne grâce au prodige Kevin Schwantz. L’opportunité est à double tranchant : Grâce à cette montée en puissance, il remporte sa première course à l’occasion du Grand Prix de la FIM à Jarama, loin devant son coéquipier …champion du monde.
La comparaison est douloureuse. Une fois de plus, Alex profita des
chutes de Luca Cadalora et John
Kocinski pour s’imposer, donnant raison aux
détracteurs, moins bruyants qu’à l’époque des réseaux sociaux
cependant.
À n’en pas douter, Alex est l’un des plus réguliers, très difficile
à doubler mais il lui manque ce petit plus pour faire la différence
le dimanche après-midi. Les pole positions font défaut; Il n’en
compte que quatre en carrière, soit plus de 15 années au plus haut
niveau.
Le jeune prodige a-t-il raté le coche ? En 1995,
il repasse chez Honda et change régulièrement d’équipe, se situant
de plus en plus vers le milieu de grille. Jusqu’à arriver sous
l’aile de Sito Pons.
Les deux hommes nouent un lien fort dès le début, qui donne
beaucoup de confiance à Alex, encore jeune. Ce goût d’inachevé
disparaît peu à peu lors de la saison 2000, quand il engrange ses
premières pole et deux nouvelles victoires. Alex termine quatrième
du championnat, avec plus de panache qu’auparavant.
La machine est lancée. Sur sa NSR500, il est un
candidat régulier à la victoire mais doit souvent céder sa place au
nouveau shérif en ville, Valentino Rossi. 2002 est sans doute sa
meilleure année. En début de saison, Pons est toujours équipé d’une
machine deux-temps, mais Barros « fait du Barros », soit des
apparitions régulières dans le top 5.
La RC-211V, première MotoGP Honda, ne lui est
délivrée qu’à Motegi, soit quatre courses avant la
clôture du championnat. C’est le déclic instantané. Barros inscrit
quatre podiums dont deux victoires, se présentant comme un candidat
sérieux au titre 2003.
Malheureusement, un passage anticipé chez Yamaha
Tech3 et des blessures en début de saison éteignent le feu
de paille. Il faudra attendre 2005 et un retour chez Pons pour
observer Barros à son meilleur nouveau. À 35 ans, il remporte le
Grand Prix du Portugal, acclamé par la foule.
Non content de sa performance globale, Alex à des envies
d’ailleurs. Il débourse près d’une centaine de milliers d’euros
pour se financer une saison en Superbike, chez Klaffi
Honda, sans grand succès malgré une victoire. Ainsi, il
est un des rares à avoir triomphé dans les deux catégories.
L’histoire aurait pu s’arrêter là. Mais Barros ne lâche pas comme
ça. Une offre de Pramac D’Antin en MotoGP ne se
refuse pas pour ce compétiteur hors pair. Sur une Ducati GP7, il
donne bonne impression en jouant à égalité avec Loris
Capirossi, officiel pour la firme italienne. Notre héros
se permet même de monter sur la boîte en Italie devant
Casey Stoner !
37 ans, c’est le bon âge pour la retraite.
Barros laisse un héritage immense et de nombreux
souvenirs. Encore aujourd’hui, il est fréquemment cité comme
référence par des pilotes MotoGP, à l’image de Pol
Espargaró, qui lui voue un grand respect. Avant Rossi, il
était le détenteur de la majorité des records de longévité, ne
l’oublions pas. Merci pour tout M. Barros.
Photo de couverture : dog4aday