Cette conférence de presse tenue à l’issue du Grand Prix de Thaïlande réunissait Marc Márquez (voir ici), Andrea Dovizioso et Maverick Vinales.
Comme à notre habitude, nous reportons ici les propos bruts de Andrea Dovizioso, sans la moindre interprétation journalistique.
Andrea Dovizioso : « cela s’est passé un peu mieux que cela à quoi nous nous attendions car, oui, la vitesse était là, avec une bonne adhérence. Dans ce genre de course, et sur ce genre de pistes, la consommation est très élevée et aujourd’hui ça l’était encore plus qu’à Aragon, et dans le passé nous ne pouvions pas finir la course en essayant de faire un podium ou de nous battre pour la victoire. Donc je pense que nous avons fait un autre grand pas en avant, plus grand qu’à Aragon. Ce que nous avons compris à Aragon a fonctionné ici et c’est l’une des raisons pour laquelle nous nous sommes battus jusqu’au dernier virage avec Marc. Car nous avons travaillé d’une bonne façon durant tout le week-end et mon feeling s’est amélioré depuis le set up. Mais nous avons aussi travaillé sur différentes autres choses et cela a été bon pour les pneus. J’ai été en mesure de… peiner jusqu’à la fin (sourire), mais sans être dans une situation complètement différente de celles de Marc, contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres courses. Donc bien sûr, c’est mauvais de perdre la victoire dans le dernier virage, mais le championnat est presque terminé et nous ne nous battons plus pour cela : nous nous battons pour essayer de faire les meilleurs résultats possibles et développer la moto pour l’année prochaine. Je suis donc très heureux qu’il reste 4 courses pour continuer à travailler et essayer de progresser un peu, car nous en avons besoin si nous voulons vraiment nous battre pour le championnat l’année prochaine ».
Votre bagarre avec Marc était splendide mais on a vu aussi après la course qu’il y avait aussi beaucoup de respect. Pouvez-vous nous en dire plus ?
« Oui, ce n’est pas facile car nous sommes à la limite et il est facile de commettre une erreur ou d’être plus agressif que ce que vous devez être. Mais j’ai toujours essayé de faire ça durant ma carrière, et c’est arrivé avec Marc et aussi avec la plupart des pilotes car je ne suis pas le genre de pilote qui crée des problèmes. Oui, je peux être agressif, mais pas trop. Et c’est bien quand la course est comme ça : beaucoup de dépassements mais en restant du côté sûr (de la limite). Je suis donc heureux… si ça continue comme ça (rires) ».
Vous dîtes que vous avez rencontré des problèmes de consommation. Pouvez-vous nous expliquer ?
« Pour essayer d’améliorer cela, vous devez travailler sur les réglages, sur l’électronique, comme tout le monde. Ce n’est pas facile de trouver quelque chose de mieux et nous travaillons sur les détails, et nous essayons de comprendre. Quand vous faites la course avec d’autres pilotes, vous pouvez avoir des retours importants, et si vous vous expliquez de la bonne façon aux ingénieurs, c’est la manière d’essayer de régler quelque chose. C’est toujours très difficile mais c’est ce que tout le monde fait, et c’est ce que je pense que nous faisons bien ».
Pensez-vous que vos bagarres atteignent en ce moment le niveau des classiques avec Rainey et Schwantz. Et dans ce cas, qui est Rainey et qui est Schwantz ?
« Je suis d’accord avec Marc. Je pense cela arrive aussi
car nos styles de pilotage sont complètement différents. Mais les
styles sont une chose, et les caractéristiques des motos sont une
autre histoire. Je veux dire que les 2 choses créent ces grandes
différences. Je pense que son style va dans le même sens que la
Honda : très agile et agressif. Il est capable de faire cela et il
est très bon, le meilleur, pour gérer cela. Mais même s’il a
beaucoup changé son style durant ces années en MotoGP, sa moto et
son style continuent à aller dans la même direction. Mon style est
un peu plus relax, mais vous devez piloter notre moto de cette
façon : vous ne pouvez pas piloter la Ducati comme lui, tout comme
je ne pourrais pas piloter la Honda comme je le fais. Je pense que
les 2 éléments créent cette grande différence, et la bagarre
devient bien car son approche des freinages et ses trajectoires
sont complètement différentes des miennes. Nous essayons d’étudier
et d’apprendre, j’essaie d’être meilleur là où il est meilleur, et
vice versa, mais il reste une grande différence de styles et dans
les caractéristiques des motos.
