Andrea Dovizioso a suffisamment d’expérience et de recul pour se rendre compte que sa présence en MotoGP au vu de ses résultats est devenue une anomalie sportive. En arrivant sur ses terres italiennes, pour un Grand Prix national à accomplir sur un tracé du Mugello qu’il a conquis en 2017, sa situation lui pose maintenant un vrai cas de conscience qui semble être la dernière étape avant le jet de l’éponge…
Dernièrement, Andrea Dovizioso avait reconnu qu’il n’arrivait décidément pas à changer de logiciel en termes de pilotage pour s’adapter à sa Yamaha. Une « puce électronique », selon ses termes, estampillée Ducati, machine qu’il a pourtant souvent critiquée du temps de sa splendeur, en des termes qui laissaient alors à penser qu’il regrettait l’agilité de la Yamaha… Cette M1 est sienne à présent, mais le rejet de la greffe est violent.
Le bilan est sans appel : il compte un total de douze week-ends de course et de tests hivernaux sur la machine d’Iwata, ce qui semble tout de même assez pour y trouver ses marques pour un ancien triple vice-champion du monde, même sur Ducati. Or, après sept courses de la saison 2022, celui qui a aussi remporté 15 Grands Prix revendique seulement huit points avec la M1 spécification usine, au sein de l’équipe satellite RNF. Il est 20è au championnat.
En arrivant en Toscane, Andrea Dovizioso n’en est plus à ressasser ses difficultés à entrer en communication avec sa moto, à échafauder des plans sur comment adapter son style de pilotage ou trouver une solution technique. A l’écouter, il est arrivé au stade de se demander ce qu’il fait là… Le pilote de 36 ans, doyen de la grille de départ dit ainsi sur Speedweek : « cela m’énerve un peu, parce qu’en fin de compte, nous sommes dans une position privilégiée, parce que nous sommes autorisés à vivre ces choses : tout ce qui se passe, la moto que vous pilotez et tout ce que les gens font pour vous… C’est un privilège et j’en suis conscient ».
Andrea Dovizioso : « je suis aussi désolé pour toutes les personnes qui travaillent avec moi«
« Le fait est que tout dépend de votre vitesse et de votre capacité à être compétitif pendant que vous roulez », a poursuivi Dovi. « Si vous ne pouvez pas faire cela, vous essayez de rechercher les belles choses – qui sont vraiment belles – mais vous ne les vivez pas de cette façon. C’est une chose qui me dérange vraiment. Si seulement je pouvais en profiter, même sans résultat… Mais ce n’est pas le cas. Ce n’est pas gentil. Quand on a l’habitude d’être devant, c’est dur », a admis l’Italien. « Quand tu pilotes à ce niveau, dans la catégorie la plus élevée, tu ne dis pas : ‘D’accord, vivons du bon côté.’ » »
Chez lui à Forlì, le champion du monde 125cc de 2004 est un homme très heureux. « Je suis très heureux de ma vie », a-t-il souligné. « Mais c’est difficile les week-ends de course… Je suis aussi désolé pour toutes les personnes qui travaillent avec moi. Quand les choses ne vont pas bien, cela les affecte aussi. J’en suis vraiment désolé ». On dirait presque un discours de pot de départ.