Bien sûr, (je ressemble plus à) Rainey. Pas Kevin
(rires) ».
La bagarre dans le dernier virage vous a-t-elle rappelé l’Autriche l’année dernière ?
« Malheureusement, je n’ai pas utilisé une stratégie parfaite car je ne connaissais pas les points positifs et négatifs de Marc, puisque j’étais toujours devant lui. Quand il m’a doublé au virage 5, j’ai essayé de répliquer immédiatement car je pensais que je n’aurais aucune chance de répliquer dans le dernier virage. C’est pourquoi j’ai essayé cela. Mais cela n’a pas fonctionné car j’ai perdu du temps dans le virage 6, et j’ai réalisé dans le virage 10 qu’il avait des problèmes avec son pneu. Je ne le savais pas. J’ai pu remonter quelques mètres, mais pas assez pour être suffisamment proche pour le passer au dernier freinage. Donc, dire que j’ai utilisé une mauvaise stratégie est excessif, mais c’est ce qui s’est passé. Si je n’avais pas essayé au virage 5, j’aurais pu essayer d’une façon différente dans le dernier virage. Avec Marc, vous ne savez jamais comment cela va se terminer (sourires) mais j’étais trop loin pour faire un vraiment bon freinage et le passer. Donc j’étais trop long. Dès que j’ai commencé à freiner, j’ai immédiatement réalisé qu’il était impossible de m’arrêter. J’espérais que Marc élargisse avec moi, mais il a pu freiner sa moto un peu mieux que moi ».
Qu’avez-vous le plus aimé en Thaïlande : le pays, les gens ? Et y a-t-il des choses améliorer sur le circuit pour les prochaines années ?
« La piste n’est pas la meilleure de notre championnat mais au final cela fonctionne bien. C’est bon de voir le soutien des fans car, comme Marc l’a expliqué avant, en Europe les fans devraient apprendre des fans thaïlandais. Car c’est sympa de voir un fan qui porte un T-shirt qui peut être rouge, jaune ou de n’importe quelles couleurs, soutenir tout le monde et ne pas râler au sujet de certains. Je pense c’est la chose la plus importante, et que les Européens ont oublié ».
Durant tout le week-end, on a parlé des pneus et de la température élevée. À quel point avez-vous dû gérer les pneus pendant la course ?
« Nous avons assurément dû beaucoup économiser le pneu avec l’électronique et avec le style de pilotage. Et sur la fin, nous avons terminé le pneu. Nous nous sommes bagarrés pendant les 5 derniers tours mais sans aucune adhérence. Mais nous savons que c’est comme cela ».
Vous avez déjà terminé second et votre attitude était complètement différente de celle d’aujourd’hui. Aujourd’hui, on dirait que vous avez gagné la course. Pourquoi cela ?
« C’est facile et je l’ai déjà expliqué. Il y a toujours une raison technique pour expliquer le résultat et ce que nous faisons. Quand nous sommes arrivés ici, tout le monde, et les médias, ont dit que c’était un tracé comme en Autriche. Je pense que ceux qui ont dit ça ne connaissent pas grand-chose à propos des circuits et je n’ai pas vu beaucoup de Ducati devant. Je pense que nous travaillons très bien et que nous progressons beaucoup, et cela se confirme puisque nous nous battons pour la victoire. Mais je pense que nous faisons quelque chose de spécial avec notre groupe car nous travaillons sur les petits détails et cela affecte beaucoup les courses puisque depuis Brno jusqu’à maintenant, nous nous sommes battus pour la victoire à chaque manche. C’est la réalité. Et quand vous êtes sur une piste où la consommation est très élevée, dans le passé nous ne pouvions pas nous battre pour le podium. Maintenant, nous mettons Marc dans une situation difficile, donc je pense que le pas en avant est énorme. C’est la réalité, de la façon dont je vois ce qui se passe. Si quelqu’un d’autre voit ça différemment, ce n’est pas mon problème ».
Grand Prix de Thaïlande MotoGP Classement de la course :
Crédit photos et classement: MotoGP.com